Drôme : l'emplacement du nouvel hôpital de Die provoque des remous

Finalement le nouvel hôpital de Die ne sera pas bâti en zone agricole. Le site de Chanqueyras, au grand dam de certains habitants, a les faveurs de la préfecture de la Drôme. Le site de Chamarges, en zone agricole, prôné par l'ancienne municipalité et acquis par l'hôpital de Die, a été écarté.

La guerre fait rage à Die au sujet de la construction du nouvel hôpital. Entre clivages politiques, enjeux environnementaux, défense d'une certaine qualité de vie et intérêt général, le dossier du nouvel hôpital cristallise les mécontentements et les oppositions. Explications.

Chamarges ou Chanqueyras : l'arbitrage du préfet

En mars dernier, la mairie de Die a annoncé vouloir implanter le futur établissement hospitalier sur le site Chanqueyras, à l'entrée ouest de la ville. Dans un courrier daté du 1er juillet dernier et adressé à Alain Matheron, président de la communauté de communes du Diois et Isabelle Bizouard, maire de Die, le préfet de la Drôme a rendu son arbitrage. Dans ce texte, Hugues Moutouh prend officiellement position pour une implantation du futur hôpital sur la ZAC de Chanqueyras, au détriment du site agricole de Chamarges. 

"Insistant sur le fait qu’il n’y aucune solution optimale et unanime, le Préfet a arbitré en faveur du site de Chanqueyras et a expliqué sa décision", a indiqué Célia de Lavergne, députée de la Drôme, en relayant le document sur sa page Facebook.
Selon le préfet de la Drôme, le site agricole comporte un risque sévère de procédures longues mais surtout de non constructibilité. Des procédures qui pourraient faire capoter le projet. Le site de Chanqueyras comporte également des risques, mais moindres au regard du droit et des procédures, souligne de son côté la députée de la Drôme.

La parlementaire indique également prendre acte de la décision du Préfet. Elle entend accompagner ce projet d’hôpital "avec toute (s)on énergie et (s)a détermination à le faire aboutir, pour qu’il voit le jour et améliore durablement l’offre de santé dans le territoire."

Le secteur de secteur de La Chargière, également envisagé un temps, a été écarté. Le choix du préfet de la Drôme, dévoilé à quelques jours de son départ, est loin de faire l'unanimité, tant dans l'opposition municipale que chez les habitants.

Le conseil municipal de Die divisé

Depuis près d'un an, le projet provoque des débats au sein du conseil municipal. Initialement, le nouvel hôpital de Die devait être construit sur le site de Chamarges. Les terrains situés en zone agricole avaient été acquis par l'hôpital sous le mandat de l'ancien maire Gilbert Trémolet. Mais la nouvelle municipalité, dirigée depuis mars 2020 par Isabelle Bizouard, a opté pour un autre emplacement. Dans une délibération du 23 mars dernier, le conseil municipal de Die s'est prononcé en faveur du site de Chanqueyras. 

Pour la majorité actuelle, le site de Chanqueyras comporte de nombreux avantages : zone urbanisable au PLU, pas d’AVAP ou de servitudes paysagères ou patrimoniales, des fouilles archéologiques déjà faites, la proximité avec la ville et des agrandissements possibles. En outre, pour la majorité, implanter l’hôpital dans cet éco-quartier de Chanqueyras permettra d’éviter l’artificialisation de plusieurs hectares de terre agricole au quartier de Chamarges. Dans une délibération du 23 mars dernier, le conseil municipal de Die s'était donc prononcé en faveur d'un hôpital édifié à Chanqueyras. 

De son côté, l'opposition, conduite par l'ancien maire Gilbert Trémolet, a dénoncé l’incohérence du choix de Chanqueyras. Pour l'ancien premier magistrat de Die, installer le futur hôpital au coeur d'un quartier résidentiel aura notamment pour inconvénient d'amputer la zone pavillonnaire de plusieurs hectares, soit d'une centaine de logements, sur les 270 prévus dans ce secteur. 

Pour l'ancien maire de Die, le site de Chamarges était doté d'atouts comme la proximité de l'héliport, la possibilité d’un agrandissement et un accès facilité pour les salariés de l'hôpital.

Les oppositions au site de Chanqueyras

Si la question du choix du site du futur hôpital de Die semble aujourd'hui tranchée, il faut encore compter avec des détracteurs. Pour l'opposition municipale, s'appuyant sur un sondage, le site de Chamarges a aussi le soutien d'une grande partie du personnel de l'hôpital. Quant au site de Chanqueyras, il ne répondrait ni aux besoins, ni aux attentes en terme d'attractivité ou d'accessibilité. 

Dans le quartier de Chanqueyras, où une réunion publique concernant le nouvel hôpital est prévue le 9 juillet prochain, de nombreuses voix s'élèvent aujourd'hui contre le projet et un groupe Facebook rassemblant des opposants a même vu le jour.

Pour le président du Collectif de Défense de l'hôpital de Die, le dossier fait les frais d'une querelle politique entre ancienne et nouvelle municipalité. Il craint même une "instrumentalisation" de certains. 

La rénovation de l'ancien hôpital écartée ?

Qu'en pense le Collectif de défense de l’hôpital ? Pour Philippe Leeuwenberg, président ce collectif, plus que le choix du terrain, c'est le projet de santé qui doit primer et il s'interroge : "quel projet de santé est proposé pour cet hôpital ?". Sur ce dossier, il dénonce également un manque de concertation du préfet et de l'ARS avec la population et les usagers.

En contrepartie de la fermeture de la maternité de l'hôpital de Die en 2017, l’État s’était engagé sur la construction d’un nouvel hôpital intégrant les urgences, initialement à l'horizon 2022. L'Etat a même débloqué la somme de 12 millions d'euros pour ce nouvel équipement sanitaire afin d'améliorer l'offre de santé dans le Diois. Une somme dérisoire pour un hôpital selon le Collectif qui ne veut pas d'un hôpital "en préfabriqué". Sa crainte : que ce nouvel hôpital annoncé depuis plusieurs années ne soit qu'un hôpital sans possibilité de développement, un établissement qui ne répondrait pas aux besoins faute de projet de santé concret. Ou pire, une coquille vide. 

On attend toujours un nouvel hôpital et il n'y a pas de rénovation du site actuel.

Philippe Leeuwenberg (Collectif de Défense de l'Hôpital de Die)

Une reconstruction sur le site de l’actuel établissement, trop vétuste et trop détérioré a été écartée d'emblée, a indiqué le préfet dans son courrier. "La surface disponible ne permettant pas de répondre aux besoins techniques d'un hôpital moderne à taille humaine avec un vrai stationnement pour les personnels, les patients et les visiteurs," précise-t-il.

Au contraire, le Collectif de défense de l'hôpital de Die milite pour la rénovation de l'ancien bâtiment situé à l'intérieur de la ville. "La rénovation est tout à fait possible. On demande une véritable étude pour la réhabilitation de l'ancien hôpital. En outre, il existe de locaux vides qui pourraient être utilisés," selon Philippe Leunwenberg. Pour le Collectif, la question se pose aussi du devenir de l'ancien hôpital. Aucun projet à l'horizon. Pire, alors que les polémiques font rage, "tout est bloqué, la situation est catastrophique. Il n'y a aucun projet nouveau, on ne peut même pas changer une prise électrique", déplore Pour Philippe Leeuwenberg. 

 

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