"J'ai la nausée", "le mal est fait" : députés LR et élus locaux réagissent à l'annonce d'Eric Ciotti sur une alliance avec le RN

Le président des Républicains, Eric Ciotti, s'est dit favorable à une alliance avec le Rassemblement national, ce mardi 11 juin, en vue des élections législatives du 30 juin et 7 juillet. Dans les Alpes, territoire marqué à droite, plusieurs députés LR ont désavoué ce choix.

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Le communiqué de presse est tombé en milieu d’après-midi ce mardi 11 juin, quelques heures après l’annonce d’Eric Ciotti, président du parti LR, qui s'est dit favorable à une alliance avec le RN en vue des élections législatives 2024. "Fidèle à mes valeurs, je quitte avec regret le parti politique auquel j’appartiens depuis 2005, refusant toute alliance avec les extrêmes" : dans les Alpes, Jean-Pierre Barbier est le premier à prendre une telle décision. Président du Département de l’Isère depuis 2015, l’ancien député LR n’a donc pas tergiversé.

En Savoie, son collègue Hervé Gaymard, se dit quant à lui "consterné par l’attitude du président du parti auquel j’ai appartenu, qui trahit sans vergogne les idéaux qui sont à la racine de mon engagement gaulliste".

Ces condamnations d’élus locaux, de poids lourds du parti, viennent s’ajouter à celles, déjà nombreuses, des parlementaires Les Républicains de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l’Isère.

"Il deale avec le RN pour sauver son poste"

"J’ai la nausée, quelle honte !" Vincent Rolland, par exemple, ne mâche pas ses mots. Pour le député (LR) de la Tarentaise, l’alliance avec le Rassemblement national proposée par Eric Ciotti ne passe pas. Un constat très unanimement partagé par ses collègues. "La honte, c’est qu’il préside notre parti", complète sa collègue savoyarde Emilie Bonnivard. Et l’élue de la Maurienne de développer : "Les paroles d’Eric Ciotti, qui ne sait pas se tenir dans la tempête et qui deale avec le RN pour sauver son poste, n’engagent évidemment que lui."

Des paroles "cash" et des prises de position tranchantes, assez rares chez les élus du parti de droite. C’est dire si l’annonce d’Eric Ciotti suscite l’incompréhension et la colère : "C’est inadmissible, nous nous désolidarisons totalement du président des Républicains", estime le député isérois Yannick Neuder. Une bronca menée, par les élus alpins, au nom des valeurs de leur parti : "Notre famille politique, c’est le Général De Gaulle. C’est Nicolas Sarkozy, Simone Veil et Jacques Chirac. Jamais je ne transigerai avec ce passé qui nous oblige pour construire un futur électoral hypothétique avec le RN", explique ainsi Virginie Duby-Muller, élue de Haute-Savoie.

L'inquiétude d'être assimilé

Un peu plus tôt, les sénateurs LR de toute la France avaient déjà publié un communiqué de presse commun pour fustiger cette alliance. "Le projet que porte le Rassemblement national n’est pas de nature à redresser la France, loin s’en faut. La démagogie n’a jamais permis de conduire un pays", complétait même la sénatrice savoyarde Martine Berthet.

Eric Ciotti n’a parlé que pour lui, que de lui. S’il veut partir au RN, qu’il y aille.

Christelle Petex, députée de la 3e circonscription de la Haute-Savoie.

Des prises de position fortes pour tenter de se démarquer. Voilà désormais le défi qui attend les députés LR de la région. Une clarification désormais nécessaire pour Christelle Petex, élue en Haute-Savoie : "Le mal est fait, à partir du moment où on prend la parole dans un Journal de 13 heures on sait que tous les Français écoutent. Là, les Français pourraient croire que tous les Républicains se rallient au RN. Ce n’est absolument pas le cas. Eric Ciotti n’a parlé que pour lui, que de lui. S’il veut partir au RN, qu’il y aille." 

Dans toutes les conversations, la même inquiétude : être assimilé à une prise de position qui n’engage donc, selon les Alpins, que leur président. À l’orée d'élections législatives qui s’annonçaient déjà compliquées pour la droite républicaine, voici donc un nouveau défi à relever pour les élus sortants. Le défi de trop ?

C’est ce qui transparaît dans les propos du sénateur de la Savoie, Cédric Vial. Lui a quitté les Républicains il y a sept ans de cela. Mais livre une analyse très métaphorique et très actuelle : "Cela ressemble à une tentative de suicide assisté des Républicains. Même si le pronostic vital était engagé, le traitement ainsi infligé sera probablement létal pour le parti. C’est en faisant n’importe quoi que l’on devient n’importe qui."

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