Lundi 28 mars, le Peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix a secouru un skieur coincé au fond d'une crevasse. Une opération risquée à cause d'un risque d'éboulement de la glace. Un secours qui illustre les mauvaises conditions de ce printemps dans le massif du Mont-Blanc.
Ces derniers jours, le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix a multiplié les survols du massif du Mont-Blanc pour secourir des alpinistes et des skieurs piégés par les mauvaises conditions. La vague de chaleur printanière de la seconde moitié du mois de mars a, en effet, fait fondre une bonne partie du manteau neigeux en altitude. Sur les glaciers, les crevasses s'ouvrent sous les spatules des skieurs de randonnée. Un piège souvent invisible, qui surprend même les alpinistes les plus expérimentés.
"On a un mois d'avance sur les conditions qu'on a normalement à cette saison. Il y a eu une météo quasi-estivale ces dernières semaines. Cela dit, même si la neige fond en montagne, les conditions ne sont pas encore estivales", confie Bertrand Host, le patron du PGHM de Chamonix. Selon lui, il y a à la fois des randonneurs chaussés de simples baskets qui se retrouvent coincés sur des névés très glissants en début de journée, et des skieurs qui font face aux crevasses.
Lundi 28 mars, l’unité de secours en montagne a ainsi été sollicitée pour une chute en crevasse d’un skieur alpiniste sur le glacier de la Jonction, sous le refuge des Grands Mulets. Il s’agit d’une zone particulièrement crevassée qui est assez fréquentée au printemps, car c'est un itinéraire direct pour rejoindre le sommet du Mont-Blanc. "Si la saison du Mont-Blanc hivernal débute traditionnellement à cette période, les conditions ne sont pas encore au rendez-vous cette année", indique le PGHM de Chamonix, qui raconte le déroulé de cette opération sur sa page Facebook.
"Descendre dans la crevasse signifie clairement s'exposer à un grave péril"
Sur le terrain, de nombreuses skieurs-alpinistes y vont quand même. Et des accidents se produisent. Comme ce skieur qui a vu un pont de neige s'effondrer à son passage sur la voie de la Jonction. Localisé au fond d’une crevasse sous un amas de blocs fait de glace et de roche, la victime était à peine visible lors de l'arrivée des secouristes. Seule sa tête dépassait d'un amas de blocs de roche et de glace. Le PGHM raconte le dilemme qui s'est présenté ensuite. "Descendre dans la crevasse signifie clairement s'exposer à un grave péril. Un cas de conscience énorme se pose à l'équipe d'intervention. Faut-il y aller ? Une décision collégiale est prise. Celle d’y aller mais de minimiser le nombre de gendarmes secouristes présents au fond de la crevasse pour déblayer et arrimer les blocs rocheux".
Finalement, les gendarmes du PGHM arrivent à sortir le skieur en parvenant à le dégager d'un dernier bloc aux alentours de 18h40. "C'était une opération très spéciale, car il y a eu un niveau d'engagement hors-norme. Les secouristes sont intervenus sur une zone crevassée avec des blocs de glace qui menaçaient de s'effondrer sur eux à n'importe quel moment. Quand vous restez 3-4 heures dans cette situation, vous prenez de gros risques. C'était sur le fil du rasoir", conclut Bertrand Host, qui salue le courage de ses troupes.