Le numéro de janvier d'Enquêtes de région, diffusée sur France 3 Auverne-Rhône-Alpes, se penche sur le réchauffement climatique. Habitat du futur, stations de ski abandonnées, végétalisation des villes, voici les 3 séquences à retenir.
La maison du futur existe déjà
A quoi ressembleront nos logements en 2050 ? Pour l’ADEME (Agence de la maîtrise de l’énergie), notre habitat va nécessairement évoluer. Nous vivons plus vieux, nos familles évoluent (et nos besoins de mètres carrés aussi) et nous sommes toujours plus connectés. Surtout, nous allons devoir adapter nos intérieurs aux nouvelles menaces : les crises sanitaires et le réchauffement climatique. La maison du futur existe déjà à Saint-Priest (Métropole de Lyon). Bienvenue dans l’une des 31 maisons passives des Hauts des Feuilly. Tout confort, elle ne vous coûtera que 100 euros de chauffage par an. C’est l’effet magique de la construction à ossature bois, de ses 30 centimètres d’épaisseur d’isolant et de ses grandes baies vitrées qui représentent 60% de la surface de la façade. Ajoutez des brise-soleil orientables, 5 m² de capteurs solaires, une cuve de récupération des eaux pluviales et vous voilà un modèle d’économie d’énergie et de respect de l’environnement. La piscine est en option mais, si vous y succombez, elle sera évidemment biologique.
L’habitat de demain ne sera pas seulement performant sur le plan énergétique, il permettra aussi de mieux supporter les confinements et les couvre-feux, en offrant du lien social. Illustration au Jardin des éléments à Villeurbanne (Métropole de Lyon). Là, on peut échanger (ou prendre l’apéro) en terrasse autour des jardins ouvriers partagés ou au rez-de-chaussée autour des bacs à compost. Pour quelques centaines d’euros, vous pouvez disposer d’un espace partagé supplémentaire pour organiser des fêtes ou fréquenter vos voisins. Quelques appartements peuvent aussi être scindés en deux pour s’adapter à l’évolution de votre mode de vie.
Nos logements de demain n’auront donc pas les mêmes volumes, leurs formes, aussi, risquent d’évoluer. Le toits terrasses végétalisés, qui permettent de récupérer l’eau de pluie et de faire baisser les températures de 3 à 5 degrés dans les intérieurs, devraient se multiplier. Tout comme les appartements traversants, qui permettent une meilleure ventilation lors des épisodes de canicule. Car le monde de demain sera très chaud. Le record de température en France (46°C aujourd’hui) pourrait atteindre les 50 à 55°C à l’horizon 2100.
Il existe 50 stations de ski fantômes en Auvergne-Rhône-Alpes
Saint-Honoré en Isère, Sainte-Eulalie en Ardèche ou Céüze dans les Hautes-Alpes… Depuis 1951, 168 stations de ski (dont une cinquantaine en Auvergne-Rhône-Alpes) ont dû fermer leurs portes en France, à cause du manque de neige ou de la faillite d’un promoteur. Ces stations offrent désormais le triste spectacle de bâtiments abandonnés, squattés ou vandalisés, de remontées mécaniques qui rouillent et de rêves brisés. A Céüze, à 20 minutes de Gap, ce sont 35 kilomètres de pistes, 9 téléskis, 50 emplois et 400 lits qui faisaient la renommée de la commune. Mais l’enneigement aléatoire a eu raison de la station. Et aujourd’hui, seuls les écoliers, les familles et les randonneurs continuent d’arpenter le domaine abandonné.
L’association Mountain Wilderness se mobilise, elle, pour faire disparaître les pylones qui polluent et les câbles qui blessent les oiseaux. A Sainte-Eulalie, il y a quelques mois, ses bénévoles sont venus raser le téléski qui n’avait pas servi depuis 20 ans. Chaque année, ce sont 12 tonnes de ferrailles qui sont ainsi recyclées par l’association. Et les choses ne devraient pas s’arranger dans les prochaines années. On estime que 86 stations de ski supplémentaires risquent de disparaître d’ici 2050.
La ville-forêt est en train de pousser
Aux dernières élections municipales, Anne Hidalgo s’est fait réélire en promettant de planter 170 000 arbres dans la capitale d’ici la fin de son mandat. La métropole de Lyon, elle, a un Plan Canopée, qui prévoit 300.000 arbres supplémentaires d’ici 2030. C’est le concept de ville-forêt, qui séduit de plus en plus d’élus et d’urbanistes. L’enjeu, c’est de rafraîchir la ville. Car l’arbre est l’arme absolue contre les ilots de chaleur que constituent nos agglomérations, avec leurs bétons et leurs enrobés. Il agit de deux façons : en nous faisant profiter de l’ombre de son feuillage et en restituant son évapo-transpiration (l’eau pompée dans le sol est rendue sous forme de vapeur d’eau dans l’atmosphère). Mais plus que le nombre d’arbres, c’est la surface de canopée (surface ombragée) qui compte : avec 14 500 hectares, la métropole de Lyon est ombragée sur 27% de sa surface. L’objectif est d’atteindre les 30% d’ici 10 ans.
Pour pousser, les arbres ont besoin de sols perméables. C’est l’autre obsession des tenants de la ville-forêt, qui veulent en finir avec la bétonisation des sols. Ils conçoivent même des usines à terre : sur les chantiers, ils récupèrent des matériaux de sous-couches et les mélangent à du compost (et ses vers, champignons et autres bactéries). En quelques mois, ils obtiennent des terres fertiles, sur lesquelles ils vont pouvoir planter les arbres. Car l’objectif des pouvoirs publics, c’est que tout le monde participe au développement de la ville-forêt : la collectivité publique, les promoteurs immobiliers mais aussi les particuliers dans leur jardin.