Ignazio La Russa, ancien militant d'un mouvement néofasciste, a été élu, ce jeudi 13 octobre, à la tête du Sénat italien. Il est considéré comme un très proche de la future Première ministre d'extrême droite, Giorgia Meloni.
Amateur de reliques fascistes, Ignazio La Russa, le "Raspoutine" de l'extrême droite italienne, a été élu jeudi à la présidence du Sénat, devenant ainsi le second personnage de l'Etat après le président de la République. L'analogie avec le célèbre guérisseur mystique russe, proche de la famille du dernier tsar russe Nicolas II, lui vient de ses jeunes années lorsqu'il arborait cheveux longs et barbe noire.
De tous les combats de la droite nationaliste italienne depuis la fin des années 1960, cet habile tacticien est un proche de Giorgia Meloni, future Première ministre, avec qui il a créé le parti Fratelli d'Italia. "Le Sénat a élu un patriote. (...) Pour Fratelli d'Italia, c'est un ami et un frère", s'est félicitée Giorgia Meloni.
Ignazio La Russa, qui a pour second prénom celui de Mussolini, Benito, a pour père Antonio la Russa : un ancien secrétaire de section locale du Parti national fasciste (PNF), puis élu après la guerre en tant que parlementaire du Mouvement social italien (MSI), un parti créé par des fidèles de Mussolini au sein duquel La Russa et Meloni feront leurs armes.
Le MSI puis Berlusconi
"Le MSI était le parti des vaincus de la guerre, mais leur grand mérite est de n'avoir jamais envisagé le terrorisme et la rébellion au détriment du choix démocratique", a-t-il expliqué au journal Il Corriere della Sera. "Bien sûr, ils revendiquaient un jugement différent sur l'Histoire, mais ils ont construit un parti on ne peut plus démocrate".
Pendant ses études à Milan, il milite dans l'organisation de jeunesse du MSI, puis obtient son premier mandat comme conseiller régional MSI de Lombardie, à 38 ans.
Il est nommé ministre sans portefeuille par Berlusconi au début des années 2000, puis à la Défense dans le gouvernement Berlusconi IV (2008-2011). Il est crédité d'avoir convaincu Berlusconi de participer à la guerre en Libye, qui mit fin au règne de Khadafi.
"Héritiers du Duce"
Tout en réfutant la voie autocratique du régime mussolinien, Ignazio La Russa demeure systématiquement dans l'ambiguïté.
Lorsque son frère Romano, responsable de la Sécurité de la Région Lombardie, déclenche une polémique pendant la campagne électorale en faisant le salut "romain", apparenté à un rituel fasciste, aux funérailles d'un militant néo-fasciste, Ignazio regrette "une grave erreur". Avant de faire lui-même une sortie pleine d'équivoque quelques jours plus tard : "Nous sommes tous les héritiers du Duce", déclare-t-il à la télévision, "dans le sens où nous sommes les héritiers de nos parents et de nos grands-parents".
Ce n'est pas sa première bravade sur le même thème. En février 2020, pour moquer les mesures de distanciation physique face à la pandémie de coronavirus, il publie sur son compte Twitter : "Ne tends la main à personne, la contamination est mortelle. Faites le salut romain, il est antiviral et antimicrobien". Avant de retirer son message.
Statues de Mussolini et voix dans les Simpson
En 2018, Il Corriere della Sera visite son domicile milanais et filme sa collection de reliques fascistes, des statues et médailles de Mussolini, des photos et livres sur les Chemises noires, l'Italie coloniale, etc. Des images ressorties ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
Il a une courte expérience de doublage dans un épisode des Simpson au début des années 2000, en prêtant sa voix très rauque au personnage de Garth, "un méchant sympathique", dit-il à l'époque comme s'il parlait de lui-même.
Son arrivée à la présidence du Sénat a été marquée par un discours inaugural de Liliana Segre, sénatrice italienne à vie âgée de 92 ans et survivante de la Shoah. "Aujourd'hui, je suis particulièrement émue par le rôle que le destin m'a réservé", a-t-elle déclaré. Un contexte particulier en effet, alors que le 100e "anniversaire" de la Marche sur Rome, qui a porté au pouvoir le dictateur Benito Mussolini, approche.