"Le pardon est difficile à accorder", 25 ans après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, la plaie des familles se referme peu à peu

25 ans après le drame, ce dimanche 24 mars, une cérémonie d'hommage se tient des deux côtés du tunnel. En 1999, un incendie avait ravagé l'ouvrage du Mont-Blanc causant la mort de 39 personnes.

La date est ancrée à vie pour l'ensemble d'une vallée et pour de nombreuses familles. Le 24 mars 1999, vers 11 heures, un incendie s'était déclaré dans le tunnel du Mont-Blanc piégeant ainsi des dizaines de véhicules et des centaines de passagers.

Pendant plus de cinquante heures, les flammes ont sévi dans le tube reliant la France à l'Italie. À l'extinction du feu, le bilan humain était lourd. 39 morts et de nombreux blessés. 25 ans plus tard, l'émotion reste vive et les commémorations demeurent pour refermer une plaie qui a encore du mal à cicatriser.

De la fumée d'un camion aux flammes dévorant tout un tunnel

En cette matinée du 24 mars 1999, un camion frigorifique transportant une cargaison de farine et de margarine en provenance de Belgique empruntait le tube pour relier la France à l'Italie. Mais quelques minutes plus tard, de la fumée s'échappant du tracteur a attiré l'attention du chauffeur. Il s'est arrêté au niveau du garage 21 à environ sept kilomètres de l'entrée.

"Il y a eu de la fumée. Je me suis arrêté. Je suis descendu. J'ai voulu prendre l'extincteur et le camion a pris feu !" justifiait Gilbert Degrave, quelques moments après le drame. Contraint d'abandonner son camion en feu, le chauffeur a rejoint la plateforme italienne. Mais derrière lui, il a laissé un véhicule en proie aux flammes qui se sont répandues rapidement à la structure du tunnel.

Toutes les voitures, engouffrées derrière le poids lourd s'étaient retrouvées bloquées. Aucune galerie de secours pour s'échapper. La seule solution envisageable restait d'abandonner son véhicule et de s'engloutir dans l'un des 36 refuges du tunnel équipés d'un système de suppression d'air pour repousser les fumées toxiques pendant une ou deux heures.

Un pompier périt dans l'incendie

Côté français, l'alerte était donnée, mais les pompiers ont fait rapidement face à un immense brasier. Sous une chaleur écrasante, jusqu'à 1 200 degrés sous la voûte du tunnel, une lutte intense a commencé contre des fumées très épaisses.

Une première équipe s'est engagé dans le tube mais se retrouve vite prise au piège dans les fumées. Les sapeurs-pompiers ont dû même être secourus par une seconde colonne du centre de secours de Chamonix. À sa tête, le capitaine Christian Comte, a mené ses hommes dans un conduit situé sous la route. 

"J'ai trouvé la première équipe, prostrée sur une bouche d'aération, ayant mis leur cuir sur la tête pour essayer de faire un volume d'air acceptable afin de respirer." témoignait à l'époque le capitaine Comte. Plusieurs pompiers étaient blessés au cours de l'incendie. Et l'un d'entre eux, l'adjudant-chef Georges Tosello était la première victime de ce drame.

Par la suite, les victimes civiles ont défilé tout au long de l'identification des corps. Au total, 39 personnes ont péri dans l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, laissant derrière elles des familles détruites. L'incendie était enfin maîtrisé le 27 mars au matin après plus de 50 heures de lutte acharnée.

Des défaillances techniques en raison de la vétusté de l'ouvrage

L'enquête révélera plusieurs dysfonctionnements matériels. La vétusté de l'ouvrage a notamment été pointée du doigt avec des défaillances du système de ventilation. À l’issue du procès ouvert en 2005, plusieurs responsables du tunnel ont été condamnés tout comme le chauffeur du camion belge.

Lors de cette tragédie, Marie-Ange Chantelot a perdu sa mère, sa petite sœur et son beau-frère. Après avoir passé une semaine de vacances chez elle aux Houches, la petite famille a repris la route et s'est retrouvée coincée dans le tunnel.

"Ma sœur devait aller essayer sa robe de mariée. Ils sont partis après le petit-déjeuner et comme il faisait beau, ils ont traîné une petite heure au soleil. C'est cette heure qui les a tués !" confie la présidente de l'association des familles des victimes.

Malgré cette pointe de fatalité, Marie-Ange Chatuzelot n'oublie pas les manquements et la responsabilité des gestionnaires de l'ouvrage. "Le pardon est difficile à accorder par rapport à l'organisation du tunnel de l'époque. Il y avait des choses qui auraient dû être faites et qui ne l'ont pas été."

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