Comment vivre dans une maison résiliente et autonome

Si vous vous lancez dans la rénovation d’une maison, vous vous préoccupez peut-être de créer une maison résiliente et plus autonome. Des considérations écologiques peuvent vous pousser à réduire votre impact. Nous avons interrogé l’auteur d’un ouvrage sur cette question. Il nous livre quelques conseils.

Si vous souhaitez rénover votre maison, vous vous souciez peut-être de réduire votre impact écologique. Un ouvrage peut vous permettre de franchir le pas. « La maison résiliente : pistes, astuces et partage de savoir-faire pour un habitat autonome » est un livre qui vient de paraître aux éditions Terran. Didier Flipo, l’un des auteurs, a quitté sa carrière dans les jeux vidéo pour revenir dans son Cantal natal. Il s’est alors formé au maraîchage bio, tout en rénovant une vieille maison de campagne. Il partage ses compétences sur la chaîne YouTube « Mon potager plaisir » depuis 2016. Le second auteur, Rémi Richart, est passé de l’informatique à l’installation d’énergies renouvelables. Il a alors rénové une fermette pour la transformer en îlot résilient. Actuellement, il propose des diagnostics de résilience pour des personnes qui veulent rendre leur maison plus autonome.

Un livre conçu comme un guide

L’objectif principal de l’ouvrage est de guider pas à pas le lecteur dans un projet de rénovation ou de construction écologique et autonome en milieu rural. « On voulait faire le livre qu’on espérait trouver depuis une dizaine d’années. Avec le coauteur Rémi Richart, on a commencé à rénover nos maisons il y a environ douze ans, avec un objectif de meilleure autonomie et une plus grande résilience. On trouvait pas mal de livres qui parlaient d’un sujet ou de l’autre en particulier mais à chaque fois ils restaient trop spécifiques sur le sujet » explique Didier Flipo.

"Les ressources naturelles s’amenuisent"

L’auteur définit ce qu’est une maison résiliente et autonome : « Une maison autonome est une maison dans laquelle on est relativement indépendant des réseaux au sens large, d’électricité, d’eau, de traitement des eaux mais aussi des fournitures d’énergie comme le chauffage. Une maison résiliente est capable de s’adapter à des perturbations sur ces différents réseaux. On est conscients que les ressources naturelles s’amenuisent, que l’économie dans laquelle on vit est relativement fragile. Avec un petit caillou dans l’engrenage, beaucoup de choses pourraient moins bien fonctionner ».

"On a besoin d’avoir un plan B"

Le livre part du constat que notre empreinte écologique a depuis longtemps dépassé la capacité de notre planète. Didier Flipo souligne : « La théorie de l’effondrement est plutôt caricaturale. Je crois plus aux risques d’effondrement de certaines parties de notre système économique et à un effondrement plus progressif, pas comme dans les films catastrophe. Il y a de plus en plus de coupures d’eau en cas de sécheresse. On a besoin d’avoir un plan B, au cas où. L’effondrement a déjà commencé dans certaines domaines, notamment sur le plan écologique et cela a des impacts sur notre mode de vie ».

La taille du terrain

Pour l’auteur, il faut d’abord se poser la question du choix de la maison et du terrain. Didier Flipo recommande entre 1 000 et 2 000 m² de terrain pour être autonome, en envisageant d’avoir un potager : « C’est vraiment un chiffre qui est à relativiser selon la région dans laquelle on est, selon la qualité de la terre, selon les compétences de chacun. Ça donne un petit ordre d’idée de la surface dont on peut avoir besoin ». L’objectif est d’avoir une maison bioclimatique : « C’est une maison qui est conçue pour beaucoup mieux utiliser les bénéfices d’un climat donné. L’objectif est de moins souffrir des aspects négatifs de ce climat. Ça va être une maison qui va mieux profiter des rayonnements solaires en hiver, pour pouvoir bénéficier de la chaleur du soleil, en hiver. Mais elle va beaucoup moins souffrir en été, avec des ouvertures intelligemment placées, sur les bonnes façades, avec des protections ».

Penser à l'isolation

Didier Flipo rappelle l’importance d’une bonne isolation : « L’isolation est fondamentale. Pour dépenser beaucoup moins en chauffage, il faut d’abord bien isoler sa maison. C’est la première chose à faire. Cela ne consiste pas à juste se dire qu’on a des gros murs en pierre dans sa maison, car la pierre n’est pas un isolant. Elle va apporter de l’inertie donc on aura une maison qui va mettre plus longtemps à se refroidir en début d’hiver mais une fois qu’elle sera froide, elle sera vraiment froide. Il faut apporter des isolants et réfléchir à leur usage intelligent. Est-ce qu’on va isoler par l’extérieur ou par l’intérieur ? Il n’y a pas de réponse toute faite parce que ça va dépendre du mode de vie de chacun mais aussi des moyens financiers. Il y a énormément de paramètres à prendre en compte ».

