Le repreneur d'entreprises en difficulté Frank Supplisson a été mis en examen pour "abus de biens sociaux" dans le cadre de la reprise du groupe sidérurgique Ascométal en 2014. A Annecy, il avait déjà été poursuivi par d’anciens salariés d’Alpine Aluminium "pour fraude à la loi".
Suite à sa garde à vue, Frank Supplisson a été mis en examen pour "abus de bien sociaux". Placé sous contrôle judiciaire, le haut fonctionnaire, âgé de 48 ans, a été également mis en examen pour "blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée", "faux et usage de faux en écriture privée", "escroquerie au jugement en bande organisée" a précisé le parquet de Nantererre, confirmant une information de Mediapart.
[#Enquête] Le «serial-repreneur» d’entreprises #FrankSupplisson rattrapé par la justice | par @AnttonRouget https://t.co/7GldCbQbsW
— Mediapart (@Mediapart) April 29, 2021
Confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscale (OCLCIFF), une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2015 sur les conditions de la reprise d'Ascométal, dont le siège est en Lorraine.
L'échec lorrain
Un an avant, en 2014, associé à des investisseurs français et européens sous la houlette du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, Frank Supplisson avait repris le groupe sidérurgique, ancienne filiale d'Usinor qui avait été placée en redressement judiciaire.
Mais cet ancien de Polytechnique et de l'ENA, ancien directeur de cabinet du ministre de l'Industrie de 2010 à 2012 n'était pas parvenu à faire rebondir le fabricant français d'aciers spéciaux notamment pour l'industrie automobile, et avait dû quitter le projet.
Placé à nouveau en redressement judiciaire fin 2017, le groupe avait été repris par le Suisse Schmolz + Bickenbach et emploie désormais environ 1200 salariés.
Depuis, Frank Supplisson a continué de reprendre des entreprises en difficulté, essentiellement dans la métallurgie. Parmi les sites qu'il a repris figurent l'usine sidérurgique Akers France de Thionville (Ascoforge), l'usine Altifort SMFI de Tarbes (Tarbes Industry), deux anciennes usines d'ArcelorMittal (Montataire Industry et Gandrange Industry) mais aussi l'usine Alpine Aluminium d'Annecy.
L’échec annécien
Placée en redressement judiciaire le 1er août 2019, l'usine haut-savoyarde avait été reprise quatre mois plus tard par Frank Supplisson via la société Samfi Invest & Industry. Ancien conseiller, entre autres, de Nicolas Sarkozy, il s'était alors engagé devant le tribunal de commerce à reprendre 49 des 85 salariés et à relancer l'activité de l'entreprise. Mais un an plus tard, aucune activité n’avait repris.
En 2020, l’entrepreneur aurait alors signé un accord financier avec une trentaine d’ex-salariés afin de les licencier pour faute grave. Ces licenciements économiques, déguisés en licenciement disciplinaires, ont conduit huit ex-salariés à poursuivre leur ancien patron devant les prud'hommes pour "fraude à la loi".