Génocide rwandais - Le parquet demande le non-lieu pour le père Wenceslas Munyeshyaka

Le Père Wenceslas Munyeshyaka est le premier Rwandais résidant en France contre lequel une plainte a été déposée en juillet 1995, pour son implication présumée dans le génocide des Tutsi. Vingt ans après le début de l'enquête, le parquet de Paris a requis mercredi 19 août un non-lieu pour le prêtre.

Le parquet a toutefois souligné son rôle "trouble" pendant cette période.


"S'il ressort des investigations que le rôle de Wenceslas Munyeshyaka durant le génocide de 1994 a pu susciter de très nombreuses interrogations (...) l'instruction n'a pas permis, au final, de corroborer de façon formelle des actes précis et certains d'une participation active", indique le procureur de la République dans un communiqué. "Le rôle certes trouble de Wenceslas Munyeshyaka dans le génocide ne suffit pas à caractériser l'infraction pénale de complicité", ajoute le procureur, en précisant que "les actes constitutifs" doivent être effectués de "façon positive et non par abstention". Il appartient désormais aux juges d'instruction d'ordonner ou non le renvoi devant une cour d'assises du prêtre.

Au Rwanda, le prêtre était connu pour circuler armé et protégé par un gilet pare-balles. Ci-dessous une photo du Père Wenceslas Munyeshyaka. Sur ce cliché, le prêtre rwandais est au côté d'un militaire. La photo a été prise à Kigali, par l'AFP, à la fin du printemps 1994. 


Pendant le génocide rwandais, durant lequel 800 000 personnes, principalement de la minorité Tutsi, ont été massacrées entre avril et juillet 1994, selon les chiffres de l'Onu, le prêtre catholique de 35 ans était vicaire de la paroisse de la Sainte-Famille à Kigali. Il s'agissait de l'une des plus grandes paroisses de la capitale, où furent accueillis des milliers de civils. 

Incarcéré brièvement à deux reprises en France (1995 et 2007)

Exilé en France avec l'aide de l'Église, qui lui a apporté son soutien, le religieux avait été arrêté en Ardèche et mis en examen fin juillet 1995. Le prêtre catholique est le premier Rwandais visé par une plainte en France pour génocide. Le père Wenceslas Munyeshyaka, qui était alors vicaire à Bourg-Saint-Andéol, avait été remis en liberté ... Il était réfugié dans la commune ardéchoise depuis octobre 1994. (les reportages ci-dessous - Archives INA août 1995)

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reportage 12/8/1995 de Jean-Louis Bessière pour France 3 RA. ©INA

Les réactions à la remise en liberté du père Wenceslas... le curé de Bourg-Saint-Andéol le soutient. Du côté de la revue lyonnaise Golias, on accuse ... 

reportage du 12/8/15 de Gérard Teissier pour France 3 RA. Intervenants : Père Armand (curé de Bourg-St-Andéol) / Brigitte Cayuella (journal Golias)

Le père Wenceslas avait de nouveau été interpellé à la suite du mandat d'arrêt lancé en 2007 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), puis de nouveau libéré sous contrôle judiciaire. Dans l'acte d'accusation daté de juillet 2005, le procureur du TPIR lui reprochait d'avoir participé à des réunions planifiant des massacres et d'avoir livré des civils tutsi aux milices hutu. Le religieux était aussi accusé d'avoir lui-même abattu trois jeunes Tutsi, encouragé ou commis des viols. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) s'est dessaisi de l'affaire en 2007 au profit de la justice française.


Le prêtre âgé de 57 ans, qui officie aujourd'hui à Gisors (Eure), a toujours clamé son innocence, affirmant avoir fait de son mieux pour aider les civils et assurant avoir fui Kigali car les "miliciens" lui "reprochaient d'avoir protégé les Tutsi".

En 2006, un tribunal militaire rwandais a condamné le père Wenceslas en son absence à la prison à vie.
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