Des baskets en laine, peaux de bananes et petit lait : comment les marques de sport tentent de se passer du plastique

Face à la demande des consommateurs, les marques de sport réfléchissent à des alternatives pour se passer des matières plastiques, notamment les déchets organiques inexploités. Mais avant de changer de modèle, les industriels se heurtent à des questions de performance et de disponibilité des produits.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le vêtement technique de sport peut-il s'exonérer des matières à base de pétrole ? C'est ce qu'espèrent les concepteurs qui créent des maillots de bain en laine ou des baskets en petit lait et fruit. Une gageure pour les marques de sport, confrontées aux impératifs de solidité et sécurité.

La sensibilité croissante des consommateurs fait écho aux réglementations françaises et européennes qui sévissent sur les matériaux dangereux pour la santé humaine ou polluants, à l'image de la récente interdiction de certains PFAS dans le textile.

Mais selon différentes marques interrogées, difficile de trouver du tissu biosourcé, c'est-à-dire issu de matières organiques renouvelables d'origine végétale ou animale. "On galère" vu la disponibilité des matériaux, affirme sans ambages Manon Varvat, ingénieure de la marque de chaussons d'escalade 9A Climbing.

Valoriser des déchets organiques

Elle se dit ravie d'avoir intégré le projet Explorations des Alpes, initié par l'association qui fédère les marques de sport en plein air Outdoor Sports Valley (OSV), basée en Haute-Savoie. Son but est d'identifier des déchets organiques pour les transformer en innovations textiles.

Car les Alpes regorgent de kilos de laine de mouton non valorisés, de coupes de plantes invasives, de petit lait issu des fromageries voire, plus exotique, de peaux de bananes de la cantine de l'école primaire d'Annecy, s'amuse Marie Blauwart, spécialiste des matériaux chez Salomon, marque participant au projet.

Le Farto, coopérative de producteurs située à Thônes (Haute-Savoie), doit ainsi débourser chaque semaine 1 200 euros pour se débarrasser, transport et traitement inclus, des plus de 5 000 litres de petit lait - le liquide qui reste après la coagulation du lait dans la fabrication fromagère - produits quotidiennement, chiffre Morgane Josserand, de cette coopérative de fromagers. Un budget important pour éliminer un produit qui pourrait être valorisé.

Comme par exemple dans un prototype de baskets incluant aussi laine, plantes invasives et fruits, montré par Marie Blauwart, une structure brute avec un dessus de chaussure lisse ressemblant à du liège.

Les matières plastiques "remplaçables"

"En termes de quantités disponibles, on ne trouvera rien de comparable" aux matières plastiques, concède Baptiste Arribe, qui a cofondé The New Materialist, l'agence de designers en biomatériaux qui chapeaute le projet Explorations des Alpes. Mais "en termes de performances, elles sont remplaçables", assure-t-il.

La laine, notamment, est plébiscitée par le monde du sport. Damien Pommeret, de l'organisation The Woolmark Company, en vante la recyclabilité : elle représente moins de 1 % des matières utilisées dans le monde, mais 5 % des textiles recyclés.

La laine mérinos a également convaincu Giuseppe Musciacchio, le directeur général adjoint d'Arena : certains maillots de bain de cette marque sont composés à 60 % de cette matière naturelle.

Les combinaisons d'Arena dans les compétitions officielles bientôt intégralement en matières organiques ? Giuseppe Musciacchio nuance : "Les fibres synthétiques ont de meilleures performances, la solution réside dans le mélange", répond-il à l'AFP.

Secret industriel

Les marques de sport ont "habitué" le consommateur à ce qu'il y ait de plus en plus de technique, explique la directrice générale d'OSV Céline Brunel à l'AFP.

Elles conçoivent leurs produits pour des athlètes mais aussi des militaires (montres, tentes, vestes, etc.), donc il faut trouver "des éléments recyclés ou biosourcés" qui offrent les mêmes qualités techniques que les fibres synthétiques, relève-t-elle. Mais le secret industriel pose problème.

"Aujourd'hui, on ne connaît pas la recette de la gomme" que 9A Climbing utilise dans ses chaussons d'escalade, explique Manon Varvat. L'entreprise italienne qui la fournit ne la transmet pas. Or, "c'est compliqué de retrouver les mêmes propriétés si on ne connaît pas la composition" initiale, explique-t-elle.

C'est pourquoi les trouvailles d'Explorations des Alpes ont vocation à être en innovation ouverte, avec plusieurs entreprises partenaires qui collaborent, explique Sylvain Merlin, designer chez Salomon. "On veut changer le modèle", dit-il.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information