C’est une série sombre pour adolescent, dans un décor montagneux : sur les écrans, les contes et légendes du Cantal prennent vie, sous forme de dessins. Un réalisateur a choisi les monts du Cantal comme théâtre de sa série animée, à découvrir sur france.tvslash.
Dans un petit internat perdu au milieu des monts du Cantal, cinq adolescents passent les vacances d'automne avec leur surveillante blasée, Lena. Mais lorsqu'ils sont accidentellement maudits par une terrible sorcière, l'enfer se déchaîne et les terrifiantes créatures du folklore français se lancent à leur poursuite... “Collège Noir”, disponible sur la plateforme FranceTV Slash, a été scénarisé et réalisé par Ulysse Malassagne, lui-même originaire du Cantal.
Il est également l’auteur de la bande dessinée dont est tirée la série, et a voulu rendre hommage à sa terre natale : “J'ai grandi là-bas donc c'est un endroit que je connais bien et c'est un endroit que j'ai toujours trouvé assez cinématographique et assez propice à des histoires d'aventure. C'est très sauvage, avec des décors qu'on ne trouve pas ailleurs en France. L'idée que ces anciens volcans abritent plein de légendes, liées à l'enfer, au diable... Cet aspect volcanique a forgé le folklore, il y a vraiment une identité très propre à cette région. Elle se ressent aussi visuellement dans les bâtiments, les vieux burons dans la montagne. Il y a beaucoup de ruines en pierre volcanique, avec des pierres très sombres, plein d'églises. Il y a cette identité assez spécifique à cet endroit, qui moi, m'a toujours plu.”
Son enfance l’a inspiré, tout comme les lieux et places qu’il a pu visiter et qui ont bercé son écriture : “C'était l'occasion de raconter une histoire dans ce décor. Cette bande dessinée était à la base un projet de commande de Bayard qui voulait un feuilleton dans leur magazine Géo Ado. La seule contrainte était qu'ils voulaient une histoire horrifique pour jeunes. À ce moment-là, j'avais une idée de projet qui était de raconter mon enfance dans le Cantal justement, dans ces montagnes. Je me suis beaucoup amusé dans la campagne. J'avais plein de petites anecdotes que je voulais raconter. Je me suis dit que c'était une bonne idée de mélanger les deux et de faire quelque chose qui soit à la fois inspiré de mon enfance dans le Cantal et de le tourner de manière horrifique. Ce sont des jeunes qui sont confrontés aux créatures du folklore de la région dans un univers assez sombre”, explique Ulysse Malassagne.
Je me suis inspiré de tous ces endroits que je connaissais, dans lesquels je m'étais baladé où je m'étais amusé quand j'étais petit.
Ulysse Malassage, réalisateur du Collège Noir
L’occasion est trop belle, il n’hésite pas à plonger dans ses souvenirs pour retrouver des lieux ayant stimulé son imagination : “Il y a tous ces souvenirs que j'ai accumulés, tous ces lieux où je me suis baladé, des endroits assez improbables d'ailleurs, qui sont repris tels quels dans la série. J'avais vraiment envie qu'on reconnaisse les lieux dans lesquels l'action se passe, que quelqu'un qui est déjà allé dans le Cantal puisse identifier les lieux. Toute la chaîne d'introduction de la série, qui se passe devant une cascade avec une sorte de ruine sous un rocher, c'est un lieu qui existe réellement, par exemple."
Réutiliser et transmettre les légendes du Cantal
Si Ulysse Malassagne s’est largement inspiré des contes et légendes de son enfance, c’est aussi pour les transmettre, afin que le folklore du Cantal ne tombe pas dans l’oubli : “J'ai grandi avec un père qui était comédien conteur et qui faisait beaucoup de lecture de contes. J’étais assez familier du folklore local et des histoires locales. J’ai ajouté quand même un travail de recherche quand j'ai commencé à faire la BD. Ce qui est triste là-dedans, c'est que c'est tout un folklore qui tend à disparaître. Ce n'est pas quelque chose qui est beaucoup réutilisé dans les histoires, dans le cinéma ou même dans la bande dessinée. Dans les séries animées japonaises, les mangas, les auteurs ont toujours eu cette habitude de recycler leur folklore. Ils s'inspirent de légendes et de traditions anciennes, de leurs créatures mythologiques, de leurs dieux shintoïstes. Ils ont su les réactualiser. Maintenant, presque tous les jeunes au Japon, connaissent les dieux shintoïstes et les créatures imaginaires. On n'a jamais eu vraiment cette démarche-là. Chez nous, c'est lié à un milieu qui est très rural, où il y a de moins en moins de jeunes et ce sont des histoires qui se perdent.”
L'occitan mis en avant
Et ce n’est pas le seul patrimoine qu’Ulysse tente de mettre en avant, pour le préserver. La sorcière parle en effet une langue de plus en plus confidentielle : “L’occitan est un dialecte qui est en train de disparaître mais c’est encore très présent dans tout ce qui est contes et légendes. Cela me paraissait important d'en parler un peu dans la série. La difficulté que j'avais, c'est que c’était très compliqué de trouver quelqu'un qui parle occitan, qui ait une voix de sorcière, et qui soit suffisamment bonne actrice pour interpréter la sorcière. Je me suis dit que ça allait être impossible. Je me suis souvenu d'une conteuse que mon père connaissait, qui parle couramment occitan. Elle a un bagage de comédienne et je suis très content car elle a accepté de faire cette voix et de m’aiguiller sur l'écriture des dialogues de la sorcière.”
Une deuxième saison ?
Pour lui, raconter des histoires sous toutes leurs formes est une passion. Passer de la bande dessinée à l’animation n’a pas été un problème : “J'ai fait des études de dessin animé. Quand j'étais adolescent, je faisais déjà beaucoup de bande dessinée. Je me destinais à être auteur de bandes dessinées. Ensuite, je me suis tourné vers des études de dessin animé, tout en continuant la BD. Puis j'ai signé un des premiers contrats pour faire des BD en professionnel et donc j'ai toujours eu ces chemins parallèles. Créer des liens entre les 2, ça a toujours été une envie. Quand je fais mes bandes dessinées, souvent, je les imagine déjà en mouvement et j'imagine déjà comment je les mettrai en scène. J’ai toujours eu dans un coin de ma tête l'idée d'adapter un jour une de mes bandes dessinées. Celle-là s'y prêtait plutôt bien. Il y avait ce côté aventure, un peu familial, avec un potentiel de série. Le folklore est tellement vaste et il y a tellement de possibilités qu’on pourrait faire durer une série d'animation très longtemps, en allant chercher du côté des différentes créatures du folklore.” Et vous entendrez certainement encore parler du Collège Noir : “Je commence à écrire le scénario d'une prochaine saison. C'est en bonne marche. On a toujours eu en tête de faire au moins 2 saisons, voire plus. C'était volontaire de laisser une fin ouverte.”
La série est à retrouver sur france.tvslash le 29 février.