Témoignage. "Ça fait mal d'être totalement impuissant", la communauté libanaise de Valence inquiète après les bombardements

Publié le Écrit par Dolores Mazzola et Mélanie Leblanc
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Israël a lancé il y a une semaine une campagne de bombardements massifs sur les fiefs du Hezbollah dans le sud et l'est du Liban, ainsi que la banlieue sud de Beyrouth. À Valence, la communauté libanaise est inquiète et choquée.

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"On est spectateur. Comme si on nous mettait un film et qu’on était derrière un écran. On est dans l'impuissance de réagir. Ça reste quand même notre deuxième pays, par le sang, par les origines et par la culture. Ça fait mal d'être totalement impuissant. On se rend compte qu'on ne peut pas être sur place pour aider. On a envie de crier, on a envie de parler, de pouvoir être sur place", explique Tracy Saab qui parle d'un état de choc.

Maintenir le contact

"J'ai toute ma famille au Liban, mes oncles, mes tantes. J'ai beaucoup d'amis aussi. On connaît beaucoup de personnes dans le sud et la plaine de la Bekaa". La Franco-Libanaise, qui vit à Beaumont-lès-Valence, ne cache pas son inquiétude. Elle tente de maintenir un contact permanent avec ses proches sur place. 

Les bombardements massifs dans le sud et l'est du Liban, ainsi que la banlieue sud de Beyrouth, ont fait des centaines de milliers de ces déplacés. Ils ont trouvé refuge à Beyrouth, dans des conditions précaires. Certains craignent que ces déplacements massifs ne déstabilisent une nouvelle fois le pays. Une menace pour le fragile équilibre entre communautés sunnites, chrétienne, chiite et druze.

Tracy s’informe heure par heure de la situation au Liban. La jeune femme évoque ce besoin d'informations. "On essaye de voir si on arrive à avoir des informations au compte-goutte sur la situation sur place par les chaînes de télévision libanaises, françaises, internationales, en Amérique ou dans les pays arabes. On essaye aussi d'avoir des informations par les différents réseaux WhatsApp ou Telegram (...) On est en stress du manque d'information".

Aide à distance

Avec son association Lebanese Youth Overseas, Tracy tente d'apporter de l’aide. La plus efficace possible, même à distance. Son association drômoise est en contact avec une association sur place à Beyrouth. "En parlant avec eux, on s’est rendu compte que la nécessité n’était pas seulement les médicaments et la nourriture. Il y a aussi des besoins de matelas et de couvertures parce que beaucoup de gens dans le sud ou la plaine de la Beeka ont dû fuir leur maison à toute vitesse, sans prendre quoi que ce soit", explique la présidente de l'association Lebanese Youth Overseas. "Beaucoup se retrouvent à la rue (...) malgré l'ouverture d'hôtels, d'écoles, d'universités et d'églises pour accueillir un maximum de personnes". La situation que connaît aujourd'hui le pays est un déchirement pour la Franco-Libanaise.

"Je suis née au Liban"

Tracy Saab est une jeune femme amoureuse de son pays d'origine. Elle est arrivée en France en 1989 avec ses parents, à peine âgée de trois ans. La famille fuyait les conflits. "On a grandi en France, mais toujours avec cette culture libanaise". En 2016, elle décide de partir vivre et travailler dans son pays natal. "Au Liban, chaque jour est différent. On ne s'ennuie pas, c'est ce qui fait l'attachement à ce pays". Mais en octobre 2019, le climat change. La population descend dans la rue à la suite d’une série de chocs économiques. En décembre, la jeune femme décide de rentrer en France, la mort dans l'âme, devant renoncer à son rêve d'une vie sur sa terre natale. "Je suis rentrée et j'ai toujours essayé de promouvoir cette image positive du pays".

"Vivre en paix"

Et l'avenir dans ce pays du Proche-Orient secoué par les crises et les conflits ? "Aujourd'hui, on veut juste la paix. On demande à vivre en paix. On est fatigué de toujours devoir reconstruire. Le Liban n'est pas stable. Et aujourd'hui, on a besoin de stabilité. Pour pouvoir reconstruire ce pays une nouvelle fois, donnez-nous seulement la chance d'être en sécurité. C'est très dur. Être résilient, c'est fatigant. On lance un appel : laissez-nous vivre. On a besoin d'être en paix et d'avoir la sécurité à nos frontières", conclut la jeune femme. En juillet dernier, elle se trouvait au Liban pour des vacances. Elle devait y retourner mi-septembre, mais les vols vers Beyrouth ont été annulés.

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