Benoît Réant, boucher à Aime-la-Plagne, a été sélectionné en équipe de France de boucherie pour participer à la Coupe du monde de sa spécialité à partir du 2 septembre aux Etats-Unis. Une première sélection pour le Savoyard qui espère promouvoir sa profession en manque de main-d'œuvre.
Derrière leur comptoir, ils sont six bouchers français à caresser dans un coin de leur tête un rêve d'Amérique. Celui de remporter, en septembre, la coupe du monde de leur spécialité aux Etats-Unis : le World butchers' challenge. Quatre membres de l'équipe de France exercent leur profession en Auvergne-Rhône-Alpes. Un premier record avant l'heure de la compétition officielle qui débutera les 2 et 3 septembre.
"Le 28 août, ma boutique fermera en fin d'après-midi. Départ immédiat pour Sacramento !" De sa boucherie d'Aime-la-Plagne (Savoie), dont il est le patron depuis bientôt 2 ans et demi, Benoît Réant voit déjà s'ouvrir devant lui les portes de la gigantesque arène du Golden 1 Center, le stade de NBA des basketteurs de Sacramento, les Kings. Des rois et leur couronne sur laquelle Benoît, sélectionné pour la première fois en équipe de France, ne fait pas une "fixette".
"Les bons bouchers se font rares"
"Avoir été sélectionné par Joël Lucas, le capitaine lyonnais de l'équipe de France, aux côtés de quatre MOF (meilleurs ouvriers de France, NDLR) , c'est vrai que ce n'est pas rien. C'est déjà un beau défi personnel. Mais je participe d'abord pour promouvoir la profession. Car les bons bouchers se font rares. Et c'est un métier où l'on manque aussi de main-d'œuvre", remarque Benoît Réant.
Modeste, le boucher savoyard. Même lorsqu'une question lui est adressée par un client de l'autre côté de son étale à propos de son voyage prochain au pays de la pièce de bœuf "T-bone", Benoît ne s'enflamme pas. "C'est d'abord l'amour du métier qui m'a poussé, ces trois dernières années, à monter tous les 15 jours à Paris pour m'entraîner avec le reste de l'équipe. Ce ne sont ni des rêves de gloire ni l'espoir de retombées commerciales. Depuis deux ans et demi que j'ai ouvert ma boucherie gourmande ici, les gens n'ont pas besoin d'un titre de champion du monde pour venir dans me voir", estime-t-il.
Une équipe de France affûtée… autant qu'à l'affût
Reste qu'accrocher un maillot de champion du monde frappé de deux étoiles serait tout de même du plus bel effet dans sa boutique de Tarentaise. Comme dans celles des trois autres bouchers de la région Auvergne-Rhône-Alpes également sélectionnés en équipe de France.
Outre son Lyonnais de capitaine déjà cité, Benoît fera équipe avec Mickaël Chabanon, boucher au Puy-en-Velay (Haute-Loire) et Gaëtan Genestoux qui officie à Le Cendre (Puy-de-Dôme).
Pour tous, le défi américain tient en trois chiffres, pas davantage. En coupe de monde de boucherie, pas de schémas tactiques en 4-4-2 ou de 4-2-4 comme au football, mais plutôt un bon vieux 1-3-4. Une seule épreuve en 3h15 de temps. Et avec quatre couteaux en main : deux désosseurs, un éplucheur et un trancheur.
Fortes de ces outils et de leurs compétences, les équipes doivent dresser une table de viande XXL de plus de 7 mètres de long à partir de carcasses d’une demie-vache, d’un demi-porc, d’un agneau et de cinq volailles. "Un exercice à la fois physique et technique qui demande une parfaite coordination entre chaque membre de l’équipe ainsi qu'une grande créativité dans la présentation", rappelle la Confédération française des boucheries charcuteries traiteurs (CFBCT) qui soutient l'équipe de France.
Une deuxième étoile à aller chercher
Le tout sous l'œil de juges, évidemment professionnels de la boucherie, envoyés par les 14 nations participantes. Et parmi les arbitres australiens, néo-zélandais - c'est par une compétition entre les bouchers de ces deux pays qu'est né le World butchers' challenge -, brésiliens ou canadiens, encore un régional d'Auvergne-Rhône-Alpes en ce qui concerne le juge tricolore. Il s'agit de Fabien Michel, installé à Eybens, en Isère. Un habitué des jurys, anglo-saxons en particulier, car le boucher isérois a effectué une partie de sa carrière en Australie.
Rien que du beau monde pour rivaliser avec nos Bleus. Sacrés champions du monde lors de leur toute première participation en 2016, sur la Gold Coast en Australie, ils sont aussi les tenants du titre de la coupe d'Europe. Alors, pourquoi ne pas rêver à une deuxième étoile ?
Les adversaires des Bleus à Sacramento les 2 et 3 septembre
L'Irlande (champions en titre du World butchers' challenge de 2018), la Nouvelle-Zélande (médaille d'argent 2018), l'Australie (médaille de bronze 2018), le Brésil, la Bulgarie, le Canada, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Islande, l'Italie, l'Afrique du Sud, les Etats-Unis, le Pays de Galles et le Portugal.