Comment réagit le corps humain à des altitudes élevées ? C'est l'objet de l'étude menée par une fondation italienne. Elle a installé, à l'arrivée et au départ du téléphérique menant à la pointe Helbronner, (Italie), deux stations biométriques. Ces stations recueillent les données morphologiques et cardiaques de plus de 5 000 touristes depuis 2019 : de quoi en apprendre davantage sur le "mal des montagnes".

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"Ça va Madame" ? interroge une employée de la Sky Way Monte Bianco, le téléphérique ultramoderne installé en 2015 sur la face italienne du Mont Blanc. Cette dame est visiblement essoufflée, un peu blanche, cette touriste ne semble pas au mieux de sa forme. Alors les employés lui proposent un passage devant la station biométrique installée juste à l’arrivée de la benne. 

Cibler le mal des montagnes

Pas de souci de compréhension car le robot est polyglotte. Doté d'un écran tactile, il va permettre à n'importe quel voyageur ayant accompli la montée, entre le départ du téléphérique à 1300 mètres et son arrivée à 3466 mètres, de mesurer sa pression artérielle, sa fréquence cardiaque et son indice de saturation d'oxygène dans le sang. La taille, le poids et l’IMC (indice de masse corporelle) devront également être renseignés.  

"Depuis l'installation de la première station en 2019, nous avons déjà analysé les données (anonymes. NDLR) de plus de 5000 personnes", explique le professeur Piergiuseppe Agostoni, directeur du département cardiologie critique et réadaptation du centre Monzino de Milan. "Cela nous permet déjà de mieux comprendre comment le corps humain s'adapte à l'altitude. Surtout après un voyage aussi rapide".

Les femmes et les jeunes supportent mieux la montée

La Sky Way Monte Bianco, avec ses 20 minutes de voyage panoramique (ses cabines tournent sur elles-mêmes en montant.), joue le rôle d'un accélérateur à mutation du corps humain : "Nous avons découvert par exemple, que les femmes et les jeunes, les personnes maigres supportent généralement mieux la montée. En revanche, il nous reste beaucoup de choses à découvrir sur la façon dont les organismes des diabétiques, des hypertendus, ou des personnes sous traitement médicamenteux réagissent," ajoute le professeur.

20 ans de recherches, des Alpes aux Andes et même jusqu’à l'Everest

Ces questions sont au centre de l'attention des chercheurs italiens depuis plus de 20 ans. En effet, ils testent et enquêtent jusque dans les Andes ou sur l'Everest, afin de mieux comprendre les réactions du corps humain lorsqu'il est soumis à de hautes altitudes. L’objectif final : arriver à prévoir le risque spécifique encouru par chaque individu de développer les troubles du fameux "mal des montagnes".

"La grande facilité d'utilisation permise par les moyens de transport moderne, et dans des temps toujours plus brefs, permet à tout le monde -de la personne en bonne santé au malade du cœur, du jeune à la personne âgée...- d'accéder à la haute altitude," explique encore le cardiologue, avant d’ajouter. "On se retrouve ainsi à avoir d'un côté, moins d'oxygène à disposition, et de l'autre des personnes qui ont des capacités réduites pour l'utiliser. Il faut donc bien évaluer le potentiel de chacun à résister aux effets cardiovasculaires notamment de la haute montagne... et pour suivre de plus près certains sujets à risques ".

Il faut monter par paliers pour laisser le temps au corps de s’adapter.

Piergiuseppe Agostoni, directeur du département cardiologie

Dans l'attente d'avancées ultérieures sur le mal des montagnes, les chercheurs se bornent à rappeler quelques conseils de bon sens pour pallier la plus ou moins grande rapidité d'adaptation de son organisme à la raréfaction de l'oxygène au-dessus de 2000 mètres. "La première des choses à faire, en cas de tachycardie, de maux de têtes ou de souffle court, c'est de redescendre ", explique pour sa part Massimo Mapelli, un autre chercheur de l'Université de Milan. "Le mal des montagnes aigu reste, malgré tout rare. C'est une réponse normale du corps au manque d'oxygène qui passe généralement après quelques minutes".
"En ce qui concerne les troubles graves du cerveau ou de l'appareil respiratoire, ils surviennent généralement après une nuit passée en haute altitude", complète Piergiuseppe Agostoni. "Je dirais que dans ces cas-là, il faut suivre le bon vieux dicton des alpinistes : escalader vers le haut, mais dormir en bas... C'est-à-dire, monter par paliers pour laisser le temps au corps de s'adapter".

Un vieil adage à méditer pour les adeptes de la montagne "fast-food" qui décident de s'aventurer sur ces toits du monde, qui restent tout de même les points les plus bas des cieux ... les 210 millilitres d'oxygène nécessaires à la respiration humaine se font bien rares.

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