A l'approche de l'été, les randonnées dans le massif alpin vont commencer à se multiplier. Les touristes risquent alors de croiser dans les alpages des patous, ces chiens qui protègent les troupeaux. Pour que cette cohabitation se passe au mieux, les professionnels du tourisme mais aussi les élus de Haute-Savoie se forment aux bons comportements à avoir, afin qu’ils puissent eux-mêmes sensibiliser les touristes.
« Là on se rapproche, donc la pression monte car on est générateur de la perturbation », explique Antoine Rouillon, qui peine à se faire entendre à cause des aboiements de chiens de troupeau.
Directeur de la Société d'économie alpestre de la Haute-Savoie, il organise une formation destinée aux professionnels du tourisme, aux élus mais aussi aux gendarmes.
Dans un alpage situé à Cordon, cette mise en situation au milieu des patous vise à apprendre les bons gestes et les bonnes réactions afin d’éviter toute morsure. « On va accepter qu’ils viennent nous sentir, même à quelques centimètres seulement, conseille-t-il. On va présenter plutôt le profil de notre corps et dès que le chien baisse la pression, qu’il diminue ses aboiements, alors là on va voir que le chien a compris qu’on avait saisi son travail. Et à ce moment-là, on va pouvoir s’éloigner tout doucement du troupeau et c’est comme ça que dans la majorité des cas ça va bien se passer ».
L’objectif de cette formation : informer les acteurs du territoire alpin pour qu’ils puissent ensuite retransmettre cette information aux touristes. "Le fait d’être immergé dans le parc avec les animaux, on arrive à comprendre la réaction du chien et mais aussi celle que nous, nous devons avoir. Et on pourra l’expliquer au mieux à tous les gens qui viendront randonner dans notre région", confirme Damien Tonnoir, conseiller en séjour à l’Office du tourisme de Saint-Gervais-les-Bains.
Un chien de protection contre les loups
Cette matinée d'échanges vise également à mieux expliquer le rôle des chiens de protection. La présence du loup s'est accentuée au cours des trois dernières années en Haute-Savoie. Face à leurs attaques, les chiens ont pour mission de défendre le troupeau. "D’un côté, on a le loup donc il faut qu’on se protège. Et de l’autre, comme on peut le voir, on est au milieu des maisons donc c’est une grosse contrainte de nuisance surtout au milieu de la nuit. Mais on aime nos animaux, donc on veut les protéger pour ne pas qu’ils se fassent attaquer", justifie Romain Piccamiglio, éleveur.
L’an dernier, 130 incidents impliquant des chiens de protection ont été signalés sur l’ensemble du massif alpin. Un chiffre que les acteurs du tourisme et du pastoralisme voudraient voir diminuer grâce à un travail de sensibilisation.