Corinne Morel Darleux (PG) : "Les questions agricoles sont avant tout des questions de santé publique"

Le défilé des politiques s'est clos vendredi avec une délégation de la France Insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon pour 2017. Sauf que lui, on ne l'a pas vu dans les allées. Il a laissé sa place à la conseillère régionale Corinne Morel Darleux, visiblement ravie de parler agriculture. 

Corinne Morel Darleux, vous êtes conseillère régionale en Auvergne-Rhône-Alpes et membre de la direction du Parti de Gauche. Votre délégation "La France insoumise" est l'une des plus discrète que l'on a rencontrée dans les allées du sommet depuis 3 jours. Comment le vivez-vous ?
C. M. D. : De nombreuses personnalités politiques viennent se presser ici dans les allées, et d’autant plus cette année, en pleine campagne présidentielle, où pléthore de personnalités viennent se faire photographier devant les bovins et dans les allées du sommet, et peu de personnes rappellent qu’en réalité, ce sont les mêmes qui nous ont précipité dans la crise de l’élevage et la crise agricole dans laquelle on est, c’est-à-dire ceux qui ont voté au niveau du parlement européen la fin des quotas laitiers, ceux qui continuent à pousser en faveur des accords de libre-échange comme le TAFTA et le CETA, qui de l’avis de la profession-même seraient une catastrophe pour l’élevage. Nous, nous venons ici depuis 3 ans, pas uniquement lorsqu'il y a des présidentielles, et notre journée est rythmée par des rendez-vous précis. 

Pourquoi vous semble-t-il nécessaire d'être présents ici ?
Parce que les questions agricoles sont aussi des questions de santé publique, et que l’alimentation est l’un des sujets les plus universels qui puisse réunir les êtres humains, puisque chacun a besoin de se nourrir. On vient aussi dénoncer l’attitude d’un certain nombre de politiques, et je pense évidemment à Laurent Wauquiez, puisque je fais partie du Conseil Régional. Je suis donc à un bon poste d’observation pour observer le double discours de Laurent Wauquiez qui vient ici dans les allées du salon vanter l’agriculture biologique et locale, en disant qu’il veut bien du bio mais qui ne vient pas de Pologne. Sauf que les premières décisions qu’il a prises en tant que président de région, c’est de supprimer les subventions à toutes les associations et à tous les réseaux d’accompagnement de l’agriculture paysanne et rurale !

Ce que vous critiquez est uniquement régional ?
On vient aussi discuter de ce qui a été mis sur la table par le gouvernement, puisque M Valls a annoncé un plan qui est en réalité un plan d’endettement pour les agriculteurs, puisqu’on leur propose, alors que l’endettement des agriculteurs a triplé ces dernières années, on leur propose de leur faciliter l’accès à des emprunts bancaires. Ce n’est pas du tout ce dont ils ont besoin ! Il met aussi des millions sur la table pour qu’un certain nombre d’agriculteurs cessent leur activité. Mais nous, ce qu’on veut, ce n’est pas qu’ils cessent leur activité ou s’endettent d’avantage auprès des banques ! On veut réorienter complètement le modèle agricole.

Vous avez une solution miracle ?
Non, les baguettes magiques en politique n’existent pas. Par contre, on peut avoir une politique volontariste pour accompagner la reconversion des agriculteurs aujourd’hui en traditionnel vers une agriculture paysanne qui aujourd’hui on le voit résiste mieux à la crise et aux fluctuations des cours du marché. On peut accompagner tous ceux qui oeuvrent pour la promotion des circuits courts, de la vente directe. On peut encadrer les marges de la grande distribution. On peut remettre en place les quotas laitiers. On peut refuser les traités de libre-échange qui signeraient la mort de l’agriculture telle qu’on la conçoit aujourd’hui et de ses labels de qualité.
Tout ça aurait en plus des vertus en matière environnementale, d’un point de vue écologique, mais aussi en termes de créations d’emplois, puisque la reconversion en agriculture bio, paysanne et locale, selon toutes les estimations, ce sont environ 300 000 emplois qui pourraient être créés, et qui pourraient être créés dans des zones rurales comme chez moi, dans la Drôme, où l’on a cruellement besoin de ce type d’activités.

Et comment les agriculteurs que vous rencontrez vous accueillent-ils ?
On est bien accueilli, même par ceux avec qui on n’est pas toujours d’accord, tout simplement parce que l’on vient leur parler de fond et de mesures et pas juste les utiliser le temps d’une photo, et ça, je crois que tout le monde s’accorde à le respecter. Même si on peut avoir des divergences sur les solutions à apporter, il y a au moins un respect mutuel sur le fait de travailler dans la concertation, avec sérieux et dans la durée.
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