Le Conseil d’Etat a annulé la désactivation provisoire d’une antenne 4G à Mazerat d’Allier en Haute-Loire décidée par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, alors qu’un agriculteur voisin estime qu’elle est responsable de la perte d’une cinquantaine de ses vaches sur 200 depuis son installation.
C’est un nouveau coup dur pour Frédéric Salgues, l’agriculteur de Mazerat d’Allier en Haute-Loire qui accuse une antenne 4G d’affecter le comportement et la production de lait de son troupeau de vaches. La décision rendue mercredi 17 août par le Conseil d’Etat annule celle du tribunal administratif de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) qui avait ordonné le 23 mai dernier la désactivation pour 2 mois de cette antenne située à proximité de son exploitation agricole.
Cité par l’AFP, l’éleveur affirme que cette antenne installée en juillet 2021 dans le cadre de l’opération « New Deal », un accord entre l’Etat et les opérateurs de téléphonie mobile Orange, Free et Bouygues Telecom pour résorber les zones blanches, est responsable de la mort de 50 vaches sur 200 et sa production de lait « a chuté de 15 à 20% dans les jours qui ont suivi la mise en place de l’antenne » passant de 25 à 30 litres de lait par vache chaque jour à 10 litres désormais. « Nous sommes dépités, mais on ne va pas se laisser faire, nous avons de nombreux soutiens » dit-il.
Le maire de Mazeyrat-d'Allier, Philippe Molhérat, qui avait autorisé l'installation de l'antenne, avait témoigné de l'état alarmant du troupeau, redoutant "une catastrophe sur le plan humain".
La réplique des agriculteurs de la Haute-Loire n'a pas tardé, dans la matinée du 18 août une soixantaine d'entre eux se sont regroupés au pied de l'antenne relais et ont décidé de couper son alimentation en actionnant le disjoncteur. Selon l'agriculteur, ses vaches ont aussitôt retrouvé une certaine vigueur.
Pourtant le Conseil d’Etat indique que si l’exploitation agricole « fait état d'un taux de mortalité important dans son cheptel », elle « ne l'établit pas, un tel péril grave n'étant pas non plus caractérisé par les conséquences économiques de la baisse de la production laitière et de sa qualité ».
Sa décision annule donc celle du tribunal administratif de Clermont-Ferrand qui avait donné 3 mois à l’Etat et aux opérateurs pour procéder à l’interruption et organiser la sécurité et les appels de secours dans la zone concernée. Les avocats d’Orange, Free et Bouygues Telecom avaient mis en avant dans leur pourvoi en cassation l’absence d’élément scientifique établissant un lien entre la santé des animaux et les champs électromagnétiques. Lors de l’audience devant le tribunal administratif un expert judiciaire avait déclaré ne pas avoir d’éléments médicaux pour expliquer la chute brutale de production de lait, mais s’était dit favorable à une suspension de l’antenne pour poursuivre son expertise. « C'est une grande déception, même si c'était prévisible. Le simple fait de rechercher la vérité ne nous est pas permis », a déclaré Romain Gourdou, avocat de l'éleveur, qui dit étudier d'autres recours.