Ain. Exode urbain : les élus inquiets par ces lyonnais qui arrivent à la campagne

Ils quittent la ville pour la campagne. Un air plus pur, une vie plus zen. Mais le phénomène alimente la hausse des prix de l’immobilier. Et provoque l’inquiétude de certains élus. Exemple à Ambérieu-en-Dombes.

Ambérieux-en-Dombes, son petit château médiéval, ses rues bucoliques et son coquet centre-village. A 36 km de Lyon… Le cadre idéal pour fuir l’air grisonnant de la ville et s’y construire une petite vie bien tranquille. Et les Lyonnais ont eu vent du bon filon. Ils sont de plus en plus nombreux à chercher une maison dans le coin. Mais pas n’importe laquelle : plusieurs chambres, un jardin, 100m² minimum. On ne déserte pas la grande ville pour moins que cela. «Les biens les plus prisés sont des petites maisons familiales avec le cachet de l’ancien», explique Fanny Dialectakis, agente immobilier pour Ici Habitat, la seule qui a pignon sur rue dans le village.

Un marché sous tension

«Souvent, les acquéreurs potentiels ont une ou deux journées de télétravail, du coup ils sont prêts sur les jours restants à faire un effort sur le temps de trajet, ça les motive à s’éloigner», raconte Raphael Nectoux, directeur de l’agence immobilière Stéphane Plaza de Villars-les-Dombes, qui estime la part de lyonnais à 40% de sa clientèle. «Il n’y a pas longtemps, j’ai mis un bien en vente un vendredi, j’ai reçu une vingtaine d’appels dans le week-end, et le mardi, il était vendu», ajoute Fanny Dialectakis, peu habituée à des transactions aussi rapides. Le Lyonnais en mal de verdure est devenu son acheter principal pour les maisons.

Je reçois de nombreux appels d’acquéreurs désespérés qui n’en pouvaient plus d’être en appartement pendant le confinement, et ils me racontent qu’ils ne trouvent rien et que dès qu’une annonce parait, le bien est immédiatement vendu.

Fanny Dialectakis

Un bien tellement prisé qu’il est désormais en voie de disparition. Beaucoup d’acheteurs et peu d’annonces, le confinement n’ayant pas incité les vendeurs potentiels à lâcher leur précieux graal, les agences se retrouvent avec un marché en tension dans toute la Dombes. Une maison de 100 m² avec un petit jardin se vend facilement plus de 300 000 euros. Problème, la hausse de la demande engendre mécaniquement la flambée des prix. Et en plus de cela, le Lyonnais a le budget. Quand on a vendu un T2 dans le 7°, on a de quoi s’acheter une villa à Ambérieu, à peu de choses près. «Les Lyonnais ont du pouvoir d’achat, c’est sûr, et cela fait augmenter le prix, parfois même un peu trop», confirme Fanny Dialectakis. «Et entre les prix qui augmentent et la pauvreté de l’offre, les gens sont prêts à s’éloigner encore, affirme Raphael Nectoux, parfois même jusqu’à Ambérieu en Bugey, près de la gare surtout».

L'inquiétude des élus locaux 

Une folie acheteuse qui inquiète les élus locaux. A Ambérieux-en-Dombes, un peu en dehors du centre-village, on construit un lotissement. 70 villas flambant neuves et tout confort. 80% des acheteurs sont lyonnais. Pierre Roset, premier adjoint au maire, voit venir les difficultés. «Nous sommes une petite commune, nous n’avons pas les budgets des grandes villes», explique-t-il.

Et quand certains me demandent de refaire des trottoirs ou de construire de nouveaux parkings, je pense qu’ils n’ont pas intégré que nous n’avions pas les moyens de la métropole lyonnaise

Pierre Roset

Emploi, transports, école, ramassage de déchets, équipements… face à l’arrivée massive des citadins dans son village, l’élu s’alarme des efforts qu’il va falloir fournir pour s’adapter. «Nous avons une seule école, nous n’avons pas de service juridique à la mairie, et on a beau être à la campagne, nous vivons parfois les uns à côté des autres», ajoute Pierre Roset qui dénonce déjà des incivilités croissantes et des problèmes de voisinage.

Au-delà de ces aspects pratiques, l’élu se demande quelles seront les conséquences sociologiques induites par ces déplacements de population. Quel avenir pour son village ? Car à Ambérieux, 1744 habitants, les gens sont impliqués, mobilisés, investis dans les nombreuses associations qui font vivre le lieu. «Je ne veux pas que l’on devienne l’une de ces ville-dortoirs sans aucune vie», conclut-il.

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