Sécurité, emploi... Municipales à Annemasse : Christian Dupessey a-t-il tenu ses promesses ?

A la veille des élections municipales, France 3 Alpes dresse un bilan du dernier mandat de Christian Dupessey (DVG) à la tête d'Annemasse. Transports, emploi, sécurité : voici ce qu'il faut savoir avant de passer aux urnes.

Annemasse restera-t-elle une exception haut-savoyarde ? Cette commune historiquement de gauche est entre les mains de Christian Dupessey (DVG) depuis 2008, alors que le reste du département est fortement ancré à droite. Et le maire sortant a annoncé être candidat aux élections municipales de 2020, briguant un troisième mandat à la tête de sa métropole du Grand Genève.

Celui qui dit porter des "valeurs d'équité, de justice sociale" souhaite poursuivre sur sa lancée et concrétiser les projets entamés lors de ses deux premières mandatures. Prix de l'immobilier élevés, écarts de niveaux de vie, trafic de drogue, chômage... Annemasse cumule les difficultés, mais le candidat veut en faire "la capitale française du Grand Genève". Alors, quel est le bilan de son dernier mandat ? France 3 Alpes fait le point.

 

Les transports en bonne marche


Dans une ville où la moitié de la population active travaille à Genève, la question des transports est un enjeu clé. Elle a d'ailleurs été l'une des priorités de Christian Dupessey lors de ses deux premiers mandats. Et les choses ont bougé, notamment depuis la mise en service du Léman Express en fin d'année 2019.

Ce premier RER transfrontalier relie Annemasse à Genève, facilitant grandement les déplacement des travailleurs, bien que l'installation ait rencontré son lot de problèmes. Depuis son lancement, le Léman Express cumule annulations et retards à répétition. Une situation telle que la région Auvergne-Rhône-Alpes a tenu un comité de suivi pour évaluer les dysfonctionnements.
 
Malgré tout, les transports en commun ont connu un important essor au sein de l'agglomération. Une nouvelle gare a été inaugurée pour accueillir le Léman Express. Le trafic ferroviaire a explosé, le nombre de trains passant de 80 à 270 par jour.

Un tramway reliant Annemasse a Genève a aussi vu le jour en novembre 2019, 60 ans après sa disparition. "Le Grand Genève va vivre avec ce tram et c'est aussi la preuve que quand on se met ensemble, quand on est partenaires, on peut arriver à réaliser des infrastructures de cette importance", s'enthousiasmait Christian Dupessey, parlant d'une installation "encore plus importante que le Léman Express".
 
En plus de développer les transports en commun, le maire sortant a abaissé la vitesse à 30 km/h dans une vingtaine de rues du centre-ville pour limiter le nombre de voitures. Une décision qui a suscité le mécontentement de certains automobilistes alors que ce secteur est souvent saturé aux heures de pointe. "Je crois qu'on est en train d'imaginer une autre manière de vivre la ville au travers des nouvelles mobilités qui arrivent", répondait l'édile dans une vidéo du Dauphiné Libéré. Pour lui, il s'agit d'"apaiser le centre-ville", "sécuriser" le secteur et "réduire la pollution".

Le projet du maire socialiste consistant à développer les transports de manière "durable pour répondre notamment aux enjeux de déplacements et de réchauffement climatique" a donc été suivi.

 

Des projets pour l'emploi et la formation universitaire


La couleur politique d'Annemasse n'est pas la seule variable qui fait d'elle une exception en Haute-Savoie. Contrairement à ses voisines, la ville compte un taux de chômage important (20,4% chez les 15-64 ans en 2016 au sens du recensement). Bien que ce chiffre reste en-dessous de la moyenne nationale, il est deux fois plus élevé qu'à l'échelle départementale (10,2%).

Et surtout, Annemasse est l'une des villes de France avec les plus fortes disparités de revenus : une partie de la population travaillant à Genève profite d'un niveau de vie élevé tandis que des milliers d'habitants gagnent moins de 1 400 euros par mois. Le tout dans une métropole frontalière où les prix de l'immobilier sont difficilement accessibles aux plus faibles revenus. 

