Les Alpes sont le château d'eau de l'Europe. Réserve si gigantesque et si haute qu'on pourrait la croire intouchable. Sauf qu'elle ne l'est pas. C'est tout le propos du film de Dorothée Adam. Pendant plus d'un an, la réalisatrice a suivi des scientifiques, plongeurs et alpinistes. Du sommet du Mont Blanc aux vallées, ils traquent la pollution. Et l'on découvre que c'est tout le cycle de l'eau qui est aujourd'hui menacé.
Il y a des particules plastiques sur le toit de l'Europe. Elles sont microscopiques, pas plus épaisses qu'un cheveu et sont arrivées à 4807 m d'altitude par les airs. C'est, depuis peu, confirmé par une équipe de scientifiques. Et c'est une très mauvaise nouvelle qui pose la question de la qualité de l'eau sur l'entièreté de son cycle. Car c'est du massif des Alpes que provient 40% de l'eau douce en Europe. Des dizaines de millions d'européens sont concernés.
Une eau qui ne serait donc plus si douce. En cause, le réchauffement climatique et son dérèglement induit par les activités humaines. Les scientifiques, alpinistes et plongeurs suivis par Dorothée Adam, réalisatrice du documentaire, traquent les traces les plus infimes de pollution. Des prélèvements sont effectués sur le sommet du Mont Blanc, dans les lacs d'altitude en France, en Suisse en Italie et dans les rivières. Le constat est toujours le même : la pollution distribuée via l'atmosphère est partout sur terre et nous en sommes responsables.
'On continue de sous-estimer l'impact de l'homme
Jean-Baptiste Bosson, glaciologue
" On a l'impression que dans les hautes montagnes, en altitude on est dans des lieux de haute naturalité. Ce n'est pas le cas. On retrouve des plastiques, des traces d'essais nucléaires, de plomb, d'essence. Je pense que l'on continue de sous-estimer l'impact de l'homme" dit le glaciologue Jean-Baptiste Bosson.
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La chaîne des Alpes agit comme un immense réservoir qui régule notre approvisionnement en eau. En hiver sous forme liquide ou solide, elle est stockée dans les glaciers, les lacs, et le sol des Alpes. A partir du printemps, libérée progressivement lors de la fonte des glaces et des neiges elle vient alimenter de nombreux fleuves en aval quand l’homme et la nature en ont le plus besoin. C’est ce que l’on appelle le cycle de l’eau. Et c’est lui qui nous permet de vivre.
Il y a urgence environnementale.
Nicolas Alban, directeur de l'Agence de l'eau
"L'eau va du ciel à la mer, de la mer au ciel en passant par les sous-sols. Elle passe donc par toutes les altitudes. La traque de la pollution est indispensable. Il y a urgence environnementale. D'autant plus que la production de plastique a été multipliée par sept en 40 ans" explique Nicolas Alban, directeur de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Tous les prélèvements sont étudiés à l'Université de Savoie-Mont Blanc. Les analyses durent près d'un an, le temps d'éliminer les matières organiques. Et les analyses confirment, comme le précise le chercheur Daniel Gateuille : " Il y a des particules plastiques dans tous les échantillons prélevés du sommet du Mont Blanc aux vallées. Des petites concentrations certes mais aujourd'hui personne ne connait la durée de vie de ces plastiques, donc les temps de contamination et de décontamination."
Rappeler la vulnérabilité de l'eau
Dorothée Adam, réalisatrice
Dorothée Adam, la réalisatrice du documentaire rappelle que : " L'eau est le grand enjeu du XXIème siècle. Aujourd'hui dans le monde, plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et cinq millions meurent de maladies liées à la mauvaise qualité de l'eau. On pense que chez nous, ça n'arrivera pas et pourtant... J'ai fait ce film pour alerter, pour rappeler la vulnérabilité de l'eau et de notre environnement."
Revoir le documentaire
>> " L'or bleu des Alpes, un bien menacé" de Dorothée Adam. Une coproduction france3 Auvergne-Rhône-Alpes/Lucien télévision et Sécoya Film Production.
