Après plusieurs départs de feux mal maîtrisés, les sapeurs-pompiers du Cantal veulent alerter la population. Les incendies de végétation mobilisent parfois d'importants moyens, au détriment d'autres missions. En cas de négligence manifeste lors d'un écobuage, ils ont décidé de présenter la note.
Le chiffre est désormais connu : 13 hectares de végétation ont brûlé dimanche 31 mars à Molompize, au lieu-dit Aurouze, dans le Cantal. « L’équivalent de 13 terrains de football… C’est parti d’un feu de branchages en tas chez un particulier », détaille le lieutenant Samuel Sabatier, du Service Départemental d’Incendie et de Secours. En début d’après-midi, les flammes se sont propagées aux alentours, donnant lieu à un incendie qui a mobilisé 43 pompiers jusqu’à environ minuit. Le relief escarpé a nettement compliqué la tâche des soldats du feu. « Les camions ne pouvaient pas accéder. Il a fallu y aller à pied. C’est pour ça que ça a mobilisé 43 personnes », poursuit-il. Lundi matin, il a fallu procéder encore à une « reconnaissance sur place pour s’assurer que tout a bien été éteint sur les bordures ».
Une nouvelle intervention, dans un contexte où le SDIS tire la sonnette d’alarme. Trop de feux de végétation depuis le début de l’année sont dus à des négligences, notamment en matière d’écobuages. Dans certains cas, les sapeurs-pompiers du Cantal ont décidé de présenter la facture. « Il y a des règles. Lorsqu’on les respecte, il y a très peu d‘écobuages qui se passent mal. Lorsque ce n’est pas respecté et que cela nécessite des moyens importants, nous allons demander une participation aux frais engagés ».
En cas de négligence manifeste
Il s'agit moins de sévir que d'alerter et de sensibiliser. Depuis le début de l'année, les pompiers du Cantal ont procédé à l'extinction de 120 feux de végétation. Trois procédures sont en cours, précise le Service Départemental d’incendie et de Secours. Elles concernent des incendies à Menet, Fontanges et Moussages. « Le feu qui nous a fait réagir, c’est Moussages. 50 hectares ont brûlé » poursuit le lieutenant Samuel Sabatier. Coût de l’intervention : 15 496 euros. Mais le problème n’est pas strictement financier. « Nous sommes dans un département rural. Nos ressources reposent essentiellement sur des volontaires. Et quand les pompiers sont mobilisés à un endroit, cela se fait au détriment d’autres missions qui peuvent être vitales », souligne-t-il.
Dans un communiqué publié en février dernier, la préfecture du Cantal appelle d'ailleurs à une vigilance accrue. Une information relayée sur la page Facebook du SDIS du Cantal. L'occasion de rappeler la réglementation et les consignes de sécurité.
Le cadre est défini dans un arrêté du 24 juin 2013. Ainsi, entre le 1er janvier et le 30 avril, avant de procéder à un écobuage ou à une incinération de végétaux sur pied, une demande préalable doit être déposée en mairie.
« Il faut appeler les pompiers le jour-même et prendre des mesures de prévention comme morceller les parcelles à brûler (5 hectares maximum), débroussailler une bande de 5 mètres autour de la surface concernée, prévoir obligatoirement un moyen en eau conséquent – pas un arrosoir ! – et seulement allumer le feu par vent calme », détaille le lieutenant Samuel Sabatier. Avant d’ajouter : « il doit être éteint avant la tombée de la nuit. 17 heures, c’est une bonne heure ».
Autant d'éléments à prendre à compte... Sous peine de devoir payer la facture, si l'écobuage venait à mal tourner.