En Haute-Loire, les habitants de la petite commune de Chanteuges étaient appelés ce samedi 22 avril à se prononcer pour ou contre la construction d'une microcentrale hydroélectrique dans leur village. A plus de 70% ils ont voté contre. La balle est désormais dans les mains de la communauté de commune instigatrice du projet.
Samedi 22 avril, l’ambiance est tendue dans la petite mairie de Chanteuges, en Haute-Loire, pour le dépouillement d’une consultation citoyenne. Les habitants étaient appelés à se prononcer sur la construction d’une microcentrale hydroélectrique. On compte 192 votants sur 374 électeurs, et 150 voix contre le projet, 40 pour. En très grande majorité, les habitants sont opposés ce projet voulu par la communauté de communes. Sandrine Roux, maire de Chanteuges, explique : « L’objectif est de donner un avis éclairé aux conseillers communautaires, pour qu’ils sachent, quand ils vont voter le budget de cette microcentrale, ils le font contre l’avis de notre population. Le projet nous impacte directement sur la commune ».
Des travaux commencés
Lancés en 2018, les travaux ont été suspendus à peine commencés. Pour ses opposants, cette microcentrale sur la rivière Desges n’est absolument pas rentable. Sandrine Roux poursuit : « Aujourd’hui on a un chiffrage à un peu plus d’un million d’euros pour une productivité à 95 kilowatts. A titre d’exemple, une éolienne coûte à peu près la même chose et va produire 1 mégawatt. Vous comprenez que la rentabilité n’y est pas du tout. La démesure du projet nous fait peur ».
En aval du projet, on trouve le conservatoire national du saumon et ses centaines de milliers d’alevins relâchés tous les ans dans l’Allier et ses affluents. Son directeur est inquiet de l’impact qu’aurait la microcentrale. Patrick Martin, directeur conservatoire national du saumon, souligne : « Le conservatoire national du saumon a été construit à la confluence de l’Allier et de la Desges pour bénéficier de l’excellente qualité et du débit de la Desges. Aujourd’hui, en l’absence d’une étude d’impact, on ne peut pas garantir que la microcentrale ne nuira pas à notre établissement, notamment en cas de dysfonctionnement ».
Un déficit à combler
Pour les promoteurs du projet en revanche il s’agit de lutter contre le déficit de l’auberge communautaire et son endettement. Gérard Beaud, président de la communauté de communes du Haut-Allier, indique : « Si on ne fait pas la microcentrale, en 2061, il restera 600 000 euros à régler. En étant un élu responsable, il faut poser la question dans ce sens-là : qui va payer si on dit non ? ». A Chanteuges, les positions semblent inconciliables. Prochaine épisode au conseil communautaire des rives du Haut-Allier.