Si la Haute-Loire est un département réputé pour ses sources en abondance, cette année fait exception pour cause de sècheresse. A Yssingeaux, les habitants d'un hameau s'inquiètent du tarissement de leurs sources et demandent à être raccordés au réseau communal.
Près d’Yssingeaux (Haute-Loire), un hameau a subi de plein fouet la sécheresse. Il n’est pas raccordé au réseau d’eau communal, alors il faut faire attention à sa consommation. Après des mois de rationnement, Mr Décot, habitant du village, peut enfin arroser son potager. Il se félicite : « C’est le forage qui nous a vraiment sauvés, on peut le dire ! » Il a en effet réalisé un forage sur son terrain : c'est l’ultime solution qu'il a trouvée, à ses frais, alors que sa source a expiré depuis 8 mois environ : « C'est terminé, plus une goutte… C'est fini ». L'eau du forage est stockée dans un réservoir de 800 litres.
Des sources qui s'épuisent
Ces dernières années, le retraité a vu s'amenuiser la ressource venue des Sucs, ces pics montagneux habituellement généreux en eau : « La solution c’est de se raccorder au réseau d’eau potable mais, à cause de la longueur du chemin, c’est très cher. La mairie ne peut pas engager des travaux à hauteur de 180 000 euros. Il n’y a pas que moi qui suis dans ce cas. Les autres maisons, à 400 mètres plus bas, c’est la même chose. » En attendant, Olivier Décot a posé des jalons. Dans cette maison familiale, on a toujours utilisé l’eau de la source : « Je disais depuis plusieurs années à mon épouse que la source allait tarir un jour et qu’il fallait trouver une solution. » Un forage coûte entre 12 et 15 000 euros.
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L'inquiétude des habitants
Pour les voisins aussi c'est la débrouille. Christian Chaniac n'avait jamais vu sa source aussi faible depuis 22 ans. Cette année, il scrute sa cuve avec inquiétude : « Des fois, quand je vais au boulot, je prends de l’eau au cimetière pour la faire chauffer. Il y a des voisins qui n’en ont déjà plus et ça va être mon tour bientôt. Je n’ai pas les moyens de faire de forages. Soit on me met l’eau de la ville, soit on me laisse me débrouiller. Les maisons ne vaudront plus rien. Plus ça va, moins la source donne d’eau. » Plus haut, un jeune couple utilise un puits, avec une quantité d’eau limitée par rapport à ses besoins. Ils font des économies d’eau. « Ce serait le bonheur d’avoir l’eau du réseau », regrette Christian Chaniac, qui ne peut ni louer ni vendre sa maison à cause des problèmes d’eau.
"On ne peut pas faire l’économie d’apporter l’eau à tous les gens d’Yssingeaux"
Les habitants du hameau demandent un raccordement communal d'autant plus urgent que les sècheresses sont plus fréquentes. « Pour moi, l’eau est un bien qui appartient à tous. Tout le monde devrait avoir accès au réseau d’eau. Maintenant, on regarde la ruralité d’un autre œil. Nous sommes des personnes qui coûtons de l’argent à la commune. Ça devient difficile et on est amenés, très souvent, à se débrouiller par nous-mêmes. On ne peut pas faire l’économie d’apporter l’eau à tous les gens d’Yssingeaux et on ne peut pas imaginer qu’en 2022, tout le monde n’ait pas d’eau potable chez soi », s’indigne Olivier Décot. Contactée par téléphone, la mairie d'Yssingeaux ne compte pas raccorder ces maisons, trop éloignées du réseau. Elle dit réfléchir au cas par cas pour soutenir le débit des sources affaiblies.