Une "comfort room"

A l’image d’une panic room, l’auteur évoque la possibilité de créer une « comfort room » : « L’idée est de créer une petite pièce spécifique, à l’intérieur de la maison, en cas d’hiver très rude, si on n’a pas assez de chauffage à fournir pour la maison. Cela consisterait à se replier dans cette petite pièce. Il y aurait tout le nécessaire pour pouvoir vivre relativement confortablement pendant quelques semaines, voire deux à trois mois. Cette pièce permettrait de dépenser dix fois moins de chauffage que pour l’ensemble de la maison, pour passer un hiver agréable sans devoir chauffer l’ensemble de la maison ».

Récupérer l'eau de pluie

Pour le maraîcher bio, il faut se poser la question de la récupération de l’eau de pluie : « A part certaines maisons exceptionnelles, où on a la chance d’avoir un petit ruisseau jamais à sec ou un puits jamais à sec non plus, il n’y a pas trop de solutions. Récupérer son eau de pluie est une ressource qui pourrait être la plus importante ressource en eau. C’est relativement facile à collecter, à stocker, à traiter. C’est la solution joker qui pourra convenir à tout le monde ».

Poser des panneaux solaires

Il aborde le sujet de la production d’électricité : « L’idée est d’être autonome de tout réseau électrique dans un premier temps. On recommande aussi de mettre en place ce qu’il faut pour être capable, le jour où le réseau électrique n’assure pas, d’avoir sa propre électricité. Le plus souvent, cela va consister à mettre des panneaux solaires et cela reste la solution avec le meilleur rapport qualité prix. Cela peut aussi être une éolienne ou une microcentrale hydroélectrique ».

La question du chauffage

L’auteur recommande le mode de chauffage au bois : « Le bois brut, sous forme de buches, est à privilégier, pas sous forme de granulés. On le voit, quand il y a des périodes un peu tendues certains hivers, les prix des granulés montent en flèche et on a parfois du mal à s’en procurer. L’idée est bien de devenir autonome car avec les granulés, on reste prisonnier d’un fournisseur ». Didier Flipo explique que, contrairement à la tendance actuelle, la pompe à chaleur n’est pas une bonne idée : « Techniquement c’est très fragile. Cela tombera beaucoup plus facilement en panne qu’un poêle à bois et le rendement n’est pas forcément exceptionnel. Quand on est dans des conditions d’un hiver un peu doux, cela ne se passe pas trop mal, mais dès qu’on arrive dans des hivers beaucoup plus rudes, la consommation d’électricité grimpe en flèche. Dans ces cas-là, il n’y a pas beaucoup d’installations photovoltaïques qui nous permettraient d’avoir beaucoup d’autonomie pour faire tourner une telle pompe à chaleur ».

L'idée d'un frigo naturel

Le Cantalien insiste sur l’importance de la conservation et parle d’un frigo naturel à mettre chez soi : « Un frigo naturel est tout simplement l’idée de profiter du fait qu’en hiver, en extérieur, il fait froid. Dans une maison dite normale, on chauffe la maison et on refroidit l’intérieur du frigo. Cela fait travailler deux fois des appareils qui ont des objectifs complètement opposés, ce qui est un peu aberrant. Avec un frigo naturel, placé dans un mur au nord de la maison, on a une zone ventilée sur l’extérieur, pour faire rentrer directement l’air froid. Cet air va entretenir le frigo à la température qu’on souhaite ». Il aborde la question d’outils comme le four solaire, et le lave-linge à pédales : « Dans l’esprit d’être plus attaché à la résilience qu’à l’autonomie, ce sont des outils qu’on a fabriqués et qu’on utilise de temps en temps, plus pour s’amuser qu’autre chose. Mais ce ne sont pas des outils qu’on utilise au quotidien car tant qu’on est raccordé à des réseaux électriques ou à des réseaux d’eau, on a plus intérêt à utiliser cette eau et cette électricité faciles et pas chères, pour passer du temps pour améliorer la résilience de sa maison, continuer les travaux. Si on voulait les utiliser au quotidien, cela prendrait beaucoup plus de temps ».

"Il y en a pour tous les niveaux"

Il conclut : « Au-delà du niveau en bricolage, il faut se demander où on en est dans nos démarches de vouloir devenir plus autonome et plus résilient. Ce livre est à la fois pour les gens qui commencent tout juste à réfléchir sur le lieu à vivre et pour les gens qui sont déjà bien installés et qui voudraient rajouter des améliorations pour devenir plus autonome et plus résilient. Il y en a pour tous les niveaux. Cela parle aussi aux gens qui ne sont pas du tout bricoleurs car on leur donne des billes pour être capable de se poser de bonnes questions, d’être capable d’en discuter avec les artisans qui vont intervenir ». Le livre donne des clefs en matière de gros œuvre, d’isolation, de réseau d’eau, de solutions thermiques solaires, de production électrique, de chauffage et de permaculture appliquée à l'habitat. Il vise un large public, du débutant jusqu'à l'expert en bricolage.

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