Aurillac : un exploitant forestier condamné à deux ans de prison ferme pour traite d'êtres humains

Le tribunal correctionnel d'Aurillac a condamné jeudi soir un Franco-Marocain de 45 ans à trois ans de prison, dont un an de sursis, pour avoir séquestré, extorqué et réduit quasiment en esclavage deux jeune hommes venus de son village natal. 

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L'affaire remonte au printemps et à l'été 2014. Un exploitant forestier franco-marocain fait venir deux jeunes hommes du Maroc, désireux de travailler en France, moyennant la somme de 7.000 euros chacun. Mais à leur arrivée dans le Cantal, les deux jeunes, âgés de 21 et 22 ans, se voient confisquer leur passeport.

A la barre, avec l'assistance d'un interprète, ils affirment avoir travaillé 10 heures par jour à l'arrachage de la gentiane, tous les jours de la semaine, sans être payés pendant un mois. Le salaire viré sur leur compte est immédiatement reversé à leur employeur. Logés dans des conditions indignes dans un studio à Aurillac, les deux jeunes travailleurs dorment sur des matelas à même le sol.

"On leur avait promis le paradis, ils sont en plein enfer", affirme Me Pierre Méral. "Quand ils ont essayé de se rebeller par rapport à cette situation, ça a été encore, ils ont fait l'objet de violences, de menaces, d'un enlèvement, d'une extorsion puisqu'on les a fait signer des documents blancs pour essayer de couvrir ses arrières (de la part de leur employeur), donc un vrai calvaire...", poursuit l'avocat des deux victimes.

"Ils ne voulaient pas travailler..."


Une version niée par l'exploitant forestier. "Ils ne voulaient pas travailler. Il fallait bien quand même qu'ils me remboursent les frais d'avion, d'immigration
et les charges de l'appartement
", s'est emporté le prévenu. 

Après un signalement de l'hôpital d'Aurillac où les victimes se plaignent lors d'une consultation, une enquête est ouverte en août par les gendarmes. Un autre signalement émanant de proches de l'une des familles marocaines alerte aussi les enquêteurs.

Mais en septembre, les prévenus emmènent les deux jeunes au Maroc pour récupérer une partie des 7.000 euros qui n'avait pas encore été réunis par la famille de l'une des victimes. Sur le trajet, en Espagne, l'un d'eux réussit à s'enfuir tandis que son compagnon d'infortune est finalement relâché. L'un des deux Marocains reviendra ensuite porter plainte à Aurillac.

Le père et son fils ont été interpellés en décembre. Les passeports confisqués, de même que des documents vierges (que les victimes avaient été obligées de signer sous la menace d'un couteau) ont été retrouvés à leurs domiciles. Des véhicules, des téléphones et une corde ayant probablement servi lors de la séquestration, ont également été saisis.

"Coupable d'avoir organisé une filière pour exploiter ces jeunes..."


Lors de l'audience, les deux victimes ont confié "vivre désormais dans la peur". "Le père est coupable d'avoir organisé une filière pour exploiter ces jeunes et
profiter financièrement de leur faiblesse
", s'est insurgé le substitut du procureur, Marc Rous. "Il faut qu'un salarié arrache 180 kilos de gentiane chaque jour pour que ça soit rentable. C'est énorme comme travail. Plus personne ne veut le faire", a-t-il précisé pour souligner la dureté de la tâche.

De son côté, l'avocat de l'exploitant forestier a insisté sur les "insuffisances de la procédure". "Hormis les déclarations des salariés, nous n'avons aucun élément matériel", a dit Me Laurent Lafon.

Le prévenu a été condamné jeudi à trois ans de prison, dont un an de sursis avec mise à l'épreuve pendant deux ans, pour traite d'êtres humains. L'exploitant forestier, qui comparaissait libre sous contrôle judiciaire, a été immédiatement incarcéré.

Dans cette affaire, le fils du quadragénaire comparaissait également pour complicité d'enlèvement et d'extorsion avec violence. Devant le tribunal correctionnel, il a expliqué qu'il n'était qu'un spectateur exécutant. Face à son père, il dit avoir agi "par loyauté".  Il a été condamné pour sa part à un an de prison avec sursis. Les deux hommes ont 10 jours pour faire appel.
Reportage de Christophe Jouvante et Olivier Martinet. Intervenants : Me Pierre Méral, avocat des victimes ; Me Laurent Lafon, avocat de l'exploitant forestier



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