Pour redresser la barre, le candidat Dupessey faisait figurer l'ouverture de la gare Ceva et "son quartier créateur d'emploi" dans son programme de 2014. Objectif atteint avec l'inauguration du Léman Express et le lancement des travaux de la zone d'activité de l'Etoile : un quartier de 19 hectares autour de la gare d'Annemasse. Au total, ce projet représente une enveloppe de plusieurs dizaines de millions d’euros prise en charge par Annemasse Agglo et les communes d'Ambilly, Annemasse et Ville-la-Grand.

Des logements et des sièges d'entreprises vont s'y implanter pour "répondre à la forte croissance économique et démographique du territoire". L'achèvement des travaux est prévue pour 2031, mais les premiers bâtiments ont déjà été livrés en fin d'année dernière. Cette zone d'activité hébergera aussi un pôle universitaire dans une ville qui peine à attirer les étudiants.
 

"De nombreux étudiants vont à l’université de Genève ou dans les hautes écoles supérieures, y compris des Français qui ont du mal à se loger, à Annemasse c’est entre 15 % et 20 % des bacheliers qui vont ensuite à Genève", déclarait Christian Dupessey au Messager en octobre.


Mais tous ces projets s'inscrivent dans un temps long. Pour cette année, le maire d'Annemasse estime à 1 300 le nombre d'étudiants résidant dans la commune. Il prévoit de l'augmenter de 10% d'ici à 2022-2023 et vise donc les 2 000 étudiants, notamment grâce à l'ouverture de nouvelles formation et la construction de logements étudiants. Le projet est donc en marche mais impossible de dresser un bilan chiffré pour ce dernier mandat, faute de recul.

 

Délinquance et trafic de drogue au centre des préoccupations


Au carrefour de la France et de la Suisse, la deuxième ville de Haute-Savoie cumule les handicaps en matière de sécurité. Le trafic de drogue y transite pour irriguer le pays et l'insécurité y est importante. Annemasse a surtout connu une flambée de la criminalité ces dernières années. Près de 2100 faits y ont été constatés en 2016, en hausse de 21% par rapport à l'année précédente. Des chiffres qui se traduisent surtout par une hausse des cambriolages, des vols avec violence et des vols de voiture et deux-roues.

"Annemasse est comme un port dont Genève serait la mer", déclarait Eric Minchella, adjoint au maire chargé de la Tranquillité publique au journal suisse Le Temps, estimant que sa ville est victime de son succès. Annemasse avait été placée en zone de sécurité prioritaire en 2012. Une victoire pour Christian Dupessey, déjà maire à l'époque.

La police a ainsi vu ses effectifs croître de 140 agents et une brigade franco-suisse a été créée. Mais force est de constater que le problème demeure. Alors en 2014, le maire socialiste promettait une série de mesures pour "assurer la tranquillité publique" : un nouveau commissariat et deux lieux supplémentaires vidéoprotégés.

Annoncé pour 2019, le chantier du nouveau commissariat a pris du retard. Le bâtiment où travailleront environ 200 policiers doit être livré dans le courant de l'année. "Le fait qu’il y ait ce nouvel hôtel de police pourra être une motivation à venir dans notre ville pour les policiers", espérait Christian Dupessey auprès du Dauphiné Libéré lors du démarrage des travaux alors que l'actuel commissariat est en sous-effectif, tous les postes n'étant pas pourvus.

Après un pic en 2017, l'insécurité est à la baisse. La ville a même connu un premier semestre 2019 historiquement calme avec 2 686 faits constatés, les forces de l'ordre n'avaient pas connu des chiffres aussi bas depuis 2008. La lutte contre le trafic de drogue reste une priorité pour les forces de l'ordre alors que des trafiquants, souvent originaires d'Europe de l'est, comparaissent chaque semaine devant le tribunal de Thonon-les-Bains.

 
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