Parti d'Annecy mercredi matin, un convoi de 11 camionnettes et minibus est arrivé à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine ce jeudi 3 mars en fin de journée. Entre stress et satisfaction du devoir accompli, les Annéciens ont déchargé leur marchandise à 500 mètres de la frontière.
Le soleil se couche sur la frontière entre la Pologne et l'Ukraine ce jeudi 3 mars, à 1 900 kilomètres d'Annecy. Le froid est vif, mais le ciel teinté de rose est magnifique. Au sol, l'ambiance est toute autre. Des dizaines de camions déchargent leurs cargaisons. Les poids lourds convergent, là, de toute l'Europe pour apporter des vivres et des biens de première nécessité à la population ukrainienne qui subit l'invasion de l'armée russe. "Il y a beaucoup d'indépendants comme nous. On a croisé un couple venu du Danemark. Il y a beaucoup de camions qui viennent d'Espagne, d'Italie, de France aussi. On a discuté avec des gens venus de la Loire", raconte François Stefanaggi, un restaurateur annécien venu à bord de l'une des 11 camionnettes du convoi. Les utilitaires transportaient chacun jusqu'à 1,5 tonne de denrées alimentaires collectées à Annecy en début de semaine.
À un jet de pierre de la frontière, ce sont des Ukrainiens qui sont venus récupérer la cargaison haut-savoyarde avec un semi-remorque. "On est dans une sorte de décharge à transporter nos cartons dans leur camion. Nous, on n'ira pas plus loin. Les Ukrainiens sont stressés de devoir charger pendant une heure. Mais ils sont aussi très contents de voir tout ce qu'on a ramené dans nos utilitaires", explique François Stefanaggi, qui tient l'établissement le Vinistrot à Annecy.
"Il y a beaucoup de solidarité à l'intérieur du convoi"
Une fois le semi-remorque chargé, le chauffeur ukrainien va conduire jusqu'à une ville polonaise où la cargaison sera à nouveau divisée en plusieurs petits camions. Puis, ces derniers partiront enfin en Ukraine. "Le chauffeur nous a dit que les Ukrainiens faisaient ça, car un semi-remorque est une cible facile pour les Russes. Ils tireraient dessus".
Les camions ukrainiens iront jusque dans l'est du pays où font rage les combats les plus terribles. "Le chauffeur nous a montré des photos de villes de l'est de l'Ukraine. Il y a des hôpitaux et des écoles qui sont complètement détruits", soupire François Stefanaggi.
Sitôt leur cargaison déchargée, les Annéciens vont reprendre la route pour commencer le chemin du retour. "On va revenir dans le centre de la Pologne ce soir pour dormir au Club alpin polonais. Depuis le début, le Club alpin d'Annecy nous soutient et nous aide à organiser ce convoi". Après le stress de l'opération à la frontière, la vingtaine de volontaires annéciens qui tient le volant des 11 camionnettes et minibus va pouvoir souffler un peu. "Il y a beaucoup de solidarité à l'intérieur du convoi. Les gens ne se connaissaient pas avant de partir d'Annecy."