Fabrice Capizzano fait une entrée remarquée dans la littérature en cette rentrée éditoriale en Auvergne Rhône Alpes avec "la fille du chasse-neige" aux éditions Au diable Vauvert. Un roman d'amour piquant et chantant.
Rien qu’au titre on pourrait aborder ce premier roman comme une bluette, une petite histoire d’amour de campagne. Mais dès les premiers mots de Fabrice Capizzano on se dit qu’il se cache autre chose dans cette histoire. L’auteur plante le décor : « Je ne sais pas à quoi tient une tragédie. A pas grand-chose sûrement. »
Et nous voilà embarqués dans des discussions de famille sans fin, pleines de conflits et de rapports de force, pleines de reproches et d’affections. Une famille, en somme.
L'histoire d'un chanteur malheureux
Celle de Tom Cianco, chanteur-auteur-compositeur revenu dans la maison familiale. Celle de son frère Antoine, cadre parisien surmené et un peu cliché, celle de Lucille, sa sœur ainée infirmière et bienveillante, et surtout celle de son père taiseux, rude, en l’absence de la mère hospitalisée.Le cadre du village de Peyrache que l’on peut supposer dans le Vercors drômois si l’on suit les traces de Fabrice Capizzano. Il fut apiculteur dans le secteur. Et ce n’est pas pour rien que le personnage central, Tom, tombe amoureux d’une apicultrice. Les scènes de travail avec les abeilles et le miel sont précises. Tom tombe raide dingue de cette fille qui conduit un chasse-neige. Il découvrira vraiment Marie aux beaux jours, en apicultrice indépendante et travailleuse.
La vie en couleur
Voilà pour la simple histoire d’amour. Mais Fabrice Capizzano est malin. Sous l’air de la simplicité de la vie, et de son écriture, il nous joue une autre musique. Celle bien sûr de Tom qui compose des chansons qui rencontrent rapidement un succès grâce au manager à l’ancienne, Franck, flambeur et gouailleur mais au savoir-faire incontestable dans le milieu musical. Celle des petits dérapages de la vie de chacun des personnages jamais tout blanc ou tout noir. Et pour cause, Tom voit chaque personne qu’il croise en couleur selon leur caractère ou leur humeur :Celle des mots dont il joue parfois. Jeux de mots -les bobos deviennent les bobios- et incursions dans l’actualité qui vient tapisser l’histoire « les candidats à l’élection américaine avaient des prénoms de cartoons, Donald, Hilary… ». Tiens c’est vrai, je n’y avais pas pensé !« Bleu tristesse, bleu chagrin, rose agacement, jaune joie, vert confiance, absinthe acceptation, violet répugnance, aubergine vigilance. Quelle serait pour vous la couleur du lâcher-prise ? Blanc ? Transparent ? Doré ? »
Sans méchanceté mais avec un peu d’amusement depuis son canapé, Tom (Fabrice Capizzano ?) regarde défiler les nouvelles désolantes du monde –migrants, attentats, élections…- éloigné et peu concerné. Mais ces incursions du réel traversent tout de même cette histoire d’amour qui prend un mauvais tournant.
C’est frais, drôle, enlevé, triste et coloré. C’est la vie quoi. Racontée comme une chanson populaire aux mots sonnants juste et à la mélodie que vous fredonnez malgré vous toute une journée sans la lâcher.
« La fille du chasse-neige » de Fabrice Capizzano aux éditions Au diable Vauvert.