Un an après l'attaque, la vente de Charlie Hebdo a démarré doucement à Grenoble, ce mercredi 6 janvier au matin.
Un an après l'attaque djihadiste qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo, certains sortent de leur tabac-presse avec deux exemplaires du numéro spécial sous le bras. Des exceptions. "Évidemment, ce n'est pas la même chose qu'en janvier dernier, où il y avait la queue sur plusieurs dizaines de mètres. Mais ça marche assez bien quand même", témoigne un commerçant de Grenoble. A midi, il n'avait plus aucun des 20 exemplaires qui lui étaient attribués.
"Cette histoire m'a touchée", explique une cliente. Elle ne l'a acheté que "très occasionnellement" et ne l'avait quasiment jamais lu avant la tuerie, mais aujourd'hui, pour l'anniversaire, elle l'achète "par solidarité".
"Je ne l'achetais pas avant, mais je l'ai pris plusieurs fois cette année. C'est plutôt bien d'être mal à l'aise en le lisant. Autrement, il y a une espèce de chape de plomb qui s'installe sur la société", assure Francis, après avoir pris son exemplaire.
Reportage Benoît Le Vaillant
En Une, un Dieu armé à la barbe tachée de sang. Ce numéro spécial rend hommage aux collaborateurs de Charlie Hebdo et aux policiers tombés sous les balles des djihadistes, ainsi qu'aux morts de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes. "Charlie, c'est l'insolence érigée en vertu et le mauvais goût en principe d'élégance", salue la ministre de la Culture dans les pages du journal."Laïcité, la belle fille qui ne voulait pas se laisser lapider"
Les auteures Marie Darrieusecq et Taslima Nasreen, les actrices Juliette Binoche et Isabelle Adjani, entre autres, ont aussi écrit un billet de soutien dans les colonnes du journal satirique, fondé en 1970 et relancé en 1992.
Dans un dossier intitulé "Laïcité, la belle fille qui ne voulait pas se laisser lapider", ou "Dieu n'existe pas: il ne s'est pas abonné à Charlie", l'équipe du journal réaffirme aussi ses convictions, laïques, anticléricales et profondément athées. "C'est l'idée même de Dieu que nous, à Charlie, on conteste", a martelé le patron de Charlie Hebdo, Riss, dans un entretien. "En affirmant les choses clairement, ça fait réfléchir. Il faut un peu bousculer les gens, sinon ils restent sur leurs rails".
Charlie vend environ 80.000 exemplaires en kiosque chaque semaine et a gagné 200.000 abonnés après l'attentat. L'enjeu des prochains mois sera de voir si ces nouveaux lecteurs restent fidèles au journal, avec ses prises de position militantes et son humour tranchant.