Sous l'effet de l'alcool, "la fin justifie les moyens" selon une étude réalisée dans des bars de Grenoble

Une personne alcoolisée a plus tendance à adopter un raisonnement "utilitariste" et à juger acceptable de sacrifier une personne pour en sauver d'autres, selon une étude réalisée par des chercheurs grenoblois et acceptée vendredi 12 septembre par la revue scientifique Cognition.

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Drôle d'expérience que celle menée dans deux bars de Grenoble - en collaboration avec l'université américaine de Yale - et dont les résultats ont été accepté, vendredi 12 septembre, par la revue scientifique internationale Cognition. Les conclusions prêtent moins à sourire : sous l'effet de l'alcool, nous serions davantage prêts à sacrifier la vie d'un innocent au nom d'un objectif désiré.

Le dilemme "du tramway fou"


103 hommes et femmes ont été soumis à un test d'alcoolémie tout en se voyant présenter une variante du dilemme moral classique, dit "du tramway fou".

Ce dilemme consiste à imaginer un tramway en roue libre dévalant une pente en direction de cinq ouvriers en train de travailler sur la voie. Deux solutions s'offrent alors à vous : ne rien faire ou actionner un aiguillage pour dévier ce tramway vers une autre voie où il n'écrasera qu'une seule personne.

Mais dans l'expérience menée à Grenoble, la solution proposée était autre : on parle de la variante de l'homme obèse ; stopper la course du tramway en poussant un homme corpulent depuis un pont surplombant la voie, permettant là encore de sauver cinq vies.

Dans ce cas de figure, les répondants choisissent en général l'approche dite "déontologique", consistant à juger immoral d'utiliser un être humain simplement comme un moyen. Mais dans les bars de Grenoble, plus les participants étaient alcoolisés et plus ils adoptaient l'approche "utilitariste", choisissant de pousser l'homme corpulent du pont dans la variante du dilemme.

Si nous étions tous utilitaristes, il n'y aurait plus de société


"L'alcool affecte les compétences sociales impliquées dans la réponse aux dilemmes sociaux", résume Laurent Bègue, coauteur de l'étude et professeur de psychologie sociale à l'Université Pierre-Mendès-France de Grenoble. "Sous l'effet de l'alcool, le sacrifice d'une victime innocente semble moins inacceptable quand un but désirable est envisagé. La personne ivre estime davantage que la fin justifie les moyens", souligne-t-il.

A noter que des critiques sont toutefois formulées contre les expériences se basant sur ce dilemme du tramway et notamment sa variante avec l'homme obèse. Le scénario aurait tendance a provoquer l'amusement. Or l'humour mènerait à des résultats biaisés.

Une étude précédente avait déjà montré que des personnes à qui on injecte de la testostérone adoptent plus fréquemment une approche utilitariste. Or, "le raisonnement utilitariste strict conduit à une désintégration sociale. Si chacun imagine qu'il peut être supprimé pour le bien être du plus grand nombre, c'est la fin du lien social", souligne M. Bègue.
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