Après les cheminots ou encore les intermittents du spectacle, les inspecteurs du permis de conduire sont le nouveau corps de métier à se mettre en grève contre une réforme prévue par le gouvernement. Un mouvement très suivi (80% en France, 96% en Isère) et qui pourrait durer.
A quelques jours du coup d'envoi de la réforme du permis de conduire, plusieurs milliers d'examens ont été annulés, ce mercredi 25 juin, en raison d'une grève des inspecteurs qui menacent d'engager un bras de fer avec le gouvernement.
En Isère, 23 des 24 inspecteurs du permis ont suivi le mouvement. En France, plus de 80% des quelque 1.300 inspecteurs ont participé, ce qui a entraîné l'annulation de 10.000 examens du code et de la conduite, selon des syndicats.
Pour réduire les délais de passage du permis et donc baisser son coût, le gouvernement a annoncé le recours à des retraités de la police et de la gendarmerie pour surveiller les examens du code, à partir du 1er juillet. A partir de 2015, la surveillance de l'examen du code sera confiée à un prestataire agréé par l'État. Le but est de permettre aux inspecteurs de se concentrer sur l'examen de conduite.
![](https://assets.webservices.francetelevisions.fr/v1/assets/images/5c/a3/68/5ca368d7-ff8a-4244-8d04-60cf71ddd1be.jpg)
Vers une grève illimitée ?
Actuellement, les inspecteurs consacrent 70% de leur temps à faire passer les différents examens (code, permis voiture, moto, poids lourd...), justifie le ministère de l'Intérieur. Dans un communiqué, il a souligné que la réforme, finalisée au terme d'une "mission de concertation" de septembre à mai, permettrait de réduire de 90 à 45 jours le délai entre deux examens de conduite pour les candidats recalés."Ma préoccupation est de créer des places d'examens supplémentaires pour les jeunes", a expliqué Bernard Cazeneuve.
Les syndicats auraient eux préféré que le gouvernement recrute "environ 200 inspecteurs (...) pour permettre de réduire les délais de passage de l'examen du permis de conduire".
Un démantèlement du service public des examens du permis de conduire"
L'Unsa-Saneer (Syndicat autonome national des experts de l'éducation routière) s'est étonné dans un communiqué que le ministère transmette "des directives aux préfets" pour l'application du texte, tout en les invitant "à une réunion de travail" pour convenir d'"ajustements". "Cette méthode n'est pas admissible, le dialogue social avec les représentants du personnel est bafoué", a estimé le syndicat, évoquant un "démantèlement du service public des examens du permis de conduire".
"Seule une forte mobilisation" pourra inciter le gouvernement "à revoir sa copie", a déclaré Jean-Bernard Marcuzzi, représentant du SNPTAS-CGT. "Si le ministre ne nous écoute pas, nous nous engagerons à la rentrée de septembre dans une grève illimitée", a renchéri Pascale Maset, secrétaire générale du Snica-FO (majoritaire).
La réforme du permis prévoit par ailleurs d'autoriser la conduite accompagnée dès 15 ans, contre 16 actuellement, l'obtention du permis dès 17 ans et demi, l'instauration d'un permis "probatoire" avec un ou deux rendez-vous pédagogiques obligatoires et l'instauration de cours de sécurité routière pour les élèves de seconde.