Les salariés d'Alpine Aluminium se sont mobilisés ce mardi en Haute-Savoie. La production est à l'arrêt, les salariés au chômage technique et l'entreprise en redressement judiciaire depuis plusieurs semaines. Sans l'intervention d'un repreneur, ils pourraient perdre leur emploi.
Le rassemblement avait un air de manifestation de la dernière chance. La centaine de salariés d'Alpine Aluminium s'est réunie devant les grilles de l'usine à Cran-Gevrier (Haute-Savoie) mardi 8 octobre pour alerter sur leur situation. Placée en redressement judiciaire depuis le 1er août, l'entreprise a jusqu'au 18 octobre pour trouver un repreneur faute de quoi l'ensemble des emplois seraient menacés.
"On a quelques pistes, des gens qui viennent visiter, mais on n'a pas d'offre et ce qu'il nous faut, c'est une vraie offre, estime Jean-Luc Benacchio, délégué syndical CFDT de l'entreprise spécialisée dans transformation de l'aluminium. Aujourd'hui on a des clients, mais il nous manque une enveloppe pour investir sur nos outils."
Quand les salariés ont repris l'usine sous forme de Société coopérative et participative (Scop) il y a 4 ans, les retards d'investissement s'accumulaient. Ce manque n'a jamais été comblé et l'entreprise le paie aujourd'hui. "Le montant des investissements à faire sur les 5 prochaines années a été évalué à 10 millions d'euros. Et sur ces 10 millions, il y a au moins 5 ou 6 millions qui sont des rattrapages d'investissement qui n'ont pas été faits par les actionnaires précédents", résume le PDG d'Alpine Aluminium Grégoire Hamel.
Incidents en série
A cela s'ajoute une série d'incidents sur l'année 2019 : un incendie en février, puis l'explosion du four en juillet qui ont conduit au redressement judiciaire le 1er août. Quelques jours plus tard, un drame se produit avec la mort accidentelle d'un intérimaire, provoquant la mise sous scellé de l'usine.
Depuis, c'est l'arrêt de la production et le chômage technique. Pour rassurer les investisseurs, le PDG de l'entreprise et les élus travaillent ensemble. Une rencontre est prévue à Bercy le 15 octobre pour évoquer le sort de l'usine haut-savoyarde. "On attend du délégué interministériel qu'il prenne bien la mesure de notre dossier. Il faut qu'il réalise que les investisseurs trouvent que le rattrapage d'investissement est très lourd à porter, et l'idée c'est de voir dans quelle mesure l'Etat peut soutenir une candidature d'un industriel", explique Grégoire Hamel.
En tout, une trentaine de repreneurs potentiels ont montré leur intérêt pour cette entreprise, car l'aluminium reste une filière en croissance. Reste maintenant à connaître les garanties et l'accompagnement que l'Etat pourra leur proposer.