Aux confins de la Haute-Loire, à la limite de la Lozère et de l'Ardèche, une randonnée suit le sentier des muletiers entre Pradelles, un des plus beaux village de France et l'auberge de Peyrebeille, lieu de passage routier qui a fait trembler les voyageurs du début du XIXeme siècle.
Connaissez-vous l’auberge de Peyrebeille ? Cette ferme basse et trapue date de la Révolution française, en Haute-Loire, à la frontière avec l'Ardèche. Cette auberge sanglante a défrayé la chronique dans les années 1830. Les commerçants, les diligences, les muletiers se croisaient sur un plateau aride et désertique. Une randonnée permet de découvrir les chemins qui mènent à cette auberge. Au départ de Pradelles, pour aller jusqu'à l'auberge rouge et sanglante de Peyrebeille, il faut emprunter un chemin un peu plus ancien que l'auberge : “C’est un ancien chemin muletier qui relie Pradelles aux Bas-Vivarais, qui permettait entre autres le transport du vin jusqu'à Pradelles, le vin qui a été la marchandise qui a fait la fortune de Pradelles pendant quelques siècles », explique Dominique Béguin président de Tourisme en Pays de Cayres-Pradelles. Le parcours fait environ 11 km.
Des légendes sordides
Marie Thérèse Chassefeyre, membre de tourisme en Pays de Cayres-Pradelles, section randonnée, explique : “On va prendre ce fameux sentier, on va arriver à l'auberge et on va dépasser les 1 300 mètres d'altitude. L'auberge servait de point de relais entre le Haut-Vivarais et le bas du Velay. C’est un endroit très aéré. On voit le mont Lozère qui se trouve plein sud avec presque 1 700 mètres d’altitude. »
En approchant de l'Auberge Rouge, les chemins deviennent blancs. Ils mènent à la croix de la Pose : “Dans ce carrefour, il y a 6 chemins qui se croisent. On est sur un petit col, ça prend le vent de tous les côtés et c'est pour ça que la neige s'accumule bien. En 1812, d'après Paul d'Albigny, c'est ici que Pierre Martin et son domestique Jean Rochette ont attendu un cavalier qui s'était attardé à l'auberge. Ils l'ont assommé à coups de barre de bois. Ils l’ont tué, ils l'ont dépouillé, ils l'ont déshabillé et il se dit qu'ils sont allés jeter le cadavre dans un ravin et qu'on n’a retrouvé que quelques os, plusieurs années plus tard », raconte Dominique Béguin.
Une auberge toujours accessible
Avant d’être une auberge à la réputation sordide, cette auberge de Peyrebeille était un simple refuge : “En 1776, il est dit que c'est une modeste cabane de planches, mais qui a sauvé la vie d'innombrables voyageurs s'ils ont eu le bonheur de réussir à arriver. Quelques décennies plus tard, Pierre Martin et son épouse ont racheté le fonds de commerce et ont construit l'auberge de pierres. C'était un lourd investissement, il fallait bien l'amortir », plaisante Dominique Béguin. Cette auberge a fait beaucoup parler, a inspiré des réalisateurs, a nourri l'imaginaire collectif et se trouve maintenant au bord d'une nationale. On peut toujours y dormir, mais sans risque cette fois, même si les hivers sont encore très rudes.