"La Chrysalide" de Laura Lardeux est un film d'amour, un hymne à la vie même quand elle vous plante un couteau dans le dos. C'est l'histoire d'un cheminement vers la résilience porté par quatre inséparables de la Clusaz. Des amis d'enfance qui entament leurs vies d'adultes sous le regard miroir de la réalisatrice. Un film intimiste aussi beau qu'émouvant.
C'est un film d'amour. Celui d'une sœur pour son frère. C'est un film d'amitié entre quatre mômes de la Clusaz. Et c'est l'histoire d'une renaissance et de multiples envols. Mais pour qu'il y ait renaissance, il faut qu'il y ait mort.
La mort, c'est celle de la mère de Thomas et Laura. Il a 15 ans. Elle en a 25 et a promis de veiller sur son petit frère. Ce qu'elle va faire. Jusqu’à s'oublier, jusqu'à mettre son chagrin et sa colère en sourdine. Pour être près de Thomas, Laura abandonne outre-atlantique, ses études de cinéma et sa carrière débutante de réalisatrice.
De retour à la Clusaz, dans ce village station qui les a vus grandir, elle va reprendre le rôle de leur mère disparue. Et la seule façon pour Laura de tenir le coup, c'est de filmer.
Pendant cinq ans, Laura va filmer Thomas et ses amis Yanis, Jade et Marion. Thomas et son rêve d'acteur, Yanis et son projet de brasserie, Jade qui hésite entre une carrière de skieuse professionnelle et le tatouage et Marion qui veut intégrer l'armée. Les amis d'enfance de son frère toujours présents pour lui. La réalisatrice va s'appuyer sur eux pour accompagner Thomas et pour s'accompagner aussi : "Je me suis nourrie de leur énergie, de leur amitié et de leur sens des responsabilités."
Quand je rencontre Laura dans une salle de montage à france3 à Lyon, elle a 80 heures d'images pour un film de 52 minutes. C'est une jeune femme un peu submergée que je découvre. Julien le chef monteur et moi comprenons très rapidement qu'elle a mis toutes ses tripes dans ce film. Il va falloir faire des choix, cornéliens parfois.
80 heures à filmer la vie d'adultes en devenir, à filmer la Clusaz et les Aravis, ces montagnes qui les protègent autant qu'elles leur cachent l'horizon. 80 heures tournées au fil des mois, des ans et des saisons. Le temps que chacun, chacune, Laura incluse, grandisse et s'envole vers son destin.
Et c'est un film tout en finesse et en poésie, porté à la première personne par la voix de la réalisatrice, qui sort du montage.
"La chrysalide" ce sont 52 minutes de grâce, d'émotions et de questionnements de grands ados : dois-je rester à la Clusaz où j'ai tous mes repères ? Vais-je trouver le courage d'en partir ? Quel avenir pour moi ? Celui dont je rêve ou celui qui va satisfaire mes parents ? Ces quatre-là ont choisi de vivre leurs vies. Thomas est à Lille où il brille sur les planches, Yanis est resté à la Clusaz où il a ouvert une brasserie avec son père, Jade est tatoueuse à la Clusaz et ne skie plus que pour le plaisir. Quant à Marion elle poursuit ses études à Lyon. Ses allergies alimentaires lui ont fermé les portes de l'armée.
Laura ? Elle va bien. Elle a cessé de s'oublier, est redevenue une grande sœur pour Thomas et poursuit, dans sa montagne, ses projets d'écriture de films.
Tous sont sortis de cet état intermédiaire qu'est la chrysalide avec l'envie chevillée au corps et au cœur de vivre leur vie plutôt que de la rêver.
"La chrysalide" de Laura Lardeux, une coproduction France Télévisions/O2B à découvrir le jeudi 14 décembre à 22H50 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes dans la case documentaire la France en vrai.
Le film est disponible sur la plateforme france.tv