Ce lundi 8 février, cela fait 10 jours qu'Eric Durupt est en grève de la faim. Cet enseignant du Puy-en-Velay veut que Madama, réfugié malien qu'il accueille dans sa famille, obtienne un titre de séjour. La préfecture s'y oppose, car le jeune homme aurait fourni de faux documents d’identité.
Au Puy-en-Velay, Eric Durupt, enseignant, se bat pour que le jeune réfugié malien accueilli dans sa famille, puisse rester en France. La préfecture de Haute-Loire refuse, pour l’heure, de lui délivrer un titre de séjour, alors que Madama est scolarisé et en contrat de formation dans une exploitation agricole. Devenu majeur, il n'a plus la protection de l'Etat. Alors, depuis dix jours, Eric Durupt boit de l'eau, des tisanes ou un bouillon.
Un élève motivé
Cette grève de la faim est son combat pour Madama, pour prouver que ce jeune homme arrivé il y a deux ans, est de bonne foi, volontaire et désireux de vivre en Haute-Loire."Madama, quand il est arrivé, il ne connaissait pas la France, il ne parlait quasiment pas le français. Il ne savait pas lire, ne savait pas écrire, Madama n’a pas été scolarisé. Nous, on l’a vu progresser, on l’a vu s’accrocher. Moi, je suis enseignant donc je sais ce que c’est que le travail d’un élève. Au début, il a fallu lui apprendre à tenir un stylo, et là tout s'arrête, tout s'arrête… », regrette Eric Durupt.
"On accuse un jeune homme d’avoir falsifié des papiers alors qu’il ne savait ni lire ni écrire"
La préfecture refuse un titre de séjour au jeune Malien parce qu'il aurait fourni de faux documents d'identité, un prétexte pour Véronique Durupt : « On accuse un jeune homme d’avoir falsifié des papiers alors qu’il ne savait ni lire ni écrire. Pour nous, ça ne tient pas debout, ces accusations sont insensées et révoltantes. Elles sont là selon nous parce qu’il faut bien que la préfecture avance des raisons pour justifier ce qui, pour nous et pour beaucoup de gens qui soutiennent Madama, est injustifiable. »
Le rêve de devenir agriculteur
Madama s'accroche au lycée, il perfectionne son français et veut être agriculteur. Il ne comprend pas les doutes de l'administration : "C'est compliqué parce que tout ce qu'on nous demande, on ne trouve pas, du travail, des papiers, c'est dur parce que quand on parle ... « Il veut dire ça il veut dire ça »… Et ça ne marche pas, ça ne va pas ! Quand on demande on a besoin." Une pétition est en ligne, un rassemblement devant la préfecture est prévu ce mardi 9 février. Madama y est convoqué dans une semaine. L'Etat lui propose une aide au retour volontaire au Mali.