Les clients de la SNCF ne revivront pas le cauchemar de juin dernier. La grève lancée à compter de ce lundi 9 mars au soir, par la CGT-Cheminots, entraînera très peu de perturbations. Le mouvement s'oppose à la réforme ferroviaire et à la "nouvelle SNCF" qui en découlerait.
Il s'agit de la cinquième grève contre la réforme du rail depuis fin 2012. Mais pour la première fois, le mouvement n'est lancé que par la CGT. Et, contrairement à la grève de juin dernier qui avait duré douze jours, le préavis déposé par le premier syndicat du rail n'est cette fois pas reconductible. Il débute à 19 heures ce lundi et court jusqu'à mercredi 8 heures. Les perturbations devraient être minimes.
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Quelques exemples pour la journée du mardi 10 mars:
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Selon la SNCF, la grève aura très peu d'impact. Le trafic devrait être normal sur les grandes lignes et en Ile-de-France mardi, alors que huit TER sur dix circuleront en région.
Ces prévisions, établies sur la base des intentions de grève déposées en amont, non communiquées à la presse, semblent indiquer une faible mobilisation. Le taux de grévistes sera communiqué mardi matin par la SNCF, qui a la possibilité de réaffecter des personnels disponibles.
Cette grève sera un "fiasco", prédisait il y a quelques jours le syndicat non-représentatif First, en critiquant les modalités d'organisation de cette action en solo. "Un mauvais taux de participation peut servir d'alibi à la direction pour justifier l'accélération de ses réorganisations", s'inquiétait-il.
Avec cette grève, la CGT, dont l'audience décline au fil des ans, prend le risque de s'isoler davantage alors que d'importantes négociations doivent être menées d'ici à mi-2016 et, en fin d'année, les premières élections internes à l'échelle du groupe réunifié organisées.
Dans son préavis, la CGT s'en prend une fois de plus à la réorganisation du système ferroviaire votée par le Parlement l'été dernier et déployée progressivement depuis le 1er janvier. Son appel coïncide avec la consultation du Comité central d'entreprise sur la mise en oeuvre de la réforme.
'Baroud d'honneur"
L'objectif de cette réforme, dont le premier effet est de regrouper les 149.000 salariés de la SNCF et les 1.500 employés de Réseau Ferré de France (RFF), est de créer un nouveau groupe public plus concurrentiel et efficace. La nouvelle organisation doit permettre au Réseau et à l'exploitant de mieux travailler ensemble, tout en garantissant leur indépendance dans la perspective de l'ouverture totale à la concurrence.Mais pour la CGT-Cheminots, elle "cloisonne" au contraire davantage les activités. Le syndicat demande des "négociations sur la structuration" de la nouvelle SNCF. Or, "renégocier la loi n'est pas possible. Le débat démocratique a eu lieu. Cette grève est donc sans issue. C'est un baroud d'honneur", tance un porte-parole de l'Unsa, deuxième syndicat.
Aujourd'hui, "la CGT se retrouve isolée", affirme l'Unsa, uni jusqu'en juin avec la CGT et Sud dans une plateforme de revendications communes pour tenter d'infléchir la réforme.
Prévenu "tard", SUD-rail assure qu'avec la CGT "l'unité syndicale est préservée". Mais le troisième syndicat, moteur avec la CGT de la grève de juin, explique vouloir "maintenant se concentrer sur les effets" de la réforme et "les négociations" qui en découlent, à commencer par celle de la future convention collective du rail qui doit définir un cadre social commun aux entreprises de la branche, publiques ou privées.
Ce cadre sera décliné à la SNCF par un accord d'entreprise. Les discussions doivent démarrer en fin d'année. Il s'agira de "mettre à plat" l'organisation du travail, les métiers et le temps de travail pour faire que "chaque heure payée soit une heure productive", expliquait récemment le président du directoire de la SNCF Guillaume Pepy, accusé par la CGT de jeter "de l'huile sur le feu".