Covid 19 : variant Delta, vaccination, 4ème vague, le point sur l’épidémie en Auvergne

Avec le variant Delta, le nombre de contaminations au Covid 19 repart à la hausse en Auvergne. Selon le chef du pôle de santé publique du CHU de Clermont-Ferrand, la 4ème vague est bel et bien là mais, grâce à la vaccination, l'épidémie est, pour l'heure, plus gérable.

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En Auvergne, l’épidémie de Covid 19 suit la tendance nationale, en cette mi-juillet. Le virus circule désormais un peu partout mais, grâce à l’effort de vaccination, la pression hospitalière est moindre. C’est du moins ce que constate Laurent Gerbaud, chef du pôle de santé publique du CHU de Clermont-Ferrand, à quelque heures de l'allocution du président de la République Emmanuel Macron sur la situation sanitaire prévue ce lundi 12 juillet à 20 heures : « On a une remontée du nombre de nouveaux cas mais qui est assez limitée pour l’instant et qui est liée au variant Delta, ou indien, car il a d’abord été identifié en Inde. On a une circulation qui concerne surtout les plus jeunes, la tranche 20 -29 ans, mais on n’a pas de remontée des hospitalisations, pas de remise en tension du système hospitalier en parallèle ». Cette situation est assez identique, selon lui, d’un territoire à l’autre, même si malgré tout de légères différences apparaissent entre les territoires. 

Le variant Delta bien présent dans la région

Ces dernières semaines, la présence du variant Delta (ou mutation L452R) sur le territoire inquiète le gouvernement. Il représente 66 % des contaminations en Auvergne-Rhône-Alpes, soit plus que la moyenne nationale de 58,8 %. Il dépasse en effet les 80 % en Isère, Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes, alors que les départements de l’ouest de la région recensent entre 30 % de variant dans l’Allier et 48 % en Haute-Loire. Le Cantal est également très touché avec 75 % des cas de contamination avec variant. Au niveau régional, les plus touchés lors de la 1ère vague, comme le Grand Est, ont une circulation plus faible du virus alors que les plus touchés lors de la 3ème vague, comme la Nouvelle Aquitaine, connaissent une circulation légèrement plus importante. La région Auvergne-Rhône-Alpes est la troisième région de France où le virus circule le plus.

Moins de tensions sur le système hospitalier

Pour le professeur Gerbaud, en Auvergne, la 4ème vague a déjà débuté, mais son impact pourrait être moindre que les précédentes : « Est-ce qu’elle va se traduire par de fortes tensions sur le système hospitalier qui étaient les raisons principales des confinements lors des précédentes vagues ? C’est beaucoup moins certain, on peut être optimiste et se dire que ce ne sera pas le cas. Quand on regarde les données en Angleterre et en Israël, globalement, on voit une remontée du nombre de cas mais comme la vaccination des gens les plus fragiles a été plutôt bien suivie, on n’a pas de remontée en parallèle des hospitalisations ». Ce « décrochage » entre le nombre de cas et le nombre d’hospitalisations est plus important qu’avant. Il l’explique par l’impact de la protection par le masque, « qui fait qu’on a eu quand même moins de formes graves puisque la charge virale initiale est l’un des facteurs de formes graves » et, à partir de janvier, une profonde modification de la structure d’âge des hospitalisations.

Les données épidémiologiques basses

En Auvergne, les taux d’incidence pour 100 000 habitants sont très bas : 12 dans le Puy-de-Dôme, 12,4 dans l’Allier, 7 dans le Cantal et 17,2 en Haute-Loire. Dans le Puy-de-Dôme, 61 personnes sont toujours hospitalisées en raison du Covid et 37 en Haute-Loire contre seulement 11 dans l’Allier et 4 dans le Cantal. Les réanimations se vident elles aussi petit à petit : plus aucun malade du Covid n’est en réanimation dans le Cantal, un seul l’est en Haute-Loire, 2 dans l’Allier et 3 dans le Puy-de-Dôme. La semaine du 28 juin au 4 juillet, 35 cas d’infections étaient recensés dans l’Allier, 4 dans le Cantal, 70 dans le Puy-de-Dôme et 29 en Haute-Loire. Les départementes auvergnats semblent moins touchés par la propagation du virus, selon les données de Santé publique France.

"Le principal souci, c’est qu’à un moment donné, on ait un variant qui échappe au vaccin"

Le CHU de Clermont-Ferrand n’est, pour l’heure, pas en tension : « On est sur une baisse progressive en réanimation et en hospitalisation. En revanche il reste beaucoup de patients en soins de suite et réadaptation, certains ont vraiment du mal à s’en remettre », indique Laurent Gerbaud. Malgré cela, une forte diffusion du virus laisse à craindre une modification de sa structure et de la gravité de la maladie : « Le problème, c’est que tout le monde ne se vaccine pas. Si on arrive à 70% de vaccinés, ça fera quand même des millions de gens qui ne seront pas vaccinés et ça peut produire des cas, des hospitalisations. Après, si les gens ont envie de tomber malades, ça pose problème à la collectivité, ça occupe des lits d’hôpitaux, mais ce n’est pas le principal souci. Le principal souci, c’est qu’à un moment donné, on ait un variant qui échappe au vaccin », prévient le professeur Gerbaud. Pour l’heure, il explique que les vaccins protègent des variants même s’il y a une légère perte d’efficacité, on passe selon lui de 98 ou 95% d’efficacité à 90 ou 85% : « Sur le plan épidémiologique, ça ne change pas grand-chose. » Les variants qui se transmettent le plus dominent, mais il n’y a pas de changement au niveau du profil de gravité de la maladie.

"Il faudrait qu’on arrive à vacciner 90% de la population"

Laurent Gerbaud rassure, en cette période estivale : « Il y a beaucoup de touristes en ce moment en Auvergne, mais ça ne change rien, le virus circule partout. Autant, pendant la 1ère vague, ça s’est arrêté aux portes de l’Auvergne, autant là, il y a une circulation de fond du virus. Ce qui nous protégera, c’est la vaccination et le port du masque. » Selon lui, le virus va encore continuer à circuler pendant les 6 à 9 mois qui viennent : « Il faudrait qu’on arrive à vacciner 90% de la population. C’est un virus qui circule beaucoup, on ne va pas s’en débarrasser à la rentrée. Il y aura suffisamment de personnes réticentes à la vaccination pour permettre au virus de circuler. » Une enquête a été menée sur des étudiants de l’Université Clermont Auvergne, concernant les intentions de vaccination, close le 28 juin. Sur les 3 000 étudiants interrogés, 77% étaient en cours de vaccination ou vaccinés et environ 11% avaient pris leur rendez-vous pour le vaccin, sont un total de 88% environ d’adhésion au vaccin : « On n’avait que 10,2% d’étudiants refusant de se faire vacciner », se félicite le professeur.

"Ralentissement de la dynamique vaccinale" pour la 1ère dose du vaccin

Dans l’Allier, 61,5% des habitants ont reçu leur 1ère dose, 59,9% dans le Cantal et 53,8% dans le Puy-de-Dôme. Des taux légèrement supérieurs à la moyenne de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui s’élève à 52,2%. La Haute-Loire arrive en queue de peloton avec 50,5% d’habitants ayant reçu la 1ère dose.

  • En Haute-Loire, à peine plus de 50 % de la population est vaccinée. 40,7 % des Altiligériens ont reçu leurs deux doses.
  • Dans le Cantal, 59,9 % de la population a reçu au moins une dose de vaccin, 47,2 % deux doses. 
  • Dans le Puy-de-Dôme, ils sont 53,8 % à avoir reçu au moins une dose et 41,8 % à avoir complété leur schéma vaccinal.
  • Dans l'Allier, 61,5 % des habitants avaient reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 au 8 juillet, un taux plutôt élevé. 

"Si la couverture vaccinale continue de progresser dans la région, le ralentissement de la dynamique vaccinale est observé, principalement pour la 1ère dose de vaccin", constate l'Agence régionale de Santé en Auvergne-Rhône-Alpes.

"On est plutôt au-dessus des autres CHU en termes de vaccination"

Autre donnée moins rassurante, selon une étude menée sur environ le tiers des 1 372 étudiants clermontois relevés positifs au Covid, environ 14% ont beaucoup de mal à s’en remettre, plusieurs semaines après la maladie. « Même les sujets jeunes ont intérêt à se vacciner ! » déclare le professeur Gerbaud, qui se dit favorable à l’obligation vaccinale pour les soignants : « Elle existe déjà », rappelle-t-il. « On est obligés d’être vacciné contre l’hépatite B et on doit avoir la preuve sérologique qu’on a suffisamment d’anticorps. Tout ce débat qui consiste à dire qu’on impose aux pauvres soignants d’être vaccinés, non. On l’impose depuis longtemps et c’est normal. Les gens ne viennent pas à l’hôpital pour tomber malades du fait d’un soignant qui a refusé de se vacciner. » Selon lui, le taux de vaccination chez les médecins est très élevé. Au CHU de Clermont-Ferrand, on vaccine rapidement : « On est plutôt au-dessus des autres CHU en termes de vaccination, y compris des infirmiers et des aides-soignants alors qu’on n’a pas été aussi impactés que les hôpitaux alsaciens ou de Rhône-Alpes. Je pense qu’en Auvergne, on vaccine plutôt bien ». Le président de la Répulique Emmanuel Macron s’exprimera au sujet de la situation sanitaire ce lundi 12 juillet à 20 heures. Vaccination obligatoire des soignants et extension du pass sanitaire étaient évoqués lundi matin en marge du conseil de défense sanitaire à l'Elysée.

 

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