Comment le personnel du centre hospitalier de Montélimar a-t-il traversé cette crise sanitaire du Covid-19 ? Comment l'établissement a-t-il anticipé l'après-11 mai ? La rédaction de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes a passé quelques jours en immersion dans cet hôpital du sud Drôme-Ardèche.
Au sein de l'hôpital de Montélimar, centre de soins de référence pour le sud Drôme Ardèche, c'est le retour au calme. Les hospitalisations au sein du service réanimation sont en recul. Début mai 2020, seulement sept malades du covid, dans le coma et sous respirateur, y sont soignés.
On passe d'une période où c'était d'une intensité extrême à un calme extrême que l'on connait peu dans un service de réanimation. On a toujours une activité importante dans un service tel que celui-là. Mais là, c'est très, très calme. Emilie Demangel, cadre infirmier - service réanimation.
Au plus fort de l'épidémie de ce coronavirus, le personnel soignant de Montélimar avait en charge trois plus de malades. Après le 11 mai, il n'est pas question de supprimer les lits supplémentaires mis en place en urgence pour faire face à l'afflux de patients covid.
La crainte de la 2e vague
L'après déconfinement est dans tous les esprits au sein de ce centre hospitalier de taille moyenne et de proximité. Le chef du service de réanimation, Matthieu Schoeffler, le dit clairement, le répit risque d'être de courte durée :On redoute un peu cette période-là [le déconfinement] dans le sens où on a vécu une première vague. On sait ce que c'est maintenant. On sait que ça demande beaucoup de boulot. La deuxième vague arrivera sur des équipes qui n'auront pas forcément eu le temps de se reposer.
Pendant les six semaines de crise sanitaire, une cellule de crise s'est réunie tous les matins. Afin d'ajuster l'organisation de l'hôpital, au jour le jour.
Direction, soignants, logistique, services techniques discutent de l'après 11 mai.
Michel Cohen, le directeur du centre hospitalier, recadre ses troupes, impatientes de retrouver leur activité "d'avant".
L'été arrive... Il y a des services qui vont fermer, des gens qui vont partir en vacances, les médecins généralistes qui vont prendre leurs congés. Et si on a une canicule, on va avoir des gens âgés, déjà fragilisés par le covid, qui vont l'être encore plus par l'été. On va aussi récupérer les autres patients qui ont un retard de prise en charge. Je dis : vraiment, attention. Cela ne va pas être facile. Vraiment. C'est difficile de faire passer un discours qui n'est pas très heureux. Mais c'est aussi mon rôle de le porter. Catherine Busseuil, chef des urgences.
Au centre hospitalier de Montélimar, dans la Drôme, il n'est pas question de baisser la garde avec le déconfinement. L'établissement va rester sur le qui-vive jusqu'au mois septembre... 2021.
"Hors de question d'hospitaliser des gens sur la pelouse"
En cette mi-mai, le nombre de personnes hospitalisées a baissé. Bonne nouvelle pour l'établissement qui a affiché complet pendant de longues semaines.
Le service qui a dû rationner les masques
Le services des hygiénistes est garant de la sécurité sanitaire de l'hôpital. On les appelle les agents du bio-nettoyage. Ce service méconnu gère la désinfection des lieux et les stocks de protection en lien avec le Magasin. Les effectifs ont été renforcés pendant la crise surtout dans les services sensibles comme celui de la gériatrie. Aurélie Tomczak, Médecin hygiéniste de l'hôpital, a également la charge des 19 Ehpad du département. Elle a du adapter les recommandations du gouvernement (qui ont beaucoup évolué au fil des semaines, voire parfois d'un jour à l'autre) à l'ensemble des établissements sous sa responsabilité.
Rationner les masques auprès des soignants a été très anxiogène comme le confirme Catherine Trocherie, Responsable du magasin. "On a dû travailler à l'économie certains jours mais on n'a jamais maqué de stocks".
Après la sidération, la solidarité
"Comme brancardier, je suis un peu un élection libre dans l'hôpital, je me balade partout (il parcourt entre 12 et 18 km par jour). J'ai vu naître un grand élan de solidarité" raconte Damien Raoux. Aline Chizallet, directrice adjointe de l'hôpital le confirme. Après l'état de sidération créé par la crise du coronavirus, tout le monde s'est retroussé les manches et a travaillé pour que l'hôpital tourne sans compter ses heures. Les autres services ont fait de même. La blanchisserie qui traite 5 tonnes de linge par jour (l'équivalent de 1000 lave-linge grand public) a mis en place un circuit propre au linge infecté par les malades du covid. La cuisine a augmenté la teneur en protéines de menus et distribue les plateaux repas aux soignants et aux malades.