Les tours antigel : des dispositifs encore peu répandus en agriculture pour lutter contre le gel. Dans la Drôme, un jeune arboriculteur sinistré trois années de suite a décidé de tenter l'expérience grâce à un financement participatif.
Les trois derniers printemps ont été de mauvais souvenirs pour Anthony Oboussier. À la tête d'une exploitation de 20 hectares à Alixan, à quelques kilomètres à l'Est de Valence dans la Drôme, il a même été sinistré à 100% l'an dernier à cause du gel sur ces arbres fruitiers : cerisiers, arbricotiers, pêchers ou encore pruniers.
Et le redoux exceptionnel de ces derniers jours laisse entrevoir les premiers bourgeons, risquant une fois encore d'être atteint par le gel de printemps.
Une situation dramatique qu'il avait immortalisée dans une vidéo en ligne. On y voit des stalactites sur ses arbres, témoins d'une vague de froid exceptionnelle pour un mois d'avril.
Une cagnotte en ligne pour amorcer l'investissement
C'est suite à cette expérience traumatisante qu'il a décidé de lancer une cagnotte en ligne pour tenter de financer une tour antigel grâce aux internautes. Au début il n'y croyait pas beaucoup, mais il a fini par récolter près de 11000€.
Une somme qui lui a permis de solliciter des aides de l'état et des collectivités, ainsi qu'un prêt bancaire pour financer l'achat d'une de ces machines encore peu répandues dans le monde agricole, et dont le coût moyen tourne autour de 40 000 euros. Aujourd'hui, elle en cours d'installation.
"Inverser les couches thermiques"
Une tour antigel ? cela ressemble vaguement à une éolienne, mais a la particularité de ne fonctionner que quelques jours par an ... quand il n'y a pas de vent.
C'est un outil qui fait partie de la nouvelle panoplie mise à la disposition des agriculteurs pour lutter contre le gel de printemps, si dévastateur dans la vallée du Rhône ces deux dernières années.
Anthony Oboussier a expliqué à nos journalistes Elisabeth Phily et Marylou Czaplicki le principe sur lequel repose cet outil :
“il faut imaginer deux grandes pales qui arrivent au sommet de la tour, les pales tournant très très vite. Le but, c'est d'inverser les couches thermiques. En hauteur se situe l'air chaud et plus proche du sol l’air froid. Donc le but, c'est de prendre l'air chaud qui se trouve dessus et de le ramener au niveau du sol.”
On observe leur développement dans certains vignobles du Val de Loire ou du Bordelais depuis les années 2016-2017, millésimes de sinistre mémoire pour les viticulteurs concernés.
Dans une interview de mars 2019 au journal professionnel Viti Leaders, Thomas Stonestreet, le directeur technique du vignoble du domaine de Chevalier, dans le Bordelais, expliquait disposer de dix de ces équipements, dont le premier remontait à 1982. Et de certifier que ces engins, dont certains sont démontables, ont permis de lutter efficacement contre les gels de printemps.
Même si une seule de ces tours antigel ne parviendra pas à protéger la totalité de son verger, Anthony espère au moins sauver une partie de ses cultures en cas de gel printanier ravageur, comme ce fut le cas le 5 avril dernier (capture écran de sa vidéo Youtube ci-dessous).