Les pluies abondantes qui sont tombées sur les Alpes, depuis dimanche 26 janvier, ont causé des dommages au parc haut-savoyard des "Aigles du Léman". Un des 350 rapaces est mort noyé dans l'inondation de son abri et une partie de la plus grande volière d'aigles au monde a été défoncée par un tronc d'arbre.
"Avec le recul, on s'en tire plutôt pas mal. Ça aurait pu être bien pire". Malgré la fatigue du branle-bas de combat décrété dès le lever du jour, mardi 28 janvier, Jacques-Olivier Travers, le fauconnier et fondateur du parc "Les Aigles du Léman" situé à Sciez (Haute-Savoie), respire un peu mieux à présent que l'alerte est passée.
Seule la perte d'un oiseau, un serpentaire, est à déplorer : "Il était au sol lorsque sa volière a été envahie par les eaux de la rivière voisine. Au total, c'est un cinquième du parc qui a été touché dont une dizaine de volières."
Une grande volière défoncée par un arbre
Par chance, le pic de l'inondation, estimé entre 60 à 70 cm dans les volières, ne s'est heureusement pas déclaré en pleine nuit, mais au petit matin. La dizaine de soigneurs et autres employés étaient de retour sur le parc pour venir au secours des bêtes.
Il a alors fallu agir vite : se mettre à l'eau pour sauver de la noyade une bonne dizaine d'oiseaux. Dont ceux de la "Lagune" : 6 000 mètres carrés d'une volière qui préserve les espèces de la faune méditerranéenne les plus spectaculaires comme des vautours percnoptères, des faucons laniers, ou encore des milans. Le refuge a été, en partie, défoncé par un tronc d'arbre charrié par les eaux de la rivière en crue.
"Depuis 30 ans que le parc existe, on n'avait jamais vu la rivière voisine sortir de son lit à ce point-là. On a déjà eu 15 à 20 centimètres d'eau dans les volières. Mais 60 à 70... jamais", observe Jacques-Olivier Travers.
Des craintes pour la reproduction de 30 à 50 spécimens
C'est donc au grand déménagement d'une bonne dizaine d'oiseaux qu'il a fallu se résoudre : "Ils sont comme les humains, et n'aiment pas spécialement se retrouver en dehors de chez eux, privés de leurs repères, de leurs habitudes", précise le fauconnier.
Ce désagrément passager s'accompagne d'une certaine inquiétude alors que la période de reproduction pour les 80 espèces du parc va bientôt battre son plein : "On se bat toute l'année pour mettre nos oiseaux dans les meilleures conditions pour leur reproduction. Elle concerne environ 30 à 50 oiseaux chaque année. Et tous appartiennent à des espèces menacées de disparition. Le pic de reproduction se situant fin février, on a donc que 15 jours à trois semaines pour les reloger chez eux."
Après l'évacuation d'urgence de ce début de semaine, reste donc à attendre que la décrue des eaux fasse son œuvre pour nettoyer, réparer la grande volière endommagée et les éléments de décors noyés ou en partie détruits.
Pas de risque pour la réouverture de printemps
Pas de quoi, malgré tout, être pessimiste quant à la réouverture du parc. "D'ici le week-end du 19 avril, on a encore le temps de voir venir", estime le directeur des "Aigles du Léman".
Optimiste dans la tempête, Jacques-Olivier Travers l'est d'autant plus après les nombreux témoignages de soutien et propositions d'aide qui se sont multipliés dès la nouvelle de l'inondation connue : "Dès mardi soir, les messages ont afflué. Même si, par commodité, on a préféré se débrouiller seuls, on a vraiment apprécié cet élan de solidarité des Haut-Savoyards."