Thomas Krief a troqué les skis contre une visseuse pour créer des tableaux en relief. A 27 ans, le jeune retraité des halfpipes décline son freestyle désormais dans des toiles. Rencontre avec un virtuose de la glisse devenu créateur d'art contemporain.
On le connaissait pour ses figures renversantes, skis aux pieds dans les halfpipes du monde entier. On le découvre à présent, dans son atelier de Saint-Félix en Haute-Savoie, penché sur des visages qu'il sculpte avec des milliers de vis.
Thomas Krief, c'est le freestyle, des pieds à la tête.
"J'ai toujours aimé le design, j'ai toujours aimé l'art en tant que fan d'art contemporain. Et j'ai toujours eu dans un coin de ma tête plein d'idées mais je ne savais pas comment les mettre en oeuvre."
Pendant vingt ans, Thomas Krief a fait briller la France en ski freestyle.
Sélectionné aux JO de Sotchi, puis finaliste des JO de Pyeongchang en 2018, il a décroché l'argent lors des X Games de Tignes (2012) et fut médaillé de bronze aux championnats du monde d'Oslo (2013).
Donner un coup de vis à sa carrière
Lorsqu'il a annoncé sa retraite internationale, il y a un an, personne n'imaginait qu'il allait donner un coup de vis à sa carrière."Je sens que mon bonheur est ailleurs et c’est pour cela que c’est le bon moment pour moi d’arrêter. Il est temps pour moi d’ouvrir une nouvelle page et de voir ce que la vie à d’autre à m’offrir", confiait-il alors sur les réseaux sociaux.
"J'ai toujours bien caché mon jeu parce que même des gens très proches ne s'y attendaient pas, personne n'aurait pu le prédire", raconte Thomas.
On m’a dit que j’avais le droit de sortir pour faire les courses ou pour aller travailler... ? #thomaskriefart
Publiée par Thomas Krief sur Dimanche 8 novembre 2020
Entre Street Art et Pop Art
En un an, le jeune retraité n'a pas chômé. Déjà une trentaine d'oeuvres créées et des milliers de vis, patiemment alignées."En général, c'est en vissant que je décide de la hauteur des vis. Ce que je fais le plus souvent, c'est que j'alterne une haute et une basse. Cela donne un effet que j'aime bien avec des reflets différents. Quand on regarde l'oeuvre de côté, elle est un peu plus abstraite".
Côté influences, Thomas Krief, autodidacte, se revendique du Street Art pour les fonds sur lesquels il tagge, et du Pop Art pour ses portraits.
Sa "Skullpture" n'est d'ailleurs pas sans rappeler For the Love of God, l'oeuvre iconique de l'artiste contemporain Damien Hirst.
"Vivre de ses passions, c'est incroyable"
Reste à se faire une place dans le monde tout aussi compétitif de l'art contemporain. L'ancien skieur professionnel rêve de vivre de son "deuxième" art.
"Vivre de sa passion, c'est incroyable. C'était incroyable avec le ski, mais des gens qui vivent de deux passions différentes dans une vie, je pense qu'il n'y en a pas beaucoup donc je suis conscient de la chance que j'ai et je vais tout faire pour la saisir et aller le plus loin possible dans cette nouvelle vie", conclut-il.