C'est un film coup de poing sur la "radicalisation" djihadiste. Du point de vue des adolescents, plus seulement des parents. "Le ciel attendra" en avant-première au cinéma Le Club à Grenoble, ce lundi soir 26 septembre à 20H15. En présence de la réalisatrice, Marie-Castille Mention-Schaar.
"Il y avait une urgence à faire ce film", dit sa réalisatrice, Marie-Castille Mention-Schaar. "Le Ciel attendra", c'est un film coup de poing sur des jeunes filles qui décident de rejoindre le tristement célèbre Etat Islamique. Un film pour "mieux comprendre" la radicalisation. Il raconte en effet le parcours de Sonia (Noémie Merlant), 17 ans, et Mélanie (Naomi Amarger), 16 ans.L'une s'apprête à participer à un attentat après avoir échoué à partir en Syrie, tandis que l'autre tombe amoureuse d'un "prince charmant" rencontré sur les réseaux sociaux. Mais le prince va l'embrigader. Ignorant tout de leurs projets, leurs mères, interprétées par Sandrine Bonnaire et Clotilde Courau, vont d'abord tomber des nues... puis tenter d'agir.
Une fiction nourrie par un gros travail d'enquête, né du "questionnement" de la cinéaste sur "comment aujourd'hui une adolescente peut passer d'une vie normale à un moment où elle est prête à tout quitter pour partir en Syrie".
"Je ne voulais pas aborder ce sujet en restant à la périphérie. Je voulais pouvoir rencontrer des filles qui racontent ça avec leurs mots, leurs sensations, leur vécu", ajoute la cinéaste, qui avait signé en 2014 "Les Héritiers", sur une classe en difficulté qui passe un concours d'Histoire. Pas n'importe quelle Histoire : l'extermination des juifs par les nazis. La terreur, la haine, déjà.
Pour "Le Ciel attendra", elle a rencontré Dounia Bouzar, directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI), qui dit avoir "déradicalisé" quelques 1000 jeunes. La réalisatrice l'a suivie pendant trois mois, rencontrant avec elle une trentaine d'adolescents.
"Plus je rentrais dans le sujet, et plus je trouvais qu'il y avait une urgence" explique Marie-Castille Mention-Schaar. Extrait choisi."Pour moi, c'est devenu évident d'essayer de raconter l'embrigadement à travers deux trajectoires, ce que l'on n'avait jamais raconté", explique Marie-Castille Mention-Schaar.
Si "Les Cowboys" de Thomas Bidegain et "La Route d'Istanbul" de Rachid Bouchareb se sont intéressés dernièrement au djihad, ils l'ont fait du point de vue des parents, dont les enfants sont partis en Syrie.
La réalisatrice dit elle avoir voulu se concentrer sur les jeunes, pour que "le spectateur ressente le plus possible comment ça pouvait se passer". "Ce qui m'intéressait, c'est l'adolescence, ces espèces de sables mouvants où une mauvaise rencontre peut vous faire mal tourner. Mais là, il y a un réseau qui est tellement fort en face que c'est comme un vampire qui ne vous lâche plus", souligne-t-elle.
Le parcours de ces jeunes filles de milieux différents -l'une a un père d'origine musulmane, l'autre non-, est minutieusement retracé, de leur embrigadement aux tentatives menées pour les déradicaliser. Sonia Bouzar intervient elle-même dans le film dans son propre rôle, animant des groupes de parole et des séances avec des jeunes.
Ne ratez-pas l'avant-première ce soir au Club, en présence de la réalisatrice, Marie-Castille Mention-Schaar.