Ce 5 septembre 1972, l'athlète drômois Jacques Ladègaillerie doit participer à sa première finale à l'épée de sa carrière. La rencontre est reportée. Au même moment, des athlètes israéliens sont pris en otage et assassinés.
Il est 5 heures ce matin du 5 septembre 1972, l'épéiste drômois Jacques Ladègaillerie sort de son sommeil. De la fenêtre de sa chambre munichoise, il voit le pavillon des athlètes israéliens, venus eux aussi participer aux Jeux Olympiques. La police est sur place. Huit terroristes palestiniens viennent d'investir les lieux, de tuer deux athlètes et en prennent neuf autres en otage.
Première finale
Jacques Ladègaillerie ignore ce qui se passe. Il reste concentré sur son objectif de la journée, gagner sa demi-finale le matin pour aller en finale l'après-midi. Mais l'ordre du jour sera bousculé.
" Même si je n'y pense pas tous les jours, on ne peut pas oublier ça évidemment. En plus cette histoire est reliée à ma médaille! ", se rappelle l'ancien athlète âgé de 82 ans aujourd'hui. La demi-finale aura lieu l'après-midi, et la finale le lendemain. Une première finale olympique inespérée pour Jacques. Il n'est pas favori. Il ramènera une médaille d'argent dans sa ville de Loriol-sur-Drôme.
Stop ou encore
Une médaille qui laisse un souvenir amer. Le soir du 5 septembre, à la veille de la finale, la prise d'otage se termine avec un carnage sur le tarmac d'une base aérienne de Munich. Les neuf athlètes, cinq terroristes et un policier sont tués. Les athlètes sont tiraillés.
" Quand on arrive qualifié pour les Jeux, on a préparé longtemps à l'avance, et donc évidemment, c'est un peu le graal pour nous ", explique Jacques Ladègaillerie. Confronté à quelque chose qui est vraiment antinomique, sur le plan humain il faudrait dire arrêtons ce massacre, c'est pas normal! Et puis d'un autre côté, c'est égoïste, je le reconnais, on pensait à notre compétition".
Le sport est politique. Les nations se valorisent à travers les résultats sportifs. Avec la présence des médias, le sport est devenu otage de la politique
Jacques Ladègaillerie
Sport politique
Pour la première fois, le sang coule sur les anneaux olympiques. Sport et politique sont alors liés. " Le sport est politique. Les nations se valorisent à travers les résultats sportifs. Avec la présence des médias, le sport est devenu otage de la politique ", analyse Jacques Ladègaillerie qui regrette les conséquences de ces attentats. " A Montréal, il y a eu le boycott des africains à cause de l'apartheid en Afrique du Sud. A Moscou, il y a eu le boycott des Etats-Unis et de tout l'occident. Ensuite Los Angeles, un boycott mais dans l'autre sens."
Jacques Ladègaillerie rentrera à Loriol-sur-Drôme neuf jours après la prise d'otages. L'ambiance est tout autre. L'athlète, gêné, est accueilli tel un chef d'Etat avec défilé et fanfare. Le sport et la politique se lieront ensuite à nouveau. Jacques Ladègaillerie deviendra maire de Loriol-sur-Drôme puis conseiller départemental.