Les entorses du genou, plaie des skieurs et sujet des chercheurs de l'Université Savoie-Mont-Blanc

Il en est des spectaculaires comme celle de la Suissesse Lara Gut lors des Mondiaux à Saint-Moritz en février. Chaque année en France, 40.000 skieurs sont victimes d'une entorse du genou, blessure devenue objet de recherche scientifique.

Selon les données épidémiologiques de l'Association des médecins de montagne (AMM), 150.000 personnes se blessent chaque année parmi les 8 millions d'usagers des pistes, dont 80% en ski alpin. Et la blessure qui arrive dans plus d'un tiers des cas (34%) est l'entorse du genou.

L'université Savoie-Mont-Blanc se penche sur la question 


Quand le réglage des fixations des skis est en cause sur "un tiers des entorses", d'après Médecins de montagne, cela méritait de se pencher dessus: c'est ce que fait le Laboratoire inter-universitaire de la biologie de la motricité de l'Université Savoie Mont-Blanc (USMB), en partenariat avec l'équipementier Salomon et la Fédération française de ski (FFS).

Depuis trois ans, une équipe emmenée par Frédérique Hintzy, chercheuse en biomécanique, travaille sur un capteur capable de mesurer la cinétique, en 3D, des appuis en ski alpin, pour "comprendre le mouvement du skieur en fonction de la pente, de sa trajectoire, de son niveau, etc.".

Un capteur à 100 000 euros pièce 


Ce capteur, inséré entre la chaussure de ski et la fixation, sur les parties antérieure et postérieure, est actuellement testé par des champions et des championnes de l'équipe de France de ski. A 100.000 euros pièce, il fallait des cobayes expérimentés. Les données récoltées serviront, outre la recherche fondamentale, à des applications concrètes.

Mesurer ce qui se passe permettra d'aider à un meilleur déclenchement des fixations


Actuellement, les loueurs de matériel règlent les fixations de ski en se fiant à un tableau de normes ISO, calculées en laboratoire et sur des mannequins. Donc "sans connaître réellement les contraintes qui s'appliquent, notamment au niveau du genou", souligne Mme Hintzy.

"Peut-être que la force est de 120 newtons, donc ça ne vaut peut-être pas la peine de serrer à 300 newtons mais à 125", explique la chercheuse. "Mesurer ce qui se passe permettra d'aider à un meilleur déclenchement des fixations."

la femme n'est pas simplement plus légère et plus rose mais elle a une façon de skier différente

Cela pourrait aussi permettre d'adapter le matériel proposé aux hommes ou aux femmes. Ces dernières sont plus sujettes aux entorses du genou - la moitié de leurs pathologies au ski - pour des raisons morphologiques et physiologiques. 

Les fabricants ont "tendance à faire des skis de femmes qui sont des skis d'hommes avec moins de matière et puis on les fait... roses", relève Frédérique Hintzy en souriant.

"Nos études permettront de s'apercevoir que la femme n'est pas simplement plus légère et plus rose mais qu'elle a une façon de skier différente qui mériterait que l'on fasse autre chose dans ses skis", insiste cet ancienne monitrice, ajoutant que "c'est pareil pour les enfants qui ne sont pas juste des adultes en plus petit".

Quand les équipementiers "vont inventer un nouveau ski, ils vont pouvoir le tester" avec le capteur et "on aura des informations sur le dérapage", poursuit Mme Hintzy, "cela peut aider à la fabrication". D'où le partenariat avec Salomon.

Quant à la Fédération, elle y voit une manière d'affiner l'entrainement de ses athlètes en ayant une base de données. "On va pouvoir mesurer le champion du monde et tous les autres, voir les différences de force, les pics de force, les différences d'appuis", détaille-telle. Pour ensuite modifier la préparation physique et améliorer le geste technique de chacun.


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