Début décembre, huit chiots ont été retrouvés abandonnés près des poubelles, à Yssingeaux, en Haute-Loire. Des abandons de plus en plus fréquents, comme le déplore la SPA de Haute-Loire.
Un geste d’une grande lâcheté. A Yssingeaux, en Haute-Loire, huit chiots ont été abandonnés, comme de vulgaires déchets ménagers, mercredi 1er décembre. Ils doivent leur salut à des promeneurs qui passaient par là, alertés par leur propre chien.
Christophe Fayard, responsable de la SPA de Haute-Loire, à Polignac, raconte : « Des promeneurs ont découvert 8 chiots, près d’un container de poubelle. Ils n’avaient pas 4 semaines. Ce sont des Border Collie. On n’a pas de structure pour les animaux qui ne sont pas sevrés, donc on a fait marcher notre réseau de familles d’accueil. On a pu dispatcher toute la portée à droite et à gauche. Heureusement, ça ne nous arrive pas toujours d’avoir des animaux non sevrés ». Auprès de ces familles d’accueil, les chiots ont pu trouver un peu de réconfort. Christophe Fayard indique : « Les chiens seront adoptés définitivement une fois qu’ils auront suivi un protocole vaccinal et une identification. Il faut bien attendre entre 8 et 10 semaines pour faire les premiers vaccins. Pour l’instant, ils sont au chaud, à prendre des biberons ».
Un refuge saturé
A Polignac, le refuge de la SPA est saturé. Ces huit petites boules de poil ont pu trouver des familles d’accueil mais le responsable de la SPA de Haute-Loire dépeint une situation difficile : « Cela n’a pas été simple de trouver des familles. Mais on a un réseau sur lequel on peut compter. Il ne faut pas trop que ça devienne une habitude car on n’aura plus de solution. Si les gens continuent à abandonner des chiots ou des chatons, on va saturer les structures, ce qui est déjà notre cas aujourd’hui. Avec le COVID, on peut dépasser nos quotas d’animaux mais pour les chats, notre capacité d’accueil est de 30 et on en a actuellement 58. Pour les chiens, notre capacité d’accueil est de 65 et on en a 78. Heureusement, on a une tolérance des services vétérinaires. Mais il va falloir que cela se calme, car qui dit plus d’animaux, dit plus de frais, notamment vétérinaires ».
Un afflux d'animaux constant
Le responsable de la SPA constate une multiplication des abandons. Une situation qui l’inquiète : « Il nous arrive souvent de trouver des chiots abandonnés mais heureusement, dans la plupart des cas, ils sont sevrés. On a une pièce dédiée pour accueillir tous ces petits chiots. Il y a 2 mois en arrière, on a trouvé 10 chiots Braque, puis 2 autres Bergers allemands, et on a aussi récupéré 3 chiots maltraités. Tous ceux-là ont pu être pris en charge par la structure car ils étaient sevrés et ils mangeaient tout seuls. Mais pour les 8 chiots Border Collie, il a fallu trouver des gens pour faire le relai de la maman. On a une recrudescence d’abandons de chiots. De juin à septembre, on avait un afflux d’abandons mais maintenant, c’est toute l’année ».
Des chiens abandonnés près d'une poubelle, un cas malheureusement pas isolé. Pour preuve, la SPA a proposé récemment à l'adoption 6 des 10 chiots qui eux aussi avaient été trouvés dans une poubelle, en octobre dernier.
"La France est championne d’Europe de l’abandon"
Christophe Fayard avance plusieurs explications : « Je pense qu’on a peut-être le retour boomerang du COVID. Pendant cette période, un chien était utile car avec l’attestation, on pouvait sortir malgré le confinement. Pour les chiots, une nouvelle loi vient d’être votée mais ne sera effective qu’en 2024. Toute personne qui veut vendre un animal devra se mettre en règle avec la loi. Peut-être que cela fait peur aux gens, et que les chiots n’apparaissent plus sur Internet et sont finalement abandonnés dans la nature. Plus rien ne m’étonne au niveau de l’humain. La France est championne d’Europe de l’abandon, avec 100 000 animaux abandonnés l’année dernière ».
Des poursuites possibles
Il rappelle que l’abandon d’un chat ou d’un chien n’est pas un geste anodin : « L’abandon d’un animal est passible de poursuites. On peut risquer jusqu’à 3 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Le problème est que ce n’est jamais mis en application, donc tout le monde fait ce qu’il veut, abandonne, maltraite ».
Une période sensible
Avec l’entrée dans la période de Noël, la SPA de Haute-Loire n’est jamais très sereine. Christophe Fayard confie : « On redoute cette période car on a beaucoup de chiots. Le cadeau de Noël c’est très bien, mais en général, il revient au mois de juillet. Quand il faut partir en vacances, il n’y a plus de solution pour son animal. On ne cautionne pas l’idée du chien cadeau. On n’est pas fan du tout ». Le responsable de la SPA de Haute-Loire insiste sur la nécessité de la stérilisation : « Il faut stériliser les animaux femelles, chats ou chiens. Car après, il y a une surpopulation. Ensuite la France va devenir comme l’Australie, où, pour éradiquer les chats, on a été obligés de faire des choses pas très recommandables. J’espère que cela ne se fera jamais chez nous, de mettre des boulettes empoisonnées ». Avec ce réflexe, de nombreux abandons et mauvais traitements sont ainsi évités.