Le site de Transpolis dans l’Ain va accueillir le projet eRoadMontBlanc, qui a pour but de développer des routes capables de recharger des camions électriques. Avec une deuxième étape de production prévue sur la RN25, près de Chamonix, d’ici à 2026-2027.
Et si dans quelques années les routes étaient capables de recharger les camions électriques ? C’est l'ambition du projet eRoadMontBlanc développé par ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc), l’université Gustave Eiffel, Alstom, Pronergy et Greenmot.
Le but est de créer une route électrifiée par conduction au sol. Concrètement : utiliser le même procédé que pour certains tramways (celui de Bordeaux, par exemple) en équipant les autoroutes de pistes d’alimentation électriques insérées dans la chaussée. Un bras articulé, installé sous les camions, viendrait alors s’encastrer sur une sorte de rail, positionné au milieu de la chaussée, afin de recharger leurs batteries sans avoir besoin de s’arrêter.
Décarboner le transport de marchandise
"L’idée, c'est de pouvoir diminuer la taille des batteries des gros transporteurs de marchandises électriques. Avec l’enjeu principal de décarboner les routes, car un tiers des émissions en France viennent du transport routier", résume Philippe Bonanaud, chef du projet eRoadMontBlanc à l’université Gustave Eiffel. Avec cette technologie, les camions électriques pourraient alors couvrir de grandes distances sans avoir besoin d’immenses batteries ou s’arrêter tous les 400 km pour recharger les véhicules.
Après un long moment en laboratoire, le projet va être testé à plus grande échelle au cours de l’année 2025. Il sera installé sur la plateforme Transpolis dans l’Ain qui permet des essais et des expérimentations dans le domaine de la mobilité intelligente et décarbonée. Quelque 400 mètres de piste vont donc être développés pour mettre le projet à l'épreuve et vérifier sa viabilité.
Horizon 2030 ?
Si les résultats sont concluants, la deuxième étape doit se dérouler entre 2026 et 2027. Le but serait alors d’équiper en partie une véritable route. La RN25 près de Chamonix a alors été choisie, et 1 km de piste devrait être installé dans les prochaines années.
Une innovation qui a aussi un coût : plus de 20 millions d’euros pour le projet final. Au-delà des routes, ce sont les camions eux-mêmes qui doivent être équipés de bras articulés pour un montant estimé à 10 000 euros par véhicule.
L’objectif de ce projet, financé notamment dans le cadre de France 2030 et par l’Union européenne, est d’équiper une grande partie des autoroutes françaises. "On travaille sur l’optimisation de ce développement afin de permettre aux camions d’être rechargés seulement sur une partie du trajet", détaille Philippe Bonanaud. Dans quelques années, 80 % du parc autoroutier français pourrait être équipé de cette technologie novatrice.