Alors que la Haute-Savoie est en déficit d’enseignants, des lauréats au concours de professeur des écoles domiciliés dans le département ont été nommés à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux. Une douzaine de Haut-Savoyards sont concernés et certains sont même obligés de renoncer à ce métier, comme Agathe.
A 42 ans, le rêve d’Agathe s’effondre. Après un an de révisions et de travail intensif, cette lauréate au concours de professeur des écoles renonce à sa reconversion professionnelle en raison de son affectation. "C’est difficile de devoir refuser un poste car il est très loin" confie-t-elle à France 3 Alpes.
Vivre à 200 kilomètres de sa classe d'affectation
Comme cette mère de famille haut-savoyarde, tous ceux qui ne sont pas passés par un master d’enseignement vivent une année rythmée entre formation et travail avec les élèves. Agathe a été nommée en Isère : son domicile se situe à 200 kilomètres de sa classe d’affectation et à plus de 180 kilomètres de son école d’apprentissage. "Quand je suis allée là-bas pour passer les oraux, j’ai presque mis 4 heures 30 avec les embouteillages" explique la lauréate.
Il faudrait que je parte de chez moi tous les matins à quatre heures.
Agathe, lauréate au concours de professeur des écoles,à France 3 Alpes.
"C’est peu réalisable" regrette Agathe. De son côté, Philip Domergue, co-secrétaire départemental du syndicat SNUipp-FSU explique la situation : selon lui, le problème est administratif.
"Totalement aberrant"
Une douzaine de Haut-Savoyards n’ont pas pu être affectés dans leur département faute de place dans l’institut chargé de les former, à Annecy. "L’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education, ndlr) qui est l’école de formation des maîtres, n’a pas prévu assez de places en Haute-Savoie pour les accueillir tous (…) ce qui est totalement aberrant car d’un autre côté, certains sont recrutés alors qu’ils n’ont pas besoin de cette formation et qu’ils sont obligés de venir en Haute-Savoie depuis l’Isère alors qu’ils ne le souhaitent pas" précise le syndicaliste.
Une absurdité selon lui, alors que la Haute-Savoie est en déficit d’enseignants. Contacté par France 3 Alpes, le rectorat de l’académie de Grenoble n’a pas répondu à nos sollicitations.