Depuis le début du mois d'octobre, Stéphanie Langin a dû fermer son restaurant situé à Yssingeaux, en Haute-Loire. Malgré ses nombreuses annonces sur les réseaux sociaux et à Pôle emploi, elle n'a toujours pas pu retrouver de salariés.
L’hôtellerie-restauration manque de personnel et la crise sanitaire n’a pas arrangé cette situation. Stéphanie Langin est bien placée pour le savoir. Elle possède un restaurant à Yssingeaux, en Haute-Loire, et après le départ de son personnel, elle a dû fermer son restaurant au début du mois d’octobre. « Le cuisinier était plutôt saisonnier donc la saison terminée ça ne l’intéressait pas forcément de rester plus. Quant aux serveuses, je jonglais avec deux personnes pendant l’été. Il y en a une qui ne veut pas se faire vacciner pour des raisons personnelles et la deuxième a déménagé trop loin », raconte la restauratrice.
Des comportements qui ont changé
Depuis, elle n’a reçu que trois candidatures malgré toutes les annonces publiées sur les réseaux sociaux et à Pôle emploi. « On est entre l’offre et la demande. On a une demande qui est extrêmement forte de la part des restaurateurs, et de l’autre côté, on a des personnes qui profitent pour jouer sur les salaires. Ça peut se comprendre, mais là, on n’est plus dans le travail passion. C’est dommage de voir ça », évoque la restauratrice. Une situation qui existait déjà avant la pandémie mondiale, et selon elle, les comportements ont changé. « Ça a été exacerbé avec la crise sanitaire et le premier confinement où le fait de se retrouver en famille, c’est agréable. Du coup, on a plus envie d’un lundi-vendredi soir plutôt que de ne voir sa famille que le dimanche. Ça a eu un effet aggravant ». Stéphanie Langin propose donc à ses futurs salariés de leur donner deux jours de repos consécutifs et elle n'ouvrirait pas le restaurant les mardis et mercredis soir.
Revalorisation des salaires, 13e mois et un week-end par mois
On peut proposer beaucoup de choses, mais faut-il avoir les moyens. Ici, en Haute-Loire, 84 % des établissements sont de 0 à 4 salariés.
Revoir le système, la profession en a justement discuté. L'UMIH, l'Union des Métiers des Industries Hôtelières, proposait de revaloriser les salaires entre 6 et 8,5 %, de donner un 13e mois et un week-end de repos chaque mois. Des propositions qui ne font pas l'unanimité, notamment chez les petits restaurateurs. « On peut proposer beaucoup de choses, mais encore faut-il en avoir les moyens. Ici, en Haute-Loire, 84 % des établissements sont de 0 à 4 salariés. Il faut donc imaginer ce qu’est une TPE (très petite en entreprise) », explique Jean-Luc Dolléans, hôtelier-restaurateur et président Chambre de Commerce et d'Industrie.
Pour lui, la solution est ailleurs : « Il y a une question de la revalorisation de la fonction. Quand on rentre dans un établissement, il faut savoir ce qu’on va y faire, le bien-être que l’on va y trouver, l’échange que l’on va pouvoir avoir avec ses clients. Par exemple un serveur ce n’est pas seulement un porteur d’assiettes, ça doit être un acteur dans sa salle ».
Après la crise, ils sont nombreux dans le secteur à avoir décidé de changer de voie : selon l'UMIH, il y aurait eu 110 000 reconversions pour le secteur de l’hôtellerie-restauration, depuis mars 2020 et le premier confinement. Cela représente 10 % du total des salariés du secteur.
Mi-novembre, des discussions entre les différents syndicats de patrons du secteur vont débuter pour s'accorder sur les propositions.