A la découverte du château d’eau de Valence. Durant 3 jours, le parc Jean-Perdrix a célébré les 50 ans du château d’eau de Philolaos. Spectacles, ateliers, rencontres et projection, les habitants du Plan et de Fontbarlettes ont fait la fête avec l'association "Les Marmottes Buissonnières".
A Valence, les châteaux d’eau du parc Jean-Perdrix viennent de fêter leur cinquantième anniversaire. Les riverains avaient fini par l'oublier. Sous la houlette de l'association "Les Marmottes Buissonnières" et des maisons de quartier, une grande fête a été organisée durant trois jours, du 10 au 12 septembre, pour rafraîchir les mémoires.
Un signal fort pour les 2 nouveaux quartiers de Valence
Les deux tours de forme hélicoïdale vrillent sur elles-mêmes et s’élèvent à plus de 50 mètres de hauteur. Elles offrent un spectacle mouvant, toujours différent, aux visiteurs qui en font le tour. Le réservoir le plus important contient 1990 m3 soit presque 2 tonnes d’eau qui sont stockées au sommet.
Cette sculpture-architecture est née de la rencontre entre l’architecte André Gomis et le sculpteur grec Philolaos. Chef d'oeuvre d'art urbain du début des années 70, elle est classée "architecture contemporaine remarquable" et a obtenu le Label Patrimoine du XXe siècle. Quelle est l'origine de cette oeuvre monumentale?
En 1963, pour faire face à l’accroissement de la population et à la pénurie de logements à Valence, le maire Jean Perdrix décide de créer de nouveaux quartiers appelés "Zone à Urbaniser en Priorité" (ZUP). La conception est confiée à l’architecte-urbaniste André Gomis. Cette ZUP est constituée de deux secteurs distincts, le quartier du Plan et celui de Fontbarlettes. Ces deux quartiers sont séparés par un grand parc de près de 25 hectares situé sur une zone déclarée inconstructible à cause de la faible profondeur de la nappe phréatique. Mais la création de ces deux nouveaux quartiers nécessite des besoins supplémentaires en eau potable, et donc un système de stockage d’eau beaucoup plus important pour la population. Un château d'eau doit être réalisé.
André Gomis souhaite que les deux nouveaux quartiers soient repérables et identifiables dans le paysage. C'est un objet monumental, placé au coeur du parc urbain, entre les deux quartiers qui fera office de repère. L’idée d’associer cette œuvre monumentale avec un objet fonctionnel et nécessaire, comme le château d’eau, s’impose.
Prouesse artistique et technique
Pour réaliser ce château d'eau, André Gomis fait appel au sculpteur grec Philolaos. Ce dernier cherche une forme rappelant la torsion obtenue par martelage de formes métalliques. Il en résulte deux tours élégantes qui vrillent sur elles-mêmes en sens inverse. La réalisation de ces deux ouvrages a été un défi technique particulièrement ambitieux. L’artiste a été secondé dans sa tâche par des ingénieurs. La stabilité de ces tours de béton et surtout leur résistance au Mistral ont été confiées à des ingénieurs aéronautiques.
A l'arrivée, une impressionnante légèreté et une architecture qui provoque une sensation de vertige pour le spectateur. La monumentalité et l’élégance de ces deux colonnes de béton s’inspirent du célèbre "Moscophore" ou "porteur de veau". Une sculpture grecque archaïque qui représente un homme portant sur son dos un veau destiné au sacrifice. Les travaux lancés en 1969, ont été achevés en 1971. Dix ans plus tard, le sculpteur Philolaos a obtenu le prix du quartier de l'Horloge récompensant la meilleure œuvre d'art urbain des années 1970, pour sa Sculpture-château d'eau de Valence.
Durant ces trois jours de festivités, les habitants des quartiers alimentés par les deux châteaux d'eau ont redécouvert cet ensemble architectural qui fait partie de leur paysage depuis un demi-siècle.