Entraîner son chien à trouver des victimes dans des décombres. C’est une vraie épreuve sportive qui fait l’objet d’un concours. Ils étaient 14 concurrents à se lancer dans l’aventure ce dimanche 17 avril 2022 à Yssingeaux en Haute-Loire. Ils s'appellent Hayka, Plume, ou encore Nins et ils sont accompagnés de leur maître. Flair, confiance, stabilité et courage sont les qualités observées lors de cette épreuve.
Christine Frugié s’avance vers la juge avec Hayka à ses côtés. Hayka dénote dans ce paysage de gros chiens. C’est une petite Jack russell de bientôt 10 ans qui n’a pas peur de s’élancer sur l’imposant tas de gravats qui lui fait face. Un homme y est caché dans un tuyau. Un directeur d’école, selon le scénario fictif retenu par le club canin des sucs basé à Yssingeaux. « Ceci est une école qui a explosé pendant la nuit. Le directeur avait un lit d’appoint, on suppose qu’il était resté dormir dans le bureau. » Danielle Richard, la juge du concours, plante le décor. Hayka peut s’élancer. Avec aisance. Avec assurance. Avec confiance. « Elle est tenace », constate Danielle Richard qui ne quitte pas le chien des yeux. Hayka se met à aboyer. Il ne lui a fallu que quelques minutes pour détecter le malheureux homme, prisonnier de son tuyau. « Vous pouvez rappeler votre chien ! », lance la juge à la propriétaire de Hayka.
« C’est un chien de très petit gabarit et je trouve qu’il a une aisance très sûre sur les décombres et j’ai beaucoup apprécié de voir son cheminement », détaille Danielle Richard dans son compte-rendu. « Il n’a jamais abandonné, il était tenace et il n’a jamais réagi avec un manque d’intelligence. » La petite Jack Russel a su mener sa quête avec prudence, elle obtiendra 90 sur 100 à cette épreuve.
Fierté
Une fierté et une récompense pour elle et sa maîtresse après des années d'entraînement. « En règle générale, c’est une petite chienne qui ne me déçoit jamais, elle est toujours fidèle à elle-même », témoigne Christine Frugié, la propriétaire de Hayka. « Elle connaît sa maîtresse, elle sait que j’ai des difficultés un peu physiques, elle compense mes difficultés. Vu le gabarit et son déplacement sur le terrain, la juge est fière mais moi aussi ! »
Un entraînement qui a commencé très jeune. Une victime d’abord visible, puis que l’on éloigne. Enfin, il faut habituer le chien à trouver une personne sans la voir. Le plus dur, c’est d’apprendre au chien à rester près de la victime et à continuer d’aboyer jusqu’à ce que le maître arrive.
14 couples maîtres-chiens étaient engagés dans ce concours à Yssingeaux. Certains n’ont pas eu la même aisance que Hayka : « Plume est beaucoup plus un chien de quête. Ici elle trouve la victime mais elle est dérangée par le fait que la victime soit enfouie. » Danielle Richard reste encourageante avec la maîtresse de Plume. « Mais c’est normal que vous ayez quelques difficultés vu que vous commencez avec la discipline. Votre chien a le nez pour faire un bon chien de décombres. » Note finale : 72 sur 100.
Un concours sportif dont l’objectif principal pour les maîtres mais aussi les chiens, c’est de s’amuser. « Nous nous régalons à travailler nos chiens, nous avons du plaisir à apprendre aux chiens et à nous confronter à un jury qui nous dira si nous avons bien travaillé ou non. » Philippe Long est venu de Perpignan avec Nins. C’était leur toute première recherche dans des décombres après des entraînements en forêt. « Nous avons encore du travail à faire mais le chien a montré qu’il avait envie de faire. A nous de lui apprendre. »
Des chiens qui ne sont pas destinés à devenir chien-sauveteur, mais qui seront peut-être quand même repérés : « Ces entraînements, c’est avant tout pour pousser les capacités du chien, voire améliorer et sélectionner les chiens en vue d’avoir des chiens plus performants pour que les gendarmes, les policiers ou les pompiers puissent puiser ensuite dans les élevages destinés aux particuliers» , explique Frédéric Boutin, responsable du travail sauvetage au club canin des sucs d'Yssingeaux.
Hayka, futur chien policier ? malgré ses performances, c’est peu probable. La petite chienne est désormais proche de la retraite. Mais elle a prouvé que les Jack Russel peuvent être aussi efficaces qu’un mâlinois ou un berger allemand. Et qu’ils n’ont pas aussi mauvais caractère qu’on veut bien le dire.