Bourgoin-Jallieu veut punir les absences des fonctionnaires

Alors qu'Emmanuel Macron a déclenché une nouvelle polémique mardi en se disant favorable à "accroître la part de mérite" dans la rémunération des fonctionnaires, à Bourgoin-Jallieu une réforme des ressources humaines prévoit une baisse des primes en cas d'arrêts maladies trop fréquents. 

La mairie de Bourgoin est au bord de la guerre de tranchées entre élus et agents territoriaux. En cause, la réforme des ressources humaines, qui impose des baisses ou des suppression de primes et de congés, et surtout une baisse des primes en cas d'arrêts maladies.

Un choc pour la CGT, qui a claqué la porte des négociations... 

Les 505 agents territoriaux de la mairie de Bourgoin sont concernés par une vaste réforme des Ressources Humaines.  

Les syndicats dénoncent surtout la réforme des arrêts maladies, car la mairie voudrait diminuer les régimes indemnitaires, c'est-à-dire une partie du salaire, en cas d'absence pour maladie. Concrètement, un agent toucherait 150 € de moins s'il est absent plusieurs fois par mois, une cinquantaine d'euros en moins dès le premier arrêt. 

Pour la mairie, qui prépare ce projet depuis plusieurs mois, tous les budgets sont en diminution, à cause entre autres des baisses des dotations de l'état. Deux millions d'euros en moins sur quatre ans. L'objectif est aussi de lutter contre les absences.

La CGT se prépare à un recours devant le tribunal administratif et à d'autres actions. Le projet va être présenté dans les jours qui viennent aux fonctionnaires concernés.

Reportage Renaud Gardette, Vincent Habran, Pierre Maillard:

Intervenants: Alexia Charreton, secrétaire générale CGT Bourgoin-Jallieu; Vincent Chriqui, maire (LR) de Bourgoin-Jallieu

Emmanuel Macron séduit par la prime au mérite


Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a déclenché une nouvelle polémique mardi en se disant favorable à "accroître la part de mérite" dans la rémunération des fonctionnaires, tout en admettant que la performance dans le secteur public ne peut pas être mesurée comme dans le privé.

"Je pense qu'il faut accroître la part de mérite, la part d'évaluation, dans la rémunération de la fonction publique", a affirmé le ministre sur Europe 1, tout en soulignant qu'il s'agissait "d'une conviction personnelle".

Emmanuel Macron réagissait au lancement d'une expérimentation sur le salaire au mérite dans la ville de Suresnes (Hauts-de-Seine), en région parisienne. "La performance, quand on est fonctionnaire, ne se mesure pas forcément comme dans une entreprise", a-t-il nuancé, sans s'éviter les réactions inquiètes des syndicats quelques heures plus tard.

"Faut-il rémunérer les ministres en fonction de leur mérite?", a ironisé le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, sur son compte Twitter, avant d'estimer sur Europe 1, qu'il est "dangereux" d'intégrer des critères de gestion privée dans la fonction publique.



Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s'est déclaré lui opposé "à l'individualisation des traitements des fonctionnaires". "Par contre, nous souhaitons qu'il y ait un déroulement de carrière", a-t-il ajouté sur Europe 1. "Ce n'est pas une question de mérite, c'est une question d'évaluation professionnelle".

L'Unsa Fonction Publique et l'Uffa-CFDT ont mis en garde contre une tentative de "renouer avec la politique du chiffre" et les risques d'une "individualisation irraisonnée". "Il faut qu'il (M. Macron) sache que le système du mérite existe pour avancer la carrière", a expliqué la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, interrogée sur BFM.

Des systèmes de bonification d'ancienneté et une indemnité de fonctions, de sujétions et d'expertise (IFSE) sont en effet déjà en place pour récompenser l'engagement des fonctionnaires.

L'IFSE avait remplacé en mai 2014 la Prime de fonctions et de résultats (PFR), créée en 2008 sous Nicolas Sarkozy et décriée par la gauche.

Mme Lebranchu s'est dite "favorable" à la rémunération au mérite, "à une condition, c'est qu'il y ait des discussions avec les organisations syndicales".

"Il faut faire attention à ne pas présenter cela comme une sorte de chiffon rouge, en disant: +Ah, vous allez voir, les fonctionnaires, vous allez être payés au mérite+", a-t-elle prévenu.

"Un sujet qu'il ne connaît pas"


Selon la porte-parole des députés PS, Annick Lepetit, "Emmanuel Macron s'est exprimé sur un sujet qu'il ne connaît pas, il donne son opinion personnelle" et "on s'en fiche". "Il faut plutôt suivre la piste de Marylise Lebranchu" et ainsi "la prime au mérite ne pourrait se faire que dans un certain cadre", a-t-elle ajouté.

Pour André Chassaigne, chef de file des députés Front de gauche, M. Macron est "un libéral provisoirement habillé d'oripeaux socialistes", qui "veut que la fonction publique fonctionne comme le privé".

Christian Jacob, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, a qualifié l'idée de M. Macron de "réchauffée et de droite".

Il a également dénoncé un problème de cohérence gouvernementale "avec le ministre de l'Économie qui intervient sur la Fonction publique" et "la ministre de la Fonction publique qui découvre les déclarations de son collègue en direct à la radio".

À la mi-septembre, Emmanuel Macron avait suscité une première polémique sur les fonctionnaires au sein du PS, pour des propos tenus en petit comité lors d'un débat. Il avait alors jugé que le statut de fonctionnaire n'était "plus justifiable".

"Je n'ai jamais dit que j'étais contre les fonctionnaires", s'est justifié mardi le ministre, "j'ai dit qu'il me semblait important de réfléchir à la modernisation du cadre".

Ses déclarations de septembre avaient suscité de vives réactions au sein du PS. La maire de Lille, Martine Aubry, avait tiré à boulets rouges sur Emmanuel Macron, non membre du PS et choisi en août 2014 par le président François Hollande en partie pour son profil atypique d'ancien banquier d'affaires.

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