Témoignages. "On sent que notre voix ne compte pas", dans la Drôme, ces jeunes s’abstiendront lors des législatives

Publié le Écrit par Blandine Lavignon
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Alors que les législatives anticipées se tiendront le 30 juin et le 7 juillet prochains, certains jeunes ne se rendront pas aux urnes. Témoignages de certains d’entre eux dans la Drôme.

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"C’est comme si la politique avait un intérêt uniquement pour les grandes métropoles" lâche Camille, 29 ans. Cette habitante de Loriol-sur-Drôme fait partie des nombreux jeunes qui n’ont pas voté lors des élections européennes du 9 juin dernier, et qui ne voteront pas non plus lors des législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet. Dans sa commune, comme dans la ville voisine de Montélimar, la liste du Rassemblement National de Jordan Bardella était en tête du dernier scrutin. Mais la grande gagnante des élections est surtout l’abstention, qui s’est élevée à plus de 50%. Un phénomène où les jeunes sont surreprésentés puisque 60% des moins de 35 ans se sont abstenus lors des élections européennes au niveau national, selon un sondage IPSOS.

"Habitant une zone rurale, j’ai le sentiment d’être délaissée" regrette Camille, qui travaille en tant que chargée de commande publique à Montélimar. "On sent que notre voix ne compte pas forcément...qu’on est "trop petits" pour être écoutés" ajoute-t-elle.

"Parler de politique, ça reste tabou"

Pour la Drômoise, la préoccupation principale est économique, mais elle n’a pas le sentiment qu’un vote pourrait changer les choses. "En tant que jeune, je ressens vraiment mon pouvoir d’achat diminuer. Je me sens comme dans un goulot d’étranglement à devoir retirer des produits de mon caddie, ou encore rogner sur mes loisirs pour payer mes factures" s’inquiète Camille, qui travaille depuis ses 17 ans. À Montélimar, la précarité gagne du terrain depuis plusieurs années. En 2021, le taux de pauvreté chez les moins de 30 ans était de 26%.

Des préoccupations et une désillusion partagée dans son groupe d’amis. Mais les opinions divergent malgré un vécu et un constat commun. "Parler de politique ça reste tabou, on évoque très peu le sujet car on ne partage pas forcément les mêmes idées. C’est souvent difficile de discuter de politique sans entrer dans un conflit" raconte Camille. Chez ces jeunes, aller voter est davantage l’exception que la règle.

Même son de cloche parmi ses amis du côté d’Eddy, 29 ans, commercial dans une entreprise de construction et pilote moto. "Je n’ai pas été assez impliqué ces derniers temps, entre le travail, la moto et le perso. Je préfère donc ne pas voter, d’autant plus que je ne me sens pas en adéquation avec les programmes" confie-t-il. Lui a déjà voté par le passé, en 2012, année de ses 18 ans. Mais depuis, ce Drômois n’est jamais retourné dans l’isoloir. En cause avant tout, un détachement du monde politique qui semble bien éloigné des préoccupations quotidiennes. "On parle rarement politique, je n’ai pas de gens dans mon entourage qui s’y intéresse, ils sont détachés de tout ça. Quand on en parle, il n'en ressort pas grand-chose à part entendre, malheureusement, "les Arabes dehors" ou "Macron c’est une merde"" regrette Eddy.

"Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit"

Dans la bande, Marine, 26 ans, ne s’est pas non plus inscrite sur les listes électorales. "Je n’étais même pas informée qu’il y avait les élections... En milieu rural, on a le sentiment d’être moins informés" regrette la jeune femme, qui n’a jamais voté de sa vie. Dans son entourage, plusieurs personnes sont dans le même cas. Mais la jeune femme, qui travaille en tant que responsable d’un magasin de matériel automobile, exprime aussi un manque de légitimité pour s’exprimer : "Au bac d’histoire, j’avais eu 2 en tombant sur la Vème République !" plaisante-t-elle.

Elle a le sentiment que les jeunes de son entourage s’intéressent moins à la politique que les "anciens". "C’est à nous de faire bouger les choses mais en même temps les politiciens auront toujours le dernier mot...pour moi la politique est totalement corrompue" affirme Marine. "C’est marrant mais depuis petite j’ai cette phrase de Coluche en tête : "si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit" cite-t-elle, précisant que c’est toujours par cette phrase qu’elle répond lorsqu'on lui demande pourquoi elle ne glisse pas de bulletin dans l’urne.